Une vie d’influence
Une fois ouvert, il est difficile de quitter ce pavé de 69 chapitres qui sont autant de coups de projecteur brillants sur un homme politique, un événement, un organisme ou une idée.
On parcourt ainsi tous les grands problèmes d’un demi-siècle sur lesquels ce stakhanoviste a influé d’une manière ou d’une autre en dirigeant de grandes banques, en conseillant des grands patrons, des ministres, plusieurs Premiers ministres, voire sept présidents de la République, et en présidant jusqu’à vingt-trois associations.
Citons l’Institut Pasteur, la Fédération pour la recherche sur le cerveau et, bien sûr, le Conseil d’administration de l’École polytechnique.
Toutes ces activités bénévoles ne l’ont pas empêché de diriger pendant dix-sept ans la compagnie financière Edmond de Rothschild, puis de conseiller simultanément les groupes Bolloré et Lagardère et d’être membre du Collège de l’Autorité des marchés financiers.
Bernard Esambert a franchi toutes les étapes de l’ascenseur social, jusqu’à l’époque bénie dite des « 30 glorieuses », où l’industrie française a fait un gigantesque bond. C’est lui qui vulgarisera le concept de « guerre économique », avec Le Troisième Conflit mondial (Plon, 1978), suivi par La Guerre économique mondiale (Olivier Orban, 1991), allant jusqu’à vouloir transformer les X en « officiers de la guerre économique ».
Saint-Simon, le père du saint-simonisme, lointain cousin du mémorialiste, aurait aimé revivre à cet âge d’or que Bernard Esambert baptise la « République des ingénieurs », où la politique industrielle était un domaine central.
Le « témoignage d’une vie passée dans les miradors des mondes clos de la politique et de l’argent, sous le faisceau des doctrines qui ont balayé le XXe siècle, et au carrefour d’innombrables mouvements et réseaux où [l’auteur s’est] trouvé en position de beaucoup voir, beaucoup comprendre, beaucoup anticiper ».