Francaoui
Un livre sur l’Algérie par d’anciens d’Algérie c’est toujours un exorcisme de cette blessure douloureuse qu’a été l’abandon d’un pays où ils avaient leurs racines.
Là, il s’agit d’autre chose. Jérôme Tanon n’est pas « d’Algérie » ; il y a vécu une partie de sa jeunesse, jusqu’à 19 ans, mais il y est resté « Français de France ». Ce qu’il nous raconte c’est sa vie. Il présente son livre comme un roman, mais c’est, en réalité, une autobiographie.
Qui est Jérôme dans les personnages qui apparaissent ? Ce n’est pas la question importante : c’est peut-être un des personnages ou bien aucun des personnages, ou bien tous.
Mais, curieusement, le personnage principal c’est la nature, les paysages dont Jérôme fait des descriptions passionnées et géographiques, quasi géométriques. Il y a vécu et il a aimé ces lieux qui sont restés, après tant d’années, dans son coeur.
Une vie nomade et mouvementée à la suite d’un père dont le métier de mineur le conduit d’une mine à une autre. L’Algérie n’est pas le centre du livre même si, au détour d’un paragraphe, apparaissent un Arabe, un Kabyle, une chèvre ou un âne !
Une jolie description de la naissance et du développement d’une passion pour la montagne, là encore en compagnie de Français de France.
Et le livre se termine à l’aube de ce qu’ont été les événements, devenus la guerre d’Algérie, tandis que l’un des personnages, passé par une prépa, réussit un concours qui le ramène en France en même temps que sa famille.
Une écriture stricte, presque trop parfaite avec un petit goût ancien. Une histoire racontée tout simplement.