Le Disque
Sur une cheminée de la face nord de l’amphi de physique, autrefois, un disque était peint. Il avait été noir à l’origine et servait aux manipulatlons d’Astronomie. Les élèves prirent vite l’habitude de remplacer le noir par la couleur de leur promotion. Celle des anciens naturellement.
Mais la tradition voulait que, dans le mois de la rentrée, un conscrit allât substituer à cette couleur celle de sa propre promotion.
L’opération avait lieu la nuit. Au petit matin, la nouvelle se répandait dans l’École : le disque a été peint ! Les 2 promotions de précipitaient aux fenêtres de la face sud du Joffre, et tout le jour on discutait de l’événement1.
Le lendemain, grâce à la Kommiss, le disque avait repris sa couleur initiale. Nouvel émoi !
Attacher tant d’importance à la couleur d’un cercle pas beaucoup plus grand qu’un plat à gâteaux peut paraître puéril. Mais il faut savoir que l’opération était pleine d’embûches.
Exécuter un travail de peinture sur le fronton vertical et nu de l’amphi de phy, à vingt mètres du sol, n’allait ni sans difficultés ni sans danger. De plus, à partir de 1928, cette pratique fut rigoureusement interdite. Le général Alvin qui avait pris cette décision parce que l’opération était périlleuse, peut-être aussi pour compliquer le jeu, avait fait peindre le disque d’une couleur neutre, le gris.
Un poste avait été installé face à l’amphi, où les basoffs se relayaient jour et nuit pendant la période cruciale. L’accès au disque devenait, dans ces conditions, un véritable tour de force. Les travaux de peinture des promotions successives n’en continuèrent pas moins jusqu’en 1937.
A ce fameux disque, A. Bascou, de la promotion 1909, consacra une ballade :
Après 1937, le disque fut oublié. Mais la gent polytechnicienne, qui aime la couleur et les toits, continua jusqu’au transfert, et en diverses occasions, à barioler de jaune et de rouge les cheminées du Gay-Lussac.
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1. Le conscrit ayant peint le Disque était automatiquement Krypté.