La poule aux œufs d’or
Dans son récent ouvrage La Poule aux oeufs d’or, la Renaissance de Polytechnique, Christian Gerondeau fait un historique de la nature de l’enseignement à l’École. Le but de Gaspard Monge et des autres fondateurs était de créer un établissement préparant des jeunes gens de tous milieux à devenir les ingénieurs civils et militaires dont la jeune République avait un criant besoin.
Pierre-Simon Laplace voulut ensuite en faire un vivier de scientifiques en réorientant la formation vers les sciences.
Enfin, la militarisation de l’X par Napoléon ajouta une composante supplémentaire à la mission de l’École.
Alors qu’un véritable établissement « polytechnique » aurait dû inclure dans ses programmes la préparation aux métiers d’ingénieur de différentes spécialités, cette mission est restée dévolue à un ensemble « d’écoles d’application » civiles et militaires indépendantes aux cursus placés en aval de celui de l’X.
Difficulté supplémentaire : la création ultérieure de classes préparatoires a donné aux élèves entrant à l’X un niveau qui leur permettrait de suivre directement l’enseignement de ces écoles d’application.
Alors à quoi occuper les élèves de l’X pendant deux ans ? L’École a cru pouvoir trouver une réponse dans un enseignement scientifique encyclopédique, essentiellement mathématique, poussé à un niveau inutilement élevé pour la plupart des anciens élèves destinés à devenir ingénieurs ou dirigeants.
Une construction aussi alambiquée n’est pas adaptée au contexte actuel de concurrence mondiale entre formations supérieures, d’autant plus que la plupart des polytechniciens travaillent maintenant dans des entreprises dès leur sortie de l’École.
Pour redonner aux anciens de l’X un rôle qui corresponde au prélèvement que cette institution effectue sur la jeunesse française, Christian Gerondeau, quand il fut président de l’AX, a mis beaucoup d’espoir et d’énergie dans une réforme de la gouvernance de l’École.
Deux points passionneront tous les anciens de l’X : l’historique des débats sur le contenu souhaitable de son enseignement et les péripéties de l’adoption récente d’une loi et d’un décret réformant sa gouvernance.
Certains lecteurs trouveront cependant que Christian Gerondeau minimise l’importance des réformes engagées depuis une vingtaine d’années, en particulier un certain rapprochement de l’École avec les entreprises, ainsi que l’ajout dans le cursus polytechnicien d’une spécialisation (qui est, dans la plupart des cas, confiée à un autre établissement d’enseignement supérieur français ou étranger).