Le Code X
A sa démarche noble et fière
A ce chic qui le caractérise
Tu ne peux manquer de le reconnaître
Revue 1953
Conscrit, vois-tu l’ancien ?
A sa démarche noble et fière
A ce chic qui le caractérise
Tu ne peux manquer de le reconnaître
Le code X explicite, sous une forme burlesque, le droit coutumier auquel les élèves se soumettent spontanément, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’École.
C’est une véritable constitution soumise à une procédure de révision draconienne, ce vénérable recueil des traditions de l’X ne peut être modifié en l’un quelconque de ses paragraphes, que si celle modification est approuvée par trois promotions successives.
Au code X sont joints divers chapitres sur des questions intéressant l’École et qui constituent l’héritage que l’on doit léguer aux conscrits.
En première ligne vient l’article concernant la Kès, son historique, son organisation, son fonctionnement.
Il donne des explications sur les caissiers, leurs devoirs et leurs droits, fixe les règles des quêtes et des cotisations.
Vient ensuite le vote dont on fixe les conditions, en particulier le vote de chahut est soumis à des règles trés strictes.
Pour qu’un chahut soit valable, il faut que le chahut soit voté par les deux tiers des voix exprimées, sans tenir aucun compte des abstentions.
On entend par chahut toute manifestation, bruyante ou non, se produisant à la suite d’un vote de promo et pouvant entraîner soit une punition générale, soit une punition de quelques cocons choisis ou schicksalés par l’Administration.
Les moyens de discussion sont réglés par un paragraphe qui fixe le mode de circulation des topos.
Sont ensuite énumérées les peines qui sanctionnent les manquements à l’éthique polytechnicienne : le blâme, le rond, la quarantaine.
« le blâme est voté à la majorité simple. Il consiste en un laïus du major des anciens qui, après avoir circulé dans les salles, est remis au coupable ».
« Le rond est décidé par les deux tiers des voix. Le major des anciens demande l’autorisation de réunir les deux promotions dans l’amphi. Le coupable est amené : on lui reproche sa faute, puis on se sépare en silence. »
« La quarantaine est votée par les trois quarts des voix. La manière de l’exécuter a été réglée par une décision de la promotion 1867.
« Voici cette décision :
« La durée de la quarantaine peut être fixée immédiatement à la majorité absolue ; dans ce cas, elle est irrévocable. Elle peut encore être indéterminée et la punition peut alors être révoquée par les trois quarts des voix.
« Les communications avec les Élèves en quarantaine sont interdites, à moins qu’elles n’aient rapport aux cours, aux colles, etc.
- Les Élèves en quarantaine n’ont pas le droit de lancer des topos, ni d’écrire sur ceux qui passent ; c’est à leurs cocons de salle à voir si cet article est observé.
- Ils ne votent pas, ne peuvent faire partie du bureau de bienfaisance, ne participent à rien de ce qui est collectif. Ils ne payent pas les quêtes, sont séchés du bal de l’Elysée. etc.
« A l’extérieur, on ne doit pas avoir de relations avec eux dans les théâtres, cafés, promenades. etc.
« Ils ne sont pas séchés de salut.
« Il leur est interdit d’aller chez la Prospère et autres lieux de réunion des Élèves.
« Si la quarantaine doit durer aux Écoles d’application , elle comporte des dispositions analogues, notamment à Fontainebleau, où l’Elève en quarantaine n’a pas de trinôme.
« Tant que la quarantaine n’est pas levée, ils n’assistent pas aux dîners de promotion.
« Tout cocon qui viole obstinément la quarantaine sera puni lui-même de quarantaine ».
Code X 1957.
Jusqu’a ce qu’il tombe en désuétude, vers 1968, les prescriptions du Code X, pour l’essentiel, ont été respectées par l’immense majorité des Élèves. Mais ce code n’avait qu’un caractère moral. Il est intéressant de noter qu’à l’École de West-Point, qui s’est inspirée sur tant de points des structures et des traditions de l’X. le « Honor Code » des Cadets a reçu une consécration sinon juridique, du moins administrative, et que sa violation entraîne des sanctions pouvant aller jusqu’à l’exclusion de l’École.
Les Polytechniciens prirent une grande part à l’insurrection des Trois Journées de 1830. Plusieurs furent blessés, Vaneau fut tué à la tête d’un peloton qui attaquait la caserne de Babylone.
Jusqu’à la fin du siècle, une députation d’élèves vint, chaque année, le 29 juillet, jour anniversaire de la mort de Vaneau, déposer une couronne sur sa tombe, au cimetière Montparnasse,
Le récit de la mort de Vaneau figurait à la fin du Code X.
Mort de Vaneau à l’attaque de la Caserne de Babylone