Lancement d'un drone DT-18 de Delair-Tech

Surveiller les infrastructures de façon plus efficace et moins coûteuse

Dossier : Les dronesMagazine N°718 Octobre 2016
Par Michael De LAGARDE (00)

Les indus­triels ont main­te­nant bien com­pris l’a­van­tage des drones pour leurs opé­ra­tions de sur­veillance sur de grands espaces ou de lieux d’ac­cès dif­fi­cile. Cela a été favo­ri­sé en France par une régle­men­ta­tion intel­li­gente mais qui doit encore anti­ci­per les futurs usages. 


Les drones doivent être opé­rés loca­le­ment, au maxi­mum à quelques dizaines de kilo­mètres de leur point de départ.

EDF, ERDF et RTE entre­tiennent en per­ma­nence un réseau élec­trique d’un total de 400 000 km de lignes. Une grande par­tie du bud­get de main­te­nance est consa­crée à l’élagage de la végé­ta­tion autour des lignes, qui peut cau­ser des dégra­da­tions ou des feux. 

L’inspection est réa­li­sée tra­di­tion­nel­le­ment par des mar­cheurs ou des héli­co­ptères. GRT­gaz sur­vole chaque mois 30 000 km de gazo­ducs enter­rés pour détec­ter des acti­vi­tés inha­bi­tuelles à proxi­mi­té des lignes. L’objectif est de pré­ve­nir les dom­mages qui pour­raient se révé­ler poten­tiel­le­ment catastrophiques. 

Le sur­vol est réa­li­sé par des aéro­nefs habités. 

Free­port-McMo­Ran réa­lise sur ses mines de cuivre en Répu­blique démo­cra­tique du Congo des rele­vés topo­gra­phiques heb­do­ma­daires pour mesu­rer avec pré­ci­sion les quan­ti­tés de mine­rais pré­le­vés. Les rele­vés sont effec­tués à pied, par une large équipe d’experts topo­graphes. Ils néces­sitent un arrêt des acti­vi­tés minières le temps du rele­vé pour des rai­sons de sécurité. 

Dans ces trois appli­ca­tions indus­trielles – et bien d’autres encore –, le drone per­met de s’acquitter avan­ta­geu­se­ment de tâches ingrates, rébar­ba­tives et par­fois dan­ge­reuses, réa­li­sées autre­fois par des êtres humains. 

Les résul­tats sont objec­tifs et quan­ti­ta­tifs alors qu’ils étaient sou­vent fon­dés sur l’appréciation d’experts ; l’efficacité est accrue, les coûts d’exploitation moindres. 

REPÈRES

La maintenance des infrastructures telles que les grands réseaux ou les grands ponts exige un travail régulier de surveillance dont le coût représente une fraction élevée du budget d’entretien. L’utilisation de drones permet d’éviter l’emploi de solutions traditionnelles coûteuses et pas toujours efficaces.

MIEUX DÉCIDER GRÂCE À L’IMAGERIE AÉRIENNE

Dans une ère où l’accès à l’information se flui­di­fie à l’extrême, les déci­sions, autre­fois intui­tives, sont désor­mais prises sur la base de don­nées objec­tives. Elles en deviennent ration­nelles et éclai­rées, géné­rant un accrois­se­ment d’efficacité, de ren­de­ment, de pros­pé­ri­té dans tous les domaines de l’activité humaine. 

“ Le drone permet de s’acquitter de tâches ingrates, rébarbatives et parfois dangereuses ”

Cer­tains appellent cela la révo­lu­tion numé­rique, d’autres l’ère de la connais­sance. En tout cas, il est indé­niable que le chan­ge­ment est effec­tif et profond. 

Le drone vient s’intégrer dans ce pro­ces­sus d’accès à l’information. Il per­met la cap­ture de don­nées brutes, sous formes d’images géo­ré­fé­ren­cées par exemple, en quan­ti­té impor­tante, qui sont ensuite trai­tées, pour en extraire l’information utile et ciblée, et fina­le­ment répondre aux inter­ro­ga­tions de l’utilisateur final. 

DE NOUVEAUX ACTEURS POUR OPÉRER LES FLOTTES DE DRONES

L’industrie nais­sante des drones à usage pro­fes­sion­nel tra­verse une crise d’identité et doit aujourd’hui défi­nir son modèle. 

Les acteurs impli­qués sont mul­tiples : construc­teurs, dis­tri­bu­teurs, opé­ra­teurs et pilotes, ana­lystes image, experts métiers, uti­li­sa­teurs finaux, déci­sion­naires. Les indus­triels – sou­vent tech­no­philes – ont d’abord envi­sa­gé d’opérer eux-mêmes leurs propres flottes de drones. 

