L’humour du Christ dans les Évangiles
“ Le Christ a‑t-il ri ? ” se demandaient doctement les protagonistes du Nom de la rose. Notre camarade ne s’encombre pas des précautions scolastiques, il se met sans aucune hésitation en quête des traces d’humour, dans une lecture “ au petit bonheur ” des Évangiles, de la Nativité à la Passion, de l’Annonciation à l’Ascension, il débusque et analyse maints lieux et moments où le sourire et le tragique, la droiture et la tendresse, le clair et l’obscur confèrent un visage au Christ, un ton à sa voix, enfin un relief, une profondeur à son message.
Certes, par son humour, le Christ évite et déjoue bien des pièges (souvent mortels) : il rappelle aussi à chacun ses responsabilités. Mais, à l’image de l’humour juif, des clairs-obscurs de Rembrandt, des réflexions de Kierkegaard ou encore des à‑propos de Rabelais et de Montaigne, ne cherche-t-il pas à offrir “ un contrepoint tragique à la condition humaine et au rapport à Dieu ” (p. 53) ? Ainsi, “ en libre désordre, en avancées irrégulières ”, “ d’esquisse en esquisse ” (p. 243), Peretti fini par se demander, par nous demander si l’humour du Christ et des Évangiles ne serait pas là pour nous aider à apprivoiser notre époque, effervescente et étourdissante, baroque et féroce.
Notre camarade reconnaît, en passant, que l’on pourrait lui “ reprocher de vouloir dénicher à toute force des preuves d’humour dans les dits et les gestes, ou même les prescriptions du Christ ” (p. 230). Mais n’est-ce pas là un moyen, se défend-il, de sortir de nos sempiternelles et monotones lectures ? Il faut donc relire la parabole du chameau et de l’aiguille, le récit de la légion de démons, à partir de l’éclairage proposé par cet ouvrage, et apprivoiser ainsi une posture de lecture, originale peut-être pour beaucoup d’entre nous, mais non dénuée de profondeur.
Peretti reconnaît avoir aimé rédiger cet essai. Et nous à le lire ? À vous de juger.