Michel SAILLARD (48), le sens du service public
Dans le corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées, Michel Saillard choisit pour premier poste, en 1953, celui de chef de l’arrondissement du service ordinaire de Sfax, en Tunisie.
“ Le terrain, la meilleure façon d’apprendre et d’exercer son métier d’ingénieur des Ponts ”
Un choix très sage, puisque « sur le terrain, la meilleure façon d’apprendre et d’exercer son métier d’ingénieur des Ponts et Chaussées » ; et plus encore dans son cas puisque son patron était à Tunis, à plusieurs centaines de kilomètres, obligeant l’ingénieur d’arrondissement débutant à faire largement preuve d’initiative.
En 1957, Michel revient en France, « toujours sur le terrain » ; il est chargé d’un arrondissement au service de la navigation de la Seine, pendant deux ans.
Du logement au gaz
En 1958, Michel quitte l’administration – mais non le service public : il est nommé directeur à la Société centrale pour l’équipement du territoire (la SCET, filiale de la Caisse des dépôts et des consignations).
Il est chargé du secrétariat général de la SCIC (Société centrale immobilière de la Caisse) en 1964, puis promu directeur général en 1967.
Son sens des autres le conduit à s’engager, de 1978 à 1983, dans une activité d’enseignement du cours d’initiation au bâtiment à l’ENPC, enseignement toujours très apprécié par ses élèves.
En 1982, Michel se voit confier le mandat de directeur général de Sofregaz. Cette société française d’ingénierie est un acteur mondialement connu sur le marché gazier, ce qui a conduit Michel à négocier – durement mais équitablement – avec les grands fournisseurs étrangers, notamment le russe Gazprom. En 1990, il est nommé président-directeur général de la Compagnie française du méthane (CFM), jusqu’à l’âge de la retraite dans le secteur public, en 1993.
Une implication internationale
Michel reste pourtant actif : en 1992, toujours responsable de la CFM, il devient président de Transenerg, poste qu’il conserve jusqu’en 1997, à l’âge de 69 ans.
Il continue à servir bénévolement par ses importantes responsabilités comme président de l’UATI (Union internationale des associations et organisations scientifiques et techniques, une ONG créée par l’Unesco) ainsi qu’à l’UISF (Union internationale des ingénieurs et scientifiques utilisant la langue française).
Membre de l’Académie de l’eau en 1999, il préside le comité Inde du Centre national du patrimoine français de 1991 à 1996 et le comité Asie du Sud du Medef International à partir de 1997.
Parallèlement, il a pour la première fois des activités dans le secteur privé, notamment comme administrateur de Leonardo Finance Partners (rachetée depuis par Natixis).
Un humaniste
La carrière de Michel Saillard est révélatrice de son tempérament et de ses grandes qualités humaines : une nette préférence pour le service public, mais dans des entités à caractère industriel, et une fidélité sans faille à l’entreprise qui l’employait, acquérant ainsi de l’expérience dans son secteur d’activité sans pour autant « s’y incruster » pour éviter tout risque d’enlisement et garder la capacité d’innover.
Il était officier de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre national du Mérite.
Il écrivait en 1998 : « La réussite technologique du XXe siècle est formidable […] mais le XXIe siècle ne sera bénéfique pour l’humanité que s’il se trouve un équilibre harmonieux entre un libéralisme tempéré et normalisé, un développement technologique bien orienté et des objectifs généraux à long terme et bien concertés. »
Près de vingt ans plus tard, sa conviction apparaît comme aussi juste que sage.