Mais, le prin­cipe de réa­li­té aidant, ils ont désor­mais ten­dance à exter­na­li­ser l’activité de col­lecte et de trai­te­ment de don­nées aériennes, s’évitant la lourde tâche d’acheter, puis d’entretenir une flotte et des pilotes capables de les opérer. 

Le plus simple et le plus effi­cace pour eux est d’acheter ce ser­vice sous forme de résul­tats ciblés, direc­te­ment exploi­tables dans leur pro­ces­sus de prise de déci­sion, tan­dis que leurs acti­vi­tés res­tent cen­trées sur leur cœur de métier. 

Le personnel de Delair-Tech
En sep­tembre, la socié­té Delair-Tech obtient la pre­mière cer­ti­fi­ca­tion de type pour DT18, qui devient alors le seul drone au monde à être opé­ré léga­le­ment hors de por­tée visuelle de son opérateur.

LA RÉGLEMENTATION SE MET EN PLACE

L’évolution dans l’espace aérien est une acti­vi­té poten­tiel­le­ment à haut risque : vis-à- vis des infra­struc­tures et per­sonnes au sol, et vis-à-vis des autres usa­gers de l’espace aérien. D’où la néces­si­té de mettre en place des règles strictes, des moyens de cer­ti­fi­ca­tion des machines et des moyens de contrô­ler qu’elles sont uti­li­sées dans le res­pect de ces règles. 

“ L’industrie naissante des drones traverse une crise d’identité ”

Ce besoin est par­ti­cu­liè­re­ment évident dans l’actualité qui fait de plus en plus réfé­rence à des inci­dents liés à des drones ludiques. 

La France a été l’un des pre­miers pays à se doter, dès avril 2012, d’une régle­men­ta­tion aérienne en matière de drones. Ce texte par­ti­cu­liè­re­ment nova­teur pré­voit l’exploitation de drones à des fins com­mer­ciales dans dif­fé­rents types de scé­na­rios pré­dé­fi­nis. En soi, c’est une avan­cée impor­tante et rare à l’époque.

LA FRANCE, PIONNIÈRE EN MATIÈRE DE RÉGLEMENTATION

Dès avril 2012, des arrêtés ont été pris pour réglementer l’usage des drones. Mais l’évolution rapide de ce domaine a amené les autorités à les remplacer par deux arrêtés du 17 décembre 2015, entrés en vigueur cette année.

Mais le légis­la­teur va plus loin, il décrit un cas d’application où un type de drone, moyen­nant le res­pect d’un cahier des charges exi­geant, peut être opé­ré à une dis­tance quel­conque du télé­pi­lote (dans la plu­part des autres régle­men­ta­tions, le drone doit obli­ga­toi­re­ment res­ter à por­tée de vue de son opé­ra­teur pour pou­voir en assu­rer le contrôle). 

C’est une pre­mière mon­diale qui s’apparente à l’époque une petite révo­lu­tion : le monde entier envie à la France ces condi­tions progressistes. 

Le suc­cès de la filière drone en France est en grande par­tie dû à ce texte. Une socié­té comme Delair-Tech, en par­ti­cu­lier, lui doit beau­coup : en sep­tembre, la socié­té obtient de la DGAC la pre­mière cer­ti­fi­ca­tion de type pour DT18, qui devient alors le seul drone au monde à être opé­ré léga­le­ment hors de por­tée visuelle de son opérateur. 

Depuis près de quatre ans, la socié­té opère ses drones dans ces condi­tions, ce qui lui confère une expé­rience unique au monde, et lui per­met de répondre plei­ne­ment aux besoins de ses clients : les grands groupes industriels. 

Aujourd’hui, la régle­men­ta­tion est en plein essor par­tout dans le monde. Citons par exemple les États- Unis qui ouvrent pro­gres­si­ve­ment leur ciel, rat­tra­pant pro­gres­si­ve­ment les avan­cées régle­men­taires dont s’est dotée la France. 

Les États-Unis, vitrine de la tech­no­lo­gie mon­diale, deviennent dès lors un ter­ri­toire incon­tour­nable et s’imposent comme un mar­ché impor­tant dans les sec­teurs de l’agriculture et des infra­struc­tures industrielles. 

SOFTWARE VS HARDWARE

Il est com­mu­né­ment admis que les drones sont – ou seront bien­tôt – des pro­duits rela­ti­ve­ment peu chers, faci­le­ment appro­vi­sion­nables et plus ou moins inter­chan­geables entre appa­reils du même type. 

Drone Delair-Tech DT-26X en vol
Il est pro­bable que les drones de demain soient bien dif­fé­rents de ceux d’aujourd’hui, à mesure que les contraintes qui encadrent leur concep­tion se des­serrent ou se déplacent.

