Mettre la main à la pâte
J’ai choisi de faire un stage civil dans le domaine de l’éducation. Plutôt que de demander une mission dans un lycée, j’ai préféré « doubler le défi » en me confrontant à un domaine totalement nouveau pour moi : l’école primaire.
Six mois de sciences en Primaire
L’éducation comme outil d’inclusion sociale.
Après une semaine d’observation et de premiers contacts avec les classes, j’ai pu commencer à m’impliquer avec les professeurs et devenir de plus en plus à l’aise dans mon rôle au fil des semaines.
Je devais, avant d’assister au déroulement des séances, aider les instituteurs à en préparer le contenu.
La difficulté était non seulement de former les instituteurs au raisonnement scientifique, mais aussi de les convaincre de l’intérêt des séances, ce qui n’est pas évident lorsqu’on part d’un contexte tendu où les élèves, souvent en situation de conflit avec leurs professeurs, n’ont aucune motivation pour écouter ou participer.
Des élèves motivés
LA DÉMARCHE D’INVESTIGATION
La fondation « La Main à la Pâte » a pour but de promouvoir l’enseignement des sciences en primaire, où les professeurs n’ont pas toujours le temps, la motivation ou même la confiance en eux nécessaires pour enseigner cette matière pourtant au programme.
Pour apprendre aux élèves le raisonnement scientifique dès l’école primaire, elle prône l’utilisation de la démarche d’investigation : une question, une hypothèse, une méthode pour répondre à la question (expérience ou recherche documentaire), une conclusion.
Le plus gratifiant lorsque je me rendais dans les écoles était de voir l’évolution progressive des comportements.
Si beaucoup d’élèves étaient enthousiastes pour les sciences et le fait d’avoir une intervenante différente de l’instituteur, il a fallu apprendre à gagner le sourire des autres. Ces enfants récalcitrants, qui étaient en général considérés comme de mauvais élèves, ont en général fini par adhérer au projet.
L’apprentissage des sciences est un moyen de permettre aux élèves habituellement considérés comme « difficiles » (car ils ont des problèmes de comportement et ne veulent pas participer) de montrer leurs capacités en s’intéressant à un sujet, même s’ils refusent par exemple d’apprendre leur leçon ensuite.
Je suis ainsi repartie avec le souvenir d’élèves motivés qui, même si les séances ne se déroulaient pas toujours sans accroc, avaient pour la plupart fini par acquérir un certain goût pour les sciences.
En classe préparatoire
J’ai eu l’occasion de compléter mon expérience dans l’enseignement par des séances de soutien auprès d’élèves en classe préparatoire TSI.
Il y a des points communs entre amener un enfant de sept ans à interpréter le résultat d’une expérience et exposer à un élève de prépa une méthode de mathématiques.
Rien ne sert d’expliquer, il faut accompagner le raisonnement de l’interlocuteur jusqu’au bout et comprendre sa façon de penser pour l’amener au résultat final.
Prouver sa légitimité
J’ai eu l’occasion de vivre des journées où je travaillais le matin avec des maternelles, l’après-midi avec des maîtres-formateurs ou des conservateurs de musée, et le soir avec des élèves de prépa.
“ Convaincre les instituteurs de l’intérêt des séances ”
Ce travail extrêmement varié m’a permis de beaucoup gagner en adaptabilité, mais aussi de découvrir ce qu’est vraiment le travail d’équipe.
Motivée par le fait de participer à des projets concrets, j’ai aussi pu apprendre à motiver et impliquer en retour mes interlocuteurs pour poursuivre un but commun.
Cette plongée dans le monde de l’éducation étant accompagnée d’une prise de responsabilités au sein d’équipes, l’un des défis posé par le stage a été d’arriver à trouver ma place et prouver ma légitimité à chaque collègue.
Voir l’évolution progressive des comportements.
DES PROJETS DÉPARTEMENTAUX
Passant au moins une demi-journée par semaine au Centre départemental de documentation pédagogique avec mon tuteur et ses collègues, j’ai été amenée à participer à différentes actions. La plus grande partie de ce travail a pris la forme de création de projets départementaux. Il s’agissait de mettre au point avec nos partenaires, musées ou autres structures ouvertes aux visites publiques, des activités qu’ils pourraient proposer aux classes de primaire dans le cadre du programme de science.
Au fil des réunions, nous devions définir les possibilités en termes de connaissances à apporter aux enfants, mais aussi régler des problèmes de logistique comme le coût des activités ou le financement du matériel nécessaire. C’est une réelle expérience dans le monde du travail.
De l’autre coté du décor
Je suis partie pour Albi assez inquiète, moi qui n’avais jamais vécu à plus d’une heure de chez mes parents en région parisienne. J’ai dû rapidement créer des liens avec les personnes de mon internat, rencontrer des personnes qui n’avaient pas suivi le même cursus que moi et créer des amitiés profondes.
“ Comprendre les façons de penser, quel que soit le niveau de l’élève ”
Devoir commencer à zéro dans une nouvelle région et sans connaître personne a rendu ces quelques mois très stimulants. C’est l’une des raisons pour lesquelles ce stage a autant compté pour moi.
Enfin, cette expérience peut également nous changer en nous ouvrant l’esprit sur certaines réalités sociales. J’ai pu découvrir ce qu’était vraiment l’enseignement dans des classes difficiles, et à quel point le travail que fournissent les enseignants et autres acteurs de l’Éducation nationale est éprouvant, bien que rarement reconnu.
Ces quelques mois ont été une occasion unique de passer de l’autre côté du décor pour réaliser l’importance que peut avoir l’éducation, comme outil non seulement de formation mais aussi d’inclusion sociale.