L’anisotropie de l’espace
Maurice Allais est un économiste mondialement apprécié, sauf dans son propre pays ce qui est un phénomène courant (c’est en France que l’on trouve nombre de gens qui croient encore que les “35 heures payées 39 ” pourraient diminuer le chômage au lieu de l’augmenter. Ajoutons qu’il n’y a bien sûr aucune solidarité à partager le travail sans partager les salaires, comme Maurice Allais l’avait déjà remarqué à propos de certains cas particuliers de la loi sur les 40 heures).
Maurice Allais est aussi un passionné de physique et son dernier livre raconte ses travaux et ses déboires face à la communauté scientifique française.
Pendant longtemps j’ai été intrigué par le trouble que je sentais chez mes interlocuteurs lors des discussions sur la gravitation : il y avait toujours quelqu’un pour citer les anomalies de la théorie et en particulier les “ expériences du pendule paraconique ”. Cependant la réaction était immanquablement vive et passionnelle, les plus qualifiés prenaient la parole pour stigmatiser “ ces expériences manquant de sérieux et dépourvues d’intérêt scientifique ”, “ ces résultats manifestement impossibles dus à des effets pervers négligés par l’expérimentateur ”, etc. Cela se terminait en général par des plaisanteries d’un goût plus ou moins douteux.
En conséquence j’avais fini par ne plus oser aborder cette question d’une part parce qu’elle ne concernait pas directement mon travail, d’autre part par peur du ridicule et en troisième lieu parce que j’avais fini par penser que tant d’hommes éminents et plus compétents que moi dans le domaine concerné ne pouvaient tous se tromper en même temps. Certains d’entre eux avaient certainement fait les vérifications nécessaires à leurs affirmations si tranchantes.
Eh bien, j’avais tort, j’avais sous-estimé la puissance du conformisme et de l’esprit de chapelle jusque dans les milieux scientifiques et je dois faire ici amende honorable. On ne peut juger valablement en ne s’informant que d’un seul côté et c’est pourquoi j’ai été prodigieusement intéressé par le tout récent livre de Monsieur Maurice Allais.
Bien entendu, comme l’auteur le reconnaît lui-même, les essais d’explications théoriques des phénomènes constatés sont sujets à caution. Bien d’autres explications pourraient en principe être proposées mais l’essentiel n’est pas là, il est dans les expériences faites et dans leurs résultats.
Il n’est vraiment pas possible de contester le sérieux et la valeur des expériences effectuées. Elles sont exposées avec clarté et précision selon un protocole expérimental rigoureux et scientifique en surveillant avec soin les différents effets pervers possibles, effets que l’on combat aussi en variant largement les conditions expérimentales.
Les corrélations observées sont d’autant plus impressionnantes qu’elles s’appuient sur des expériences de natures différentes, les unes mécaniques (oscillations du pendule paraconique), les autres optiques (visées sur mires) et ce n’est pas l’un des moindres mérites de Maurice Allais que d’avoir retrouvé ces mêmes corrélations chez d’autres expérimentateurs (Esclangon, Miller).
Bien entendu l’idéal serait de vérifier tout ceci en recommançant les expériences, même s’il y faut du temps et un budget élevé. En tout cas il est relativement aisé de refaire les analyses harmoniques et de vérifier les corrélations avec les ordinateurs et les puissantes méthodes de calcul modernes qui éliminent tout artefact involontaire.
Si, comme il semble probable, les corrélations présentées sont confirmées, en particulier celles avec la période lunaire de 24 h 50 mn, il deviendra évident qu’un phénomène nouveau, bien supérieur à ce que pouvaient prévoir les théories actuelles, a été mis en évidence.
Ce phénomène que peut-il être ? Une anisotropie de l’espace ? C’est l’une des possibilités. Il conviendra bien sûr de multiplier d’abord les résultats expérimentaux de toutes sortes avant de se lancer dans la théorie.
Reconnaissons que le sens physique de Maurice Allais lui a fait choisir les phénomènes les plus sensibles : les oscillations d’un pendule métrique, les visées sur mires, les expériences d’interférométrie, et l’on pourra sans doute augmenter la sensibilité et la durée des expériences en utilisant un pendule oscillant dans le vide ou sous pression réduite.
Gageons cependant que des résultats positifs ne s’imposeront pas si vite. Une théorie dépassée ne disparaît que chassée par une théorie nouvelle mieux adaptée au réel. Ne voit-on pas ainsi le darwinisme se survivre tant bien que mal, bien qu’il fasse eau de toutes parts ? Mais encore aujourd’hui aucune théorie ne peut prétendre le remplacer.