Compétitivité d’abord
La compétitivité de la France et la réindustrialisation sont remises au cœur du débat.
Avec les contributions des différents acteurs, nous devons dégager un consensus sur les sujets stratégiques : quelle politique industrielle ? Comment rétablir notre compétitivité ?
Pour aider à construire la croissance, il faut redéfinir le rôle et la valeur ajoutée de la puissance publique et l’État stratège doit, en ayant une vision internationale, travailler les sujets suivants.
• Définir sur le long terme une véritable politique industrielle et les secteurs prioritaires à privilégier ainsi que les objectifs et les moyens pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation.
• Reconstituer des filières fortes, avec quelques programmes ambitieux tout en évitant le saupoudrage des énergies et des fonds publics.
• Revisiter les grands programmes historiques qui ont fait rayonner la France (télécoms, nucléaire, aéronautique et espace, TGV, etc.), à partir des points de force et des actifs d’aujourd’hui en particulier dans l’Énergie et les Sciences de la Vie.
• Ne pas réduire les investissements d’innovation pour satisfaire à des contraintes de court terme – la faiblesse des dépenses de R&D a un impact direct sur la capacité à innover et de faire monter en gamme les produits et les services, et certains pays dits émergents ont triplé en dix ans leur effort de R&D.
• Renforcer la base nationale où se situaient des emplois de haute qualification en R&D et innovation, aujourd’hui déplacés à l’international – parfois pour de bonnes raisons d’accès à des marchés ou des compétences, parfois simplement pour transférer à des sous-traitants moins chers, entraînant une perte des savoir-faire technologiques.
• Favoriser le dialogue et le travail en équipe entre les grands groupes, porte-avions à l’international, et les ETI (entreprises de taille intermédiaire) ou les PME (petites et moyennes entreprises).
Préoccupé depuis toujours par le développement industriel de notre pays, notre camarade Jean-Louis Beffa, président d’honneur de Saint-Gobain, homme d’action et d’entreprise, a lancé un cri d’alarme dans son ouvrage récent, La France doit choisir, qu’il nous a amicalement présenté lors d’une soirée à la Maison des X. Il souligne le risque de voir la France se marginaliser dans la mondialisation accélérée et mène une analyse fouillée des types d’entreprises (mondiales ou régionales). Il compare les modèles économiques en particulier le modèle « libéral financier » anglo-saxon et le modèle commercial industriel appliqué en Allemagne, Japon, Chine, Corée du Sud, et défend le modèle « qui a réussi à créer ces entreprises qui restent aujourd’hui un élément essentiel du dispositif français au sein de la mondialisation ». Pour répondre à la question de la croissance économique de la France, il propose des pistes en matière de fiscalité, de distribution des revenus et de démocratie sociale, à décider et mettre en oeuvre de façon d’autant plus urgente qu’il faut rétablir au plus vite l’équilibre commercial qui conditionne la croissance.
À l’aube d’une nouvelle politique, il est normal que l’État prenne toutes les mesures nécessaires pour développer l’économie et en particulier l’industrie. Il est alors légitime qu’il assume la formation de ses meilleurs ingénieurs et économistes. L’X se situe exactement dans cette perspective et notre communauté doit tenir son rôle.