Les frontières de l’aube (1896 – 1931)
Paul Vecchiali est un grand cinéaste.
Certes, aucune de ses quelque trente mises en film cinéma ou télé n’a connu un succès public ou critique éclatant. Mais dans presque chacune d’elles brillent des joyaux de passion créative qui sont le coeur du coeur, l’épitomé de l’art cinématographique. Fusion de l’observation et de l’émotion, de l’introspection morale, de souvenir personnel et de la déclaration publique, de la peinture, de la musique et de la littérature, de la réalité et du rêve.
Du dialogue des gestes et des corps entre Hélène Surgère et Sonia Saviange dans Femmes, Femmes plus fort que celui des voix.
Du coup de foudre énorme du massif Nicolas Silberg au tonnerre du Requiem de Gabriel Fauré dans Corps à Cœur.
De la vitesse aiguë des regards de la caméra dans Once More.
Il serait aisé d’allonger cette liste.
Alors, il est l’égal des très grands. Ceux qu’il admire avec une ferveur qui alimente son projet d’aujourd’hui : écrire une histoire personnelle du cinéma français dont il vient de nous donner le premier tome.
Mais ce roman est aussi une biographie familiale et dans ce premier tome, antérieur à sa naissance au cinéma, naissance véritable de Vecchiali à l’âge de six ans, c’est plus de famille que de cinéma dont il parle.
Et nous voilà transportés tantôt au Mourillon avec un grand-père ouvrier de l’arsenal de Toulon au début du XXe siècle, tantôt au milieu des oliviers de Canavaggia avec des dialogues en “ corse ”.
L’écriture est nerveuse. On lit très souvent des dialogues de cinéma ou des voix off.
Mais un personnage domine : celui de Françoise Raffali, mère de Paul Vecchiali. Elle traverse tant de moments pathétiques qu’on se retrouve bientôt dans un des films de notre auteur.
“Imitation de la vie” ou imitation du cinéma. La vie n’est-elle pas aussi un mélodrame ?