Yves du Manoir, des mythes au mythe
Mais aussi légende de l’X, une des très rares gloires sportives que notre École ait accueillies, élève-pilote qui s’est écrasé à 23 ans, le matin de France-Ecosse 1928
Notre propos n’est pas ici de détailler sa carrière sportive, Wikipedia le fait nettement mieux que nous. Nous avons cherché à creuser un peu qui était ce mélange de Johnny Wilkinson, Pierre Closterman et Evariste Galois.
Casser les mythes
- Yves du Manoir ne s’appelait pas Yves du Manoir, son vrai nom : Le Pelley Dumanoir. C’est celui qui figure sur l’ensemble des actes de naissance de ses ancêtres — et nous sommes remontés jusqu’en 1690, plus loin que le vice-amiral (1770) — nous n’avons d’ailleurs pas trouvé de traces d’un changement officiel de nom qui confirmerait la déclaration sous serment de sa mère faite lors du mariage de son frère en 1927. Comme les grands hommes, les grandes dames ont leurs petites faiblesses. Dans le cas d’espèce, il n’est pas impossible que ladite dame, née Compte de Tallobre, ait estimé que sa famille méritait une réelle particule.
- Accessoirement, ses quartiers de noblesse étaient assez récents. Son arrière-grand-oncle amiral et son arrière-grand-père capitaine de frégate ont reçu, quasi simultanément, les titres respectifs de comte et vicomte en 1816. Nous sommes donc loin de la noblesse d’épée, la récompense reçue l’étant probablement plus pour le choix politique d’allégeance à la Restauration que pour des faits d’armes au combat.
- Il ne s’est pas engagé dans l’Armée de l’Air : c’est la plus grande légende urbaine véhiculée au sujet de notre ami Yves du Manoir : « à la sortie de l’X, il s’est engagé dans l’armée de l’air comme pilote ». La réalité est, comme souvent, beaucoup plus prosaïque. Démissionnaire, il s’est contenté d’effectuer son année de service militaire — qui n’était pas encore national — dans l’armée de l’air comme observateur. Ce choix de ce qui n’était encore que le Service de l’Aéronautique n’était absolument pas une vocation. Son intention première était d’aller dans la Marine Nationale. C’est pour rendre service à un camarade bitté par la magouilleuse, qu’il a accepté de permuter avec lui. Au cours de son service militaire, il s’est engagé pour un an, toujours comme réserviste, afin de passer son brevet de pilote.
- C’est ainsi que l’image du jeune officier patriote à la vocation bien affirmée laisse peu à peu place à celle d’un jeune étudiant, éloigné des contraintes matérielles, sans vision à long terme, mais cherchant à faire des choses qui lui plaisent.
- Finissons maintenant de déconstruire le mythe du polytechnicien brillant élève et du sportif excellent à tous les sports. Il intégra l’X non en 1⁄2 (eh, oui, ça arrivait parfois à l’époque !), ni en 3⁄2 comme les plus brillants, ni même en 5⁄2, comme beaucoup, mais en… 7⁄2 ! Ce n’est pas une tare, c’était assez courant à l’époque – environ 10% d’une promo. Mais nous commençons à nous éloigner fortement de l’image d’Epinal du fort en thème. Son frère, qui se garde bien de parler de son concours de 1922, prétend que son échec en 5⁄2 est dû à l’anglais. Pourtant, nous savons tous que, si on rate le concours, c’est souvent à cause des maths…
- Quant à son classement, il se passe de commentaires : 184⁄224 à l’intégration, 223⁄228 au passage en seconde année et 218⁄227 à la sortie. Sur ses performances sportives, bien que très honorables (certains des auteurs jugent toutefois son 3’18″ aux 1000 m en 5⁄2, à peine compensé par le 3’14″ en 7⁄2, un peu médiocre), c’est en zoubre (équitation) (0 en 5⁄2, 0 en 7⁄2) et en escrime (0 en 5⁄2, 1 en 7⁄2) que les choses se gâtent (Yves Le Pelley Du Manoir 1904–1928, René Le Pelley Dumanoir, disponible à la BCX) .
- Une fois de plus, nous sommes loin de l’image de l’aristocrate accompli.
