Codéveloppement : vers de nouveaux partenariats
Des partenariats en émergence
En dépit, voire à cause de sa puissance financière face à un Occident en crise, la Chine semble avoir déjà assimilé le fait qu’une logique purement financière d’acquisition de sociétés étrangères serait inopérante (syndrome du « péril jaune »).
L’enjeu, pour elle, est de bâtir de véritables partenariats entre sociétés chinoises et étrangères sur des axes bien définis où la coopération est pertinente.
REPÈRES
Première économie mondiale il y a deux siècles (33 % du PNB mondial en 1820 en parité de pouvoir d’achat), la Chine devrait regagner ce premier rang mondial dès 2016, dépassant les États-Unis. En 2011, elle était devenue le premier partenaire commercial de 125 pays.
L’Union européenne est le principal partenaire commercial de la Chine, qui devrait devenir le principal partenaire commercial de l’Union dès 2013. Enfin, la formidable puissance industrielle et commerciale de la Chine la conduit à être de loin le premier importateur de matières premières et le premier détenteur mondial de devises.
Premier axe, la pénétration du marché chinois. Ainsi, le conglomérat chinois, Fosun, a pris 7 % du capital de Club Med en juin 2010 afin de faciliter son développement dans un marché chinois du tourisme en croissance très rapide.
Deuxième axe, la pénétration conjointe de marchés tiers (au premier chef, les pays émergents) : ainsi, le fonds souverain chinois, China Investment Corp, a investi 4 milliards de dollars dans GDF-Suez fin 2011, partie intégrante d’une alliance pour développer ensemble des projets énergétiques à travers le monde.
Tout reste à faire en termes de coopération en Afrique, où émerge rapidement la « Chinafrique ».
Troisième axe, la mise à niveau technologique. En particulier, des fonds franco-chinois et eurochinois seront requis pour permettre l’alliance du capital et du talent, notamment via l’apport de technologies européennes en matière d’énergies propres et d’infrastructures durables, afin que l’urbanisation chinoise se fasse dans des conditions environnementales saines.
Mondialiser les cerveaux
Malgré des problèmes managériaux et culturels, la Chine peut compter dans son internationalisation sur une population considérable de « cerveaux » formés dans les meilleures universités et entreprises de la planète : les flux annuels d’étudiants chinois à l’étranger étaient de 340 000 en 2011 et devraient atteindre 550 000 en 2014.
Alors que ces « cerveaux » biculturels restaient très majoritairement en Occident dans les années 1990, le retour en Chine d’une partie importante d’entre eux s’accélère depuis 2005 du fait de l’évolution des opportunités et coûts respectifs en Occident et en Chine, mouvement encore accentué par la crise systémique occidentale.
La Chine est déjà le deuxième pays client de la France derrière les États-Unis : il y a urgence à ce que la France soit proactive dans la mise en place de logiques de codéveloppement raisonné, en s’appuyant notamment sur les 180 polytechniciens chinois, les plus de 800 ingénieurs chinois passés par un des établissements de ParisTech et les quelques centaines d’X français sinophones.