L’éthique ou le chaos ?
Mes choix personnels sont-ils capables, à leur minuscule échelle, de contribuer à l’harmonie de l’humanité ? Cette interrogation surgit, consciente, lorsque je suis en face d’une décision à contenu manifestement éthique. Elle est refoulée lorsque je décide que mon champ d’action n’appelle de ma part que des réponses techniques. Elle est présente enfin selon toute une palette de certitudes intermédiaires.
Dans cet esprit ce livre invite le lecteur à déchiffrer les différents niveaux de la réalité pour identifier l’enjeu des faits et des situations et l’usage qu’il fera alors de sa liberté. À la fois conceptuel et concret, même s’il n’est pas rédigé à la première personne – on ne peut parler d’éthique qu’en disant “ je ” – il est marqué de l’implication personnelle des deux auteurs, leurs voix étant d’ailleurs confondues dans un même texte.
À l’harmonie s’oppose le chaos. Non pas, ici, celui de l’indétermination des choses physiques, ni celui du désordre d’où peut naître l’art, mais celui qui soumet l’homme à la violence et à l’écrasement. Et donc les auteurs abordent de front, ce qui est à leur honneur, le concept de bien commun. On sait que celui-ci est au moins très controversé, avec des arguments qui valent : qui le définit ? lui assigne-t-on des frontières ? quelle place laisse-t-il à la liberté de l’autre ? Mais dans les réalités d’aujourd’hui il suffit de considérer, entre autres, l’exemple paroxystique de la Russie pour appeler à l’urgence d’une réponse de terrain.
Face aux séismes sociaux, économiques, écologiques – qui sont très précisément dans la thématique de cet ouvrage – un être-ensemble à construire n’a plus rien d’abstrait. En fait on a souvent très peu de temps pour décider et les événements pressent.
Les auteurs proposent un fil conducteur pour discerner les chemins possibles : je ne serai jamais dans le domaine de l’improvisation si j’ai anticipé, par des remises en question mutuelles de mon action et de ma vision de l’humain. De nombreux exemples, aussi bien locaux que mondiaux, puisés dans les expériences professionnelles et pédagogiques des auteurs, viennent à l’appui de cette quête.
Même si cet ouvrage se développe selon un ordonnancement qui assure la cohérence de sa recherche, le lecteur pourra en aborder le contenu par un thème qui l’interpellerait davantage. “ Perdre sa liberté dans l’abondance comme dans la pénurie ”, “ Tenir bon dans les situations extrêmes ” sont des soustitres qui peuvent y convier, quitte à faire retour sur la discussion argumentée des concepts qui leur servent de socle.
Ce livre évite tout naturellement le piège du supplément d’âme destiné à corriger les imperfections d’une société, l’éthique n’étant pas une utilité pour sauver une économie qui serait contre-productive. Au sortir d’une période où tout devait être politique, un retour à la responsabilité éthique se fait insistant. Si l’État reste un barrage indispensable contre la barbarie, je ne ferai pas l’économie de mon implication personnelle dans notre horizon élargi de l’espace – notre planète – et du temps – les générations futures.
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l’ethique n’est pas un concept
tant que nous parlerons d’éthique comme un morale amégliorée, on est pas dans l’éthique. L’ethique n’est pas un concept mais la résultante de l’integration de processus emotionnel et psychologiques qui amènent l’individu à une maturité telle que l’ethique emerge de façon naturelle. Sans cette maturité l’ethique reste une utopie. Lire « Au dela des frontières de la pensée » vous le trouvez sur goupeformationethique…