Le peuple inattendu
21 avril 2003 : ce lundi de Pâques marque le premier anniversaire d’une journée inattendue ! La réflexion sur l’événement a‑t-elle été faite, les conséquences en ont-elles été tirées ? Non. L’aveuglement règne.
“Le soir du premier tour de l’élection présidentielle, la France émergea de sa torpeur avec une bonne gueule de bois. Pourtant, le scénario avait été bien monté. Le casting prévu pour le second tour était parfait. Jacques Chirac dans le rôle de l’homme politique de droite tactique, habile, mais […] Lionel Jospin dans celui de l’homme politique de gauche sérieux, travailleur et vertueux, mais quelque peu coincé.
L’Histoire a parfois des bizarreries et, tel l’iceberg venant heurter le Titanic qu’il aurait pourtant dû savoir insubmersible, surgit soudain du brouillard électoral un acteur vraiment inattendu : le peuple. Il élimina dès le premier tour le candidat chouchou des experts et de la plupart des médias.
Depuis lors, les responsables passent outre à toute analyse de leur propre rejet par un peuple auquel ils interdisent d’exprimer une souffrance sociale accumulée en vingt ans de domination du libéralisme économique. Ils cherchent comment mieux contrôler, voire orienter les votes à l’avenir. Pire, la classe dirigeante semble chercher des substituts au peuple et à ses représentants.
Cette époque, qui retourne vers le Moyen Âge en TGV, a un caractère réactionnaire qu’il est urgent de dénoncer. ” Cette mordante dernière de couverture donne un aperçu du propos véhément et décapant des auteurs : ils ont mal à la République. Privé de toute information digne de ce nom, de toute participation à quelque véritable débat que ce soit, de tout contrôle sur les décisions qui le concernent, déshérité des valeurs d’émancipation individuelle et de responsabilité collective qu’il devrait pourtant transmettre aux nouvelles générations, que devient le “ citoyen ” ?
Mais au fait, le Peuple, qui est-ce ? C’est aussi toi, c’est aussi moi, cher (chère) Camarade. Nous sommes membres d’une communauté qui s’appelle le peuple, ce qui nous crée des droits et aussi des devoirs, y compris celui de se sentir concerné par la gestion de la Cité.
Député des Alpes-de-Haute-Provence pendant trois législatures, Président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale pendant deux ans, André Bellon a su mettre ses convictions en pratique. Président fondateur de l’association Technique et Société dont le but est de faire la synthèse entre scientifique, ingénieur, technicien et citoyen, il milite pour un statut des élus qui permette à un public plus divers en général, et en particulier à un plus grand nombre de scientifiques, d’ingénieurs, de techniciens, de chefs d’entreprise de s’impliquer dans la gestion de la Cité, en apportant à la communauté les compétences propres à leur cursus.
En collaboration avec Anne-Cécile Robert, journaliste au Monde diplomatique notre camarade André Bellon apporte un éclairage remarquable sur la vie politique de notre époque, et sur la coupure entre le peuple, seul détenteur légitime du pouvoir, et le monde politicien. Mon sentiment : à lire absolument par celles et ceux qui sont attachés aux valeurs républicaines et qui veulent que les choses bougent.