Reconstruire un mythe polytechnicien
- Yves était-il capitaine du XV de l’X ? En soi cette question n’a pas énormément d’intérêt, si ce n’est de permettre à chaque capitaine sur le plateau de se prendre pour du Manoir… C’est très peu probable. Il n’y avait à l’époque pas de section sportive comme on peut les comprendre depuis la guerre, et l’équipe de rugby constituée pour le challenge « Albert Hardy », l’ancêtre du TSGED, créé en 1921 pour opposer l’ensemble des équipes des écoles militaires, a disparu en 1922 en même temps que cet éphémère challenge. Il était par contre capitaine de l’équipe de France militaire qui a joué contre les Anglais en 1925, ce qui lui a valu les louanges de la presse (Historique de l’École militaire de l’infanterie et des chars de combat : Avord, 1873–1879 ; Saint-Maixent, 1881–1927). Et ça, c’est assez chic.
- Yves surtout avait d’autres qualités qui en font un Carva accompli : il était beau, bien fait de sa personne, bon camarade (nous l’avons vu plus haut), sympa, drôle et ne se prenait pas au sérieux. Bref, LE cocon séduisant, l’X que vous auriez voulu être ou épouser, au choix !
- Reste la question que nous attendons tous, que vous attendez tous : est-il possible qu’un homme aussi beau, aussi sympa et aussi mal classé ne soit pas missaire ? Cher lecteur, une fois n’est pas coutume, nous te laisserons décider : tu trouveras ci-dessous une photo de la Khômiss 1924 et, en médaillons, des profils d’Yves. Il ressemble assurément à l’élève un peu rêveur assis à droite… est-ce lui ?
Pour aller plus loin
Les auteurs ont vécu pendant près de deux mois avec Yves du Manoir, comme beaucoup de Français en 1926, ils ont développé une réelle affection pour lui. Si sa mort en service commandé l’a élevé à un rang de héros probablement usurpé, il est de ces personnalités qui ont forgé la légende de l’École. Le challenge Yves du Manoir a disparu, le Racing va abandonner le stade de Colombes et même si Montpellier, dans le stade qui porte son nom, entretient la flamme, l’X gagnerait à faire revivre la légende de ce jeune demi d’ouverture au crochet désarmant.
Parmi nos camarades, on compterait peu de sportifs de haut niveau — probablement moins que d’ecclésiastiques —, nous nous attacherons à les recenser prochainement.
L’article de La Jaune et la Rouge (N° 408 Octobre 1985)
Quelques extraits :
Quand on connut la fin prématurée de ce champion de 23 ans, l’affliction du pays fut à la mesure de sa ferveur.
Vaucresson et Saint-Cast rebaptisèrent « Yves du Manoir » la rue où il était né et, celle où il avait sa maison familiale ; Paris donna son nom à une avenue du quartier des Ternes.
Le Racing Club de France créa, en sa mémoire, le Challenge du Manoir, compétition entre Clubs de Rugby de haut niveau, qui continue à se disputer annuellement. Une stèle fut élevée à Reuilly là où son avion s’était écrasé. Le Racing fit ériger au Stade Olympique de Colombes sa statue par le sculpteur Puiforcat et, honneur suprême, ce stade reçut, dès 1928, le nom de « Stade Yves du Manoir ».
Une telle somme d’honneurs, ce modèle de simplicité ne l’avait ni recherchée ni souhaitée. Peut-être se sent-il mieux à l’aise dans sa dernière demeure : au Père Lachaise, damier de sépultures pompeuses, il est un petit recoin silencieux, insolite, si escarpé que seuls certains emplacements ont permis de creuser des caveaux déjà séculaires, les intervalles étant livrés à une végétation touffue ; une allée étroite et déserte y serpente, comme un tronçon de sentier de randonnée. Là, sur une sobre dalle familiale on peut déchiffrer :
Yves Le Pelley du Manoir
Polytechnicien Officier Aviateur
1904–1928
Fiches matricule et d’Etat civil
Le Pelley du Manoir, Yves Franz Loys Marie (X1924 ; 1904–1928)
Etat civil : Naiss. : 1904 le 11 08 : Vaucresson (Seine-et-Oise) ; mort en 1928 le 02 01
PERE : Mathieu Jules Marie René –
MERE Compte de Tallobre, Jeanne Gabrielle Marguerite Marie –
Adresse : 2 bis avenue des Sycomores- : Paris 16 (Seine)
Desc. phys. : Cheveux châtains – Front moyen – Nez moyen – Yeux châtains – Visage ovale – Taille 170 –
Scolarité : EXAMEN : Paris – CLASST : 184 – PASSAGE : 223e en 1925 sur 228 élèves – SORT : 218e en 1926 sur 227 élèves CORPS : D.- en 1926-.