Plus géné­ra­le­ment, il est com­mu­né­ment admis qu’il n’y a aucune valeur ajou­tée dans le hard­ware, que toute la valeur ajou­tée se trouve dans le soft­ware. L’un est le cocher, l’autre sa bête de somme. 

Ces a prio­ri naissent d’une com­pa­rai­son un peu trop rapide du modèle de déve­lop­pe­ment de la télé­pho­nie mobile et de celui des drones. Ils sont entre­te­nus par une auto­per­sua­sion dans les éco­sys­tèmes high-tech où se côtoient entre­pre­neurs et financiers. 

Les pro­jets soft­ware pour les­quels les inves­tis­se­ments ini­tiaux sont faibles et qui peuvent poten­tiel­le­ment tou­cher d’un effet de mode l’ensemble de la popu­la­tion mon­diale y sont prisés. 

En revanche, la concep­tion, l’industrialisation, la pro­duc­tion, la dis­tri­bu­tion de pro­duits maté­riels sont autant de concepts labo­rieux qui effrayent ou rebutent par les temps qui courent. 

Mais les drones ne sont pas un hard­ware comme les autres. Ils sont d’abord des robots, consti­tués d’un « véhi­cule » qui per­met leur navi­ga­tion auto­nome dans le monde réel et d’une « intel­li­gence embar­quée » qui leur per­met de réagir en fonc­tion de leur per­cep­tion de la réalité. 

Comme tous les robots, ils nous côtoient et par­tagent avec nous notre monde, ils doivent donc res­pec­ter cer­taines règles de bon com­por­te­ment, notam­ment de ne pas nous bles­ser et de ne pas atten­ter à notre vie privée. 

“ Contrairement aux idées reçues, une réelle plus-value réside dans la machine ”

Plus par­ti­cu­liè­re­ment, ils par­tagent avec nous notre espace aérien, un espace dans lequel l’évolution de l’humain est plus com­pli­quée qu’ailleurs. Il est pour cela très codi­fié pour assu­rer la sécu­ri­té de ses usagers. 

Les drones doivent pou­voir s’insérer dans cet espace en res­pec­tant ces codes. Cela exige des capa­ci­tés tech­no­lo­giques avan­cées et des exi­gences de fia­bi­li­té démon­trées, ce qui n’est pas tou­jours com­pa­tible avec la pro­duc­tion de masse. 

En matière de drones, contrai­re­ment aux idées reçues, une réelle plus-value réside dans la machine. 

CONCEVOIR LES FORMULES DE DEMAIN

Les machines sont aujourd’hui contraintes par la régle­men­ta­tion. À de très rares excep­tions près, les drones doivent être opé­rés loca­le­ment, au maxi­mum à quelques dizaines de kilo­mètres de leur point de départ. 

UNE OPPOSITION ÉGALEMENT GÉOGRAPHIQUE

Shenzhen, La Mecque du hardware, est en quelque sorte l’anti-San Francisco, capitale du software. On peut lire du côté de la Silicon Valley quelques prémices du dégonflage de la bulle “ techno-financière ” qui s’est établie depuis quelques années.

Cela impose aux machines de devoir décol­ler et se poser un peu n’importe où, sur des pistes non pré­pa­rées. De fait, ces drones doivent être robustes aux atter­ris­sages tout-ter­rain, ce qui grève leurs per­for­mances en vol. 

Dans les années 1930, l’aviation était en plein essor. À mesure que les avions gran­dis­saient et volaient de plus en plus vite, ils furent confron­tés au même pro­blème que les concep­teurs de drones actuel­le­ment : pas de pistes suf­fi­santes pour atterrir. 

Deux ten­dances s’affrontèrent alors : les hydra­vions et les avions ter­restres. Les par­ti­sans de l’hydravion affir­maient que jamais des infra­struc­tures n’existeraient en quan­ti­té suf­fi­sante pour per­mettre de voler n’importe où. Ils se rabat­taient donc sur l’eau, mais le prix à payer était d’emporter en vol une coque de bateau qui alour­dis­sait l’avion.

Fina­le­ment, les aéro­ports ont été construits et les « avions ter­restres » se sont imposés. 

Il est pro­bable que les drones de demain soient bien dif­fé­rents de ceux d’aujourd’hui, à mesure que les contraintes qui encadrent leur concep­tion se des­serrent ou se déplacent. 

Notre métier est aujourd’hui de sen­tir ces ten­dances pour conce­voir dès main­te­nant les for­mules qui s’imposeront demain. 

Delair-Tech

Sur ce site, à la page Media/Movies on trouve un grand nombre de videos sur l’u­ti­li­sa­tion des drones. Nous en avons sélec­tion­né ici quelques unes qui montrent la légé­re­té et la faci­li­té d’emploi

Le DT-18 en sac à dos

Le DT-18 en deux valises

Un peu plus lourd le DT-26X

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