Magnan belge, pour une fois
Pour les abonnés du Thalys et à quelques enjambées de la gare du Midi, allez au Pin Pon. Ce nouveau restaurant vient de prendre possession de la porte d’entrée de la célèbre caserne des Marolles, récemment restaurée et réhabilitée. Cette œuvre monumentale du baron Poelaert trône face à la place du Jeude- Balle, marché aux puces réputé de la capitale belge dans un quartier populaire qui est l’âme du vieux Bruxelles.
Le poste de garde a été réaménagé pour y recevoir les clients sur trois niveaux, le dernier étant une belle verrière intemporelle qui domine la vie animée de ce repaire d’antiquaires et de brocanteurs.
Une porte immense, tressée de lances à incendie, des poutres métalliques, des vannes en guise de poignées, des matières nobles associées à un design sobre et moderne, le cadre est réussi, belle synthèse entre la vielle caserne des pompiers en pierre et briques rouges et un esprit contemporain « branché ».
Les clients affluent sur ces lieux ouverts depuis à peine quelques semaines. Un premier « couac », l’attente est interminable. La cuisine n’est, semble- t‑il, pas rodée au rythme effréné des arrivées ; y a le feu ! pour patienter, tout en observant la foule grouillante en dessous, nous commandons des bières, une Pin Pon spécialement brassée pour la maison et une Cantillon, la dernière bière produite à Bruxelles même, par fermentation naturelle en cuve de cuivre.
Le serveur, à la bruxelloise, est d’abord peu aimable puis il se réchauffe pour nous expliquer un peu plus tard : « C’est catastrophique, nous devrions être dix et nous ne sommes que cinq, mais ça va changer ! » Les clients s’en accommodent, seuls les Français râlent, c’est-à-dire moi.
Les plats arrivent enfin, choisis sur une carte plutôt réduite mais quotidiennement renouvelée en fonction des produits rapportés du marché. Des assiettes de légumes mi-cuits, crudités, crevettes grises, mets très local, tartare de bœuf belge au couteau, velouté de potiron et carottes onctueux et subtilement parfumé au curry, les Belges sont aussi les rois de la soupe, et, cela va de soi, des frites délicieuses en portion congrue pour une gourmande telle que moi.
Les produits sont frais, exquis, cuisson parfaite des panais, betteraves jaunes, navets, patates douces ou carottes, très subtilement assaisonnés. L’ensemble est raffiné.
Les pâtisseries, celles du chef Charli, bien connu des Bruxellois, sont légères avec une réinterprétation originale. La tatin : des pommes rôties délicatement posées sur un sablé bretonnant aérien et croustillant, agrémenté d’une glace onctueuse ; un grand suisse caramélisé à la liégeoise ; une tarte au citron bien équilibrée.
Nous avons terminé ce déjeuner sans café pour une vingtaine d’euros par personne, bières comprises.
Si vous avez un rendez-vous, alors n’allez pas au Pin Pon, en revanche si vous avez choisi de flâner dans ce quartier historique de Bruxelles, alors vous passerez un moment goûteux, frais et tranquille. On vous servira toute la journée, de 8 heures à minuit, sauf le lundi et le mardi.
Pin Pon – 62, place du Jeu-de-Balle – Bruxelles – Tél. : 02 540 89 99.