Rens. situa. : Ss-Lt Air – Accident d’aviation –
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier, pour leur aide :
Bibliographique, Olivier Azzola, de la BCX et Jean-Pierre Henry (X64), webmestre de La Jaune et la Rouge
Historique, Grégoire Fanneau de la Horie (X86)
Logistique, Hugo Levy-Heidmann (X11)
Marketing, les équipes de polytechnique.org
Iconographie, Monsieur Frédéric Humbert, au blog (rugby-pioneers.blogs.com) duquel ils ont « emprunté » une photo
A special Thank You ! to Paul & Marie Furlong for their gift to the BCX which gave us the idea of this research. Goodwill Genealogists
Et, bien entendu, Hervé Kabla (X84), leur hébergeur favori
Addendum
Preuve de la construction délibérée du mythe, cette bande-dessinée à caractère hagiographique parue dans « l’Equipe Juniors » au cours des années 50. Elle prend malheureusement trop de place pour être affichée dans le corps de l’article.(le lien a été perdu)
Généalogie
L’arbre généalogique en ligne
Si son patronyme évoque le Cotentin, la mer et la Royale, avec à Granville en fin du XVIIIe un trisaïeul sieur Dumanoir, capitaine et corsaire, ses racines sont pourtant en France profonde, le Dauphiné du côté paternel, le Massif Central du côté maternel, d’une noblesse provinciale. A la restauration, Louis XVIII attribue le titre de Vicomte héréditaire à son arrière-grand-père par lettres patentes du 5 février 1816.
Par le jeu des alliances, les parents d’Yves ont du bien : le Vicomte, propriétaire rentier, est déclaré sans profession sur tous les actes d’état civil.
En fin du XIXe siècle, ils quittent le Dauphiné pour s’installer à Paris. La famille comprend dix enfants, cinq garçons et cinq filles dont trois décèdent avant la naissance d’Yves le 11 août 1904 dans la maison de villégiature de la famille à Vaucresson au 9 d’un chemin rebaptisé depuis rue Yves du Manoir.
Il fait sa prépa au Lycée Saint-Louis à Paris, après être passé, entre autres, par Saint-Louis-de-Gonzague et Ginette.
Des commentaires sélectionnés
Yves du Manoir par Puiforcat
Par Claude NERRAND le 11 décembre 2013
Quatre vingt six ans après son décès, dans quelques jours, il vous semble découvrir, Yves Le Pelley du Manoir.
Vous racontez sa vie comme si vous l’aviez connu, jalousé en mélangeant quelques faits et beaucoup d’inexactitudes.
Moi j’habite Reuilly dans l’Indre, là où le 2 janvier 1928, Yves est décédé dans un accident d’avion-école.
Ce jour-là, la champagne berrichonne était enfermée dans un épais brouillard. Le jeune aviateur avait quitté Avord, près de Bourges, pour effectuer dans son Caudron, un circuit Avord- Romorantin-Châteauroux-Avord. Il s’est perdu après Romorantin dans l’épaisseur du ciel complètement bouché et s’est déporté de 25 km environ de la ligne Romorantin-Châteauroux.
On peut imaginer les minutes de frayeur du pilote. A Reuilly, il a sûrement cherché un repère et a largement baissé son avion. Une branche de peuplier de La Valterie a coincé une des roues et il a piqué.
Voilà sa triste fin. Seul au milieu de la prairie, un monument simple rappelle ce tragique accident.
C’est avec peine que je lis vos rappels sur sa vie. Encombrés d’inexactitudes. Mais c’est surtout ce dénigrement que l’on ressent dans votre texte qui blesse.
Pourquoi voulez-vous mettre de l’ombre sur un grand sportif ? Il a brillé dans le rugby et vous le reconnaissez même. Les médias de l’époque ont construits un petit héros. Pourquoi allez-vous fouiller dans sa généalogie qui est très belle, énorme même.
