Magie du champagne : Krug
Le fondateur de la dynastie des Krug, Joseph Krug, naquit à Mayence en l’an 1800. Les archives de la famille ayant disparu en 1915 lors d’un bombardement allemand, il n’est pas facile de savoir quand il est arrivé en France.
On sait toutefois de façon certaine qu’il épousa en 1841 Miss Emma Jaunay, à l’ambassade d’Angleterre à Paris et qu’en 1843 il acquit à Reims un ensemble de bureaux et de caves destiné à abriter la firme de champagne portant son nom. Krug était né : une petite firme décidée à faire le meilleur champagne du monde.
Comme Dom Pérignon, Joseph Krug était un génie de l’assemblage. Il ne possédait pas de vignes, il achetait les vins tranquilles pour les assembler et faire son champagne. Joseph Krug pensait qu’un producteur de champagne devait se concentrer sur son métier et ne pas faire celui du vigneron, tout comme un industriel du textile ne se mêle pas d’élever des moutons.
Cette saine conception du métier leur permit de faire pendant près de cent cinquante ans un champagne délicieux, que le monde entier s’arrache, le Krug Grande Cuvée, conformément à une conception très champenoise du vin, qui fait prévaloir l’assemblage de vins provenant de diverses vignes, de divers cépages et de diverses années. Cependant, démontrant une fois de plus qu’il y a toujours une exception qui confirme la règle, les Krug ont acquis en 1971 le Clos du Mesnil.
Le Clos du Mesnil
Appelé Clos Tarin, du nom de son ancien propriétaire, par les villageois du Mesnil-sur-Oger, un village situé au centre des plus beaux villages de la Côte des Blancs, c’est en fait l’ancien Clos créé par le monastère bénédictin du Mesnil, qui a gardé la même configuration depuis 1698. Le Clos fait 1,87 hectare, presque la superficie de la Romanée-Conti.
La première décision des Krug fut de restaurer le vignoble. Leur idée de base n’était probablement pas de créer un cru, une idée très éloignée de leurs traditions, mais plutôt de commencer à acquérir des vignes de bonne qualité pour sécuriser leur approvisionnement en raisin en une période d’expansion des ventes de champagne en France et à l’étranger, où le moindre “ livreur ” qui vivait auparavant des achats de raisin par les maisons de champagne rêvait de se mettre à son compte pour faire lui-même du champagne.
Du reste, le premier millésime du Clos du Mesnil ne date que de 1979 et n’a été commercialisé qu’en 1985, soit quatorze ans après l’achat du Clos.
En tout, Krug est propriétaire de huit hectares à Aÿ et de six au Mesnil. Ces vignes sont toutes celles de grands crus classés 100 %. Depuis le début des années 80, Krug appartient au groupe Rémy-Cointreau, mais la famille reste aux commandes, Henri Krug se chargeant de la vinification et Rémi de la commercialisation.
Krug a appliqué au Clos du Mesnil ses techniques traditionnelles de vinification en petits fûts de chêne usagés de 205 litres. Il faut dire que plantée en pente douce et orientée vers le sud-est, cette vigne ne pouvait être considérée que comme formant un ensemble, notamment en raison de la précocité de ses raisins. Si vous interrogez les Krug, ils ne vous diront jamais que le Clos du Mesnil est supérieur à la Grande Cuvée, pour eux comparer ces deux champagnes, c’est tenter de comparer une symphonie à une sonate…
Le Clos du Mesnil est un vin de caractère qu’il faut savoir laisser vieillir, mais tous les champagnes de Krug sont des vins de caractère, qu’il faut attendre. Par exemple, si vous achetez aujourd’hui une Grande Cuvée, théoriquement déjà prête à boire car elle aura passé six ans dans les chais de la maison Krug avant d’être mise dans le commerce, n’hésitez pas à la laisser encore vieillir un an ou deux, si vous avez la chance de posséder une bonne cave. Le Krug Grande Cuvée représente 80 % de la production de la maison. Il existe aussi un Krug rosé (délicieux) et quelques millésimés, dont de très vieux millésimes.
Comment les boire
Comme tous les champagnes, les champagnes Krug sont de merveilleux vins d’apéritif, très agréables à boire lorsque le palais est vierge de tout goût et qu’on peut en apprécier le charme et la finesse. Leur caractère vineux en fait aussi les compagnons de beaucoup de plats. Étant donné leur qualité et leur prix, on privilégiera les accords d’exception : langoustines, turbot rôti, foie gras (en terrine ou poêlé), gibiers à plume, plats à base de morilles.
L’accord avec les fromages peut surprendre et fait l’objet de batailles d’experts, souvent intéressantes mais assez théoriques ; il faut s’en tenir à mon avis à un critère simple et tenter l’accord avec des fromages provenant lato sensu de la même région : Époisses, Maroilles, voire Brie. Ces mêmes experts se déchaînent généralement contre l’idée de servir du champagne en fin de repas, la relative acidité du vin s’accordant mal avec le sucre.
À mon avis, ce n’est pas vrai pour les très bons champagnes car leur mousse crémeuse et la finesse de leurs bulles contribuent à maintenir un climat d’euphorie et de détente bien agréable.
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Invité à un programme de neuf
Invité à un programme de neuf à la réunion, le champagne était servit avec du fromage, il n’était pas très bon ou bien le choix du fromage n’allait pas avec le champagne. Chez moi je le sers en apéritif et au dessert, je trouve qu’il s’accorde bien avec le sucré.