Blondel et Fils
Encore une généalogie, dira-t-on, et le titre du livre ne laisse aucun doute à ce sujet, mais celle-là, je la recommande particulièrement.
Généalogie certainement, mais d’abord histoire d’une famille et de la société de constructions mécaniques qu’elle a créée et dirigée pendant le dix-neuvième siècle et la première moitié du vingtième.
De nombreuses illustrations (178 réparties sur les 448 pages de ce très beau livre relié) révèlent des aspects de la vie de famille : propriétés, premières voitures dans les années 1900, excursions et parties de chasse. Elles détaillent aussi les fabrications très variées de l’entreprise familiale et dévoilent les mécanismes des machines qu’elle a fournies aux industries du textile et du papier, en France et dans les pays voisins.
On y trouve enfin une chronique de la municipalité de Déville-lès-Rouen, dont Albert Blondel fut conseiller municipal pendant trente-sept ans et maire à deux reprises, occasion de nombreuses anecdotes savoureuses sur les querelles et contraintes de la vie de la commune, qui ne paraissent pas démodées.
Quelques dates émaillent ce témoignage de vie familiale, industrielle et municipale : 1690, André Blondel, agriculteur près de Fécamp en Normandie ; 1770, Jean Baptiste Blondel devient maréchal-ferrant et créateur d’outils ; 1835, naissance de l’entreprise à Déville-lès-Rouen grâce à Pierre Blondel, le “ fondateur ”, exemple de réussite industrielle sous la monarchie de Juillet ; 1904, dernier mandat de maire d’Albert Blondel ; 1914, mort d’André Blondel et épreuves de la Grande Guerre ; 1929 et la grande crise ; jusqu’en 1944, lorsque Léon Blondel dut se résoudre à vendre la société.
Nous sommes tous détenteurs d’une parcelle d’histoire, soit événementielle, soit familiale, soit industrielle. Si nous ne faisons rien, tout ceci disparaîtra avec nous. Encourageons des initiatives comme celle de Paul Blondel, qui a su en plus le présenter d’une manière très vivante et en un mot, passionnante.