Vous avez révélé (s’ils sont exactes) les positions dans les classements, que même encore, l’Ecole Polytechnique ne veut pas transmettre. Avec une force malsaine vous jugez ses possibilités assez faciles de sa vie.Il a bénéficié, bien sûr, comme beaucoup d’autres, d’un bon soutien familial.
Vous oubliez de dire que la veille de l’examen d’entrée à Polytechnique son père était décédé et pourtant il a réussi….
Je ne comprends pas l’esprit qui vous a pénétré pour écrire votre texte. Vous vouliez faire du mal à sa famille, ses amis et à ceux, encore, qui le considèrent comme un jeune garçon dynamique, sportif, apportant une image sérieuse et très modèle. Mais je ne le crois pas. Regardez un instant en vous-même, vous êtes surement meilleur que ce bout de papier.
Je pourrais être votre grand-père et je suis désolé de vous le dire, cela n’est pas bien.
Claude Nerrand, 81 ans, Président de l’Office de Tourisme de Reuilly en Berry.
Réponse d’Alain BRACHON le 12 décembre 2013
Permettez à un autre grand-père dont vous pourriez être le frère plus vieux de 10 ans de réagir à votre commentaire.
Les circonstances de la mort d’Yves que vous nous rappelez fort à propos sont décrites dans l’article de Maurice Brunet (X1928) « Elève à l’Ecole, idole de la foule… » auquel renvoie notre document. L’auteur, contemporain d’Yves, avait eu le loisir d’interroger les camarades de promotion d’Yves, parmi eux l’un de ses camarades de casert (chambrée), Louis Armand – oui l’immense Louis Armand – que j’entends encore raconter comment il avait accompagné Yves à un rendez-vous de l’équipe de France à Colombes, tous les 2 en grand U sur une motocyclette pilotée par Yves et lui juché sur le tansad.
Tout ce qui est écrit dans cet article est puisé aux meilleures sources familiales ou d’état civil, et parmi elles bien évidemment le livre que son frère aîné René Fernand Marie a consacré à Yves et qu’il préface ainsi : « …Yves n’appartient pas qu’à nous ; d’autres ont également droit à son souvenir : amis d’enfance, camarades de travail ou de jeu, sportifs dont certains, suivant leur touchante expression, « allaient à Colombes pour voir jouer du Manoir », tous ceux enfin qui m’ont demandé ce livre en souvenir de lui… ».
Oui, Yves du manoir était un champion exceptionnel que nous avons voulu réhabiliter car de nos jours peu de gens savent qui et quel sportif il était. Oui, son frère aîné l’avait réveillé dans la nuit du 5 juillet 1924 pour qu’il assiste aux derniers instants de son père et quelques heures plus tard, affronte la dernière épreuve du concours de l’X, une composition de Math de 4 heures… Ce que vous prenez pour de la suffisance d’avoir glosé sur ses rangs de classement n’est qu’une manière de potache de chambrer un camarade comme nous l’aurions fait avec lui à partir de ce que l’on disait ou écrivait déjà de lui et je suis certain qu’il aurait été le premier à partir d’un immense éclat de rire !
Peut-on sérieusement douter que jouant en équipe première du Racing, 6 fois international comme élève dont 5 fois en première année, cette activité sportive débordante n’ait pas eu de répercussions sur son classement à l’X ? Oui, nous aurions voulu l’avoir comme camarade de promotion, comme camarade de rugby et surtout comme camarade missaire, puisque cela semble bien être acquis.
Yves du Manoir appartient au patrimoine sportif français, mais est-ce lui manquer de respect si nous avons tenté de le décrire tel que nous avons acquis la conviction qu’il était : « trop simple pour affecter une gravité qui n’était ni de son âge, ni de son tempérament, trop modeste pour tirer vanité des études qu’il poursuivait brillamment ou de sa réputation d’athlète, il était aussi trop franc pour dissimuler sa nature : gaie, primesautière, presque enfantine » comme nous le présente son frère.
Oui, je reconnais, nous avons commis un crime de lèse-majesté en mettant en doute l’orthographe actuelle en deux mots de son patronyme de naissance Dumanoir !
