À Paris comme à Tokyo — Promenade japonaise
Certains vous diront que la nourriture japonaise est une alimentation pour petites natures et appétits d’hirondelles. D’autres que la prolifération des sushi bars est un phénomène de mode, lié à la vogue de la diététique et au culte du corps. D’autres, enfin, s’en tireront d’une pirouette : « C’est nippon ni mauvais », et viendront rejoindre la longue liste de ceux qui parlent sans savoir.
Moi, je me suis posé des questions : une nourriture de femmelette, ces plats concoctés pour de féroces chevaliers aux moeurs aussi cruelles que raffinées ? Une mode, certes, mais le goût de l’exotisme, associé à une alimentation plus saine, est-il à blâmer et ne peut-il flatter des palais gourmets ?
Pour en avoir le coeur net, je me suis renseignée auprès de Japonais de Paris et de votre camarade Loisel, amateur expert en la matière. J’ai testé deux adresses pour vous ; j’en suis sortie comblée.
Des produits sains, des algues, des poissons et des viandes sélectionnés, travaillés avec simplicité et accompagnés des traditionnels graines, wasabi et sauces. Une nourriture, somme toute, assez médiévale. Qualité et saveur sont les maîtres mots de ces bonnes maisons.
20 heures, je remonte la rue Sainte- Anne jusque chez Michi, au numéro 58 bis. Un moment d’hésitation : suis-je à Tokyo ? Une multitude de bars à sushis, restaurants gastronomiques japonais, épiciers japonais, agences de voyages japonaises jalonnent cette rue parisienne.
Bien qu’ayant eu maintes fois l’occasion de déguster ces spécialités dans quelque restaurant à la mode, chez Michi, j’ai le sentiment d’être une béotienne.
Le cadre, d’une extrême simplicité, n’invite pas particulièrement à entrer. L’endroit est exigu. Un lucky cat salue inlassablement sur un coin du bar derrière lequel se côtoient le SushiyaSan, qui manie avec une dextérité de samouraï la lame tranchante, et la caissière, très geisha, souriante.
On déguste au comptoir, à cinq ou six, pas plus. Pour accéder aux tables, il faut descendre un escalier tortueux vers le sous-sol et une autre petite salle sans fioritures. Le restaurant est bondé, autant qu’il est possible sur une si petite surface. Sur la table, pas de nappe, une coupelle, une paire de baguettes et une trop petite serviette en papier.
Le service est rudimentaire, mais l’essentiel est là : les mets sont de qualité. Les poissons ou crustacés sont frais, sushis et sashimis, très savamment relevés, sont délicieux : 25 euros par personne, thé compris.
Au Sushi-Marché, parmi les meilleurs magnans japonais de la Capitale, l’ambiance est très différente. Dans cette cabane traditionnelle, curieux chalet en frisette vernissée, on déguste la cuisine la plus authentiquement japonaise de Paris. J’ai pioché au hasard dans un menu dominé par les idéogrammes. Agedashi, sukiyaki, tandon, un parcours gastronomique et vraiment dépaysant, sans faute. Compter une quarantaine d’euros à la carte.
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• Michi, 58 bis, rue Sainte-Anne, 75002 Paris.
• Sushi-Marché, 20, rue Mirabeau, 75016 Paris.
Commentaire
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Excellent article, très
Excellent article, très amusant. On a vraiement envie d’aller gouter à ces petits plats japonnais. Merci pour ce divertissement enrichissant