Questionnements d’un océanographe
L’auteur a suivi un parcours classique pour un X désirant faire de la recherche : doctorat au Centre militaire d’océanographie. Sa discipline n’était pas a priori une de celles qui posent de grandes questions à la société.
Mais ses travaux suscitèrent des questionnements personnels auxquels il répondit par une formation doctorale en éthique. Il se place nettement dans le cadre des réflexions contemporaines, l’éthique de Paul Ricœur, l’épistémologie de Thomas Kuhn, Karl Popper et Paul Feyerabend, la sociologie des sciences d’Edgar Morin.
Des questions d’ordre éthique se posent au chercheur au cours des trois stades de son travail : la détermination du sujet de recherche, la conduite de celle-ci (élaboration théorique, confrontation de la théorie aux observations, simplifications de la réalité) et le devenir des résultats (applications, diffusion, implications et sens donné à la connaissance que l’on en tire). Elles concernent principalement sa liberté et sa responsabilité.
Les réflexions éthiques deviennent de plus en plus nécessaires en raison de la part croissante des aspects techniques dans les décisions à prendre. Mais le scientifique n’y est pas forcément préparé : d’une part la science cherche des lois générales alors que l’éthique ne traite que de cas particuliers, d’autre part le rôle de la subjectivité et des émotions dans sa réflexion est souvent plus ou moins volontairement méconnu ou négligé.
Son chapitre de conclusion suggère quelques éléments qui pourraient être apportés à l’enseignement de l’École : prendre conscience des éléments que le scientifique ignore parfois et qui mêlés à ses critères rationnels restreignent sa liberté, prendre du recul par rapport à une situation afin d’en voir les différentes facettes, décloisonner la connaissance scientifique et donner le goût de « laisser la place à d’autres formes de connaissance qui peuvent compléter les apports de la science ».