Pourtant son père, le Vicomte, a toujours signé Dumanoir. A la sépulture en 1896 de ses 2 filles jumelles, il a fait graver Dumanoir leur épitaphe sur la pierre tombale du caveau familial où je suis allé me recueillir. Le changement en du Manoir n’est visible qu’à partir de 1924, avec la sépulture du Vicomte puis celle d’Yves et ensuite d’une partie de la famille.
Le 26 février 1927 lors du mariage du frère aîné René Fernand Marie, il est mentionné en fin d’acte : « Lecture faite, les époux et témoins ont signé avec nous et Madame la Vicomtesse Le Pelley du Manoir, mère de l’époux, ont déclaré sous la foi du serment que le nom du Manoir devait s’écrire en deux mots, et non en un seul comme il a été orthographié sur l’acte de naissance de son fils et dans l’acte de décès de son mari. »
Faites les 55 km de Reuilly jusqu’à Saint-Pierre-de-Lamps et là vous aurez tout le loisir de consulter l’acte en mairie, si jamais vous doutez !
En dépit de nos recherches, nous n’avons trouvé trace nulle part d’un quelconque jugement d’un tribunal de première instance ou d’une publication au Journal Officiel qui vienne à l’appui de ce serment devant officier public.
Aucune mention marginale en ce sens ne figure dans aucun des actes de naissance des frères d’Yves alors que l’arbre familial est pourtant riche en mentions marginales correctives, à commencer par l’acte de naissance de Mme la Vicomtesse, sa mère, ou encore celui du grand-père paternel d’Yves comme on peut le découvrir sur l’arbre en ligne (http://gw.geneanet.org/yveslepelleydumanoir_w).
Nous corrigerions bien évidemment notre document en publiant tout document officiel que l’on nous communiquerait et qui infirmerait notre propos.
Prenez connaissance de la nomination d’Yves à titre posthume, le 5 juin 1930, comme Chevalier de la Légion d’honneur : elle est au nom d’Yves Le Pelley Dumanoir mais le récépissé daté du 29 octobre 1931 est signé de Mme du Manoir (Mère) 37 rue de la Tour, Paris…
Tout cela n’a finalement d’importance que pour ceux qui tiennent absolument à cette particule.
Germa le 11 décembre 2013
Ces échanges sont très intéressants . Ils montrent la complexité du cas Yves du Manoir et parler de mythe à son sujet est bien fondé vu le décalage entre la réalité et la place qu’occupe sa mémoire et son nom dans l’espace public : comment le triste accident d’un jeune X en uniforme génère un héros. national qui échappe à sa famille !
Christophe Faurie le 21 décembre 2013
Je suis fasciné par la capacité de Serge à susciter des réactions vigoureuses. Son effet dépoussiérant serait bienvenu pour bien des sujets…
Alexandre Moatti le 23 décembre 2013
Je pense que 85 ans après, on doit pouvoir discuter de tout, même si on s’attaque à des mythes.
S. Delwasse le fait à sa manière, un peu provocatrice, sous le prisme de l’argot et des traditions de l’X qu’il est difficile de comprendre (et d’apprécier) quand on n’est pas issu de l’X (et même quand on en est issu, cela reste parfois assez ésotérique).
On peut voir l’aspect positif, aussi : Delwasse a permis qu’on reparle d’YduManoir et qu’on le fasse connaître à nouveau, ce qui est une bonne chose. Il a surtout permis qu’un album de photos d’époque concernant YduM, qui avait échoué aux USA ait pu rejoindre via PriceMinister (!) la bibliothèque de l’X pour conservation au dossier YdM, et de cela nous remercions tout particulièrement S. Delwasse.
Une précision historique toutefois sur une phrase qui a pu choquer la famille (le reste est plutôt une remise en perspective intéressante, cf. ce que font les science social studies avec les icônes de la science). En 1816, il y a une large ouverture des titres de noblesse par Louis XVIII. L’obtention du titre de comte/vicomte n’était donc pas de circonstance, spécifique à cette famille, mais s’inscrivait dans un mouvement politique plus large. La famille LE PELLEY Du MANOIR est A.N.F. (catalogue Valette), « Normandie (Granville), vicomte en 1816 », donc de noblesse attestée suivant les critères reconnus de nos jours.
Alexandre Moatti Ingénieur en chef des Mines (X78)
Président de la SABIX, Société des amis de la Bibliothèque et de l’Histoire de l’École polytechnique.