Giuseppe VERDI : les 26 opéras
Vingt-six opéras ! Quelle formidable initiative a prise le Teatro Regio di Parma, pour célébrer les 200 ans de la naissance de Verdi (1813), de produire en six ans dans de parfaites conditions l’ensemble de l’œuvre scénique du compositeur italien, et de l’enregistrer, et de filmer en haute définition.
Vendus séparément ou en coffret, ces coffrets DVD sont une mine d’or pour le simple amateur et le spécialiste.
Pour simplifier, classons les opéras de Verdi en trois catégories. Tout d’abord les opéras extrêmement connus, à juste titre, ceux qu’on appelle la trilogie populaire (La Traviata, Rigoletto, Le Trouvère) auxquels on ajoute généralement Aïda.
Ces quatre opéras sont parmi les opéras les plus représentés au monde (avec Carmen, La Flûte enchantée, Tosca, La Bohème, etc.).
La seconde catégorie sont les opéras de la maturité, postérieurs à la trilogie populaire (1851−1853), tous remarquables et tous insuffisamment connus. Sans les citer intégralement, mentionnons Simon Boccanegra, Don Carlos, La Force du destin, Un bal masqué, des chefs‑d’œuvre.
Comme pour la première catégorie, il en existe des enregistrements et des films, de très bonne qualité.
La troisième catégorie sont les opéras de jeunesse (1839−1850), ceux de la période que Verdi appelait ses « années de galère », tous rarement joués et très rarement enregistrés à deux exceptions notables, Nabucco et Macbeth.
C’est bien entendu pour ces seize opéras de jeunesse que l’initiative du Théâtre de Parme est irremplaçable, quatorze d’entre eux n’étant quasiment jamais joués, et plus d’une dizaine n’existaient pas en image.
Ces opéras de jeunesse sont très intéressants, le style futur de Verdi y transparaît parfaitement, avec une force dramatique bien supérieure aux compositeurs italiens de bel canto quasiment contemporains (Bellini, Donizetti, etc.). On a en permanence l’impression d’entendre du Verdi, en se demandant comment cela se fait que l’on n’a pas entendu cela avant.
Les livrets sont souvent de grande qualité, d’après Schiller (Luisa Miller), Shakespeare (Macbeth), Victor Hugo (Ernani) , Voltaire (Alzira), Byron (Le Corsaire), retraçant des épisodes dramatiques autour de grandes fresques historiques (Jeanne d’Arc, Attila, Les Lombards à la première croisade, Nabucco, I Due Foscari où le doge de Venise est obligé de condamner son fils qu’il sait innocent, etc.).
D’ailleurs au total, Verdi sera le compositeur qui aura le plus puisé dans la grande littérature, deux fois Hugo, trois fois Shakespeare (sans compter Le Roi Lear, que Verdi n’arrivera jamais à réaliser), quatre fois Schiller, deux fois Lord Byron.
L’édition de C Major est de très belle qualité, avec un très beau livret, mais les opéras sont aussi disponibles à l’unité pour ceux qui n’auraient pas le courage (ou les moyens) de se lancer dans la découverte complète (dans ce cas-là, débuter l’écoute des opéras rares par I Due Foscari et Jeanne d’Arc, après naturellement Macbeth, Nabucco, Attila et Luisa Miller, qui ne sont plus rares).
Chaque opéra est également présenté sur le DVD de façon très pédagogique et intéressante. Les distributions à Parme (où le Festival Verdi est une institution mondiale, Verdi étant originaire de cette province) sont très correctes (on y retrouve les chanteurs Leo Nucci (huit fois), Renato Bruson, Marcelo Alvarez, les chefs Muti, Mehta, Temirkanov, Kuhn, Bartoletti, etc.), et les mises en scène tout à fait classiques. Et parfaitement filmés et enregistrés.
Une mine d’or, vraiment.
Interview de Mauro Meli à propos de l’intégrale Verdi
Le Teatro Regio de Parme. Photo by © Roberto Ricci