Aventurière et autres nouvelles
Aventurière est une mise en bouche, fort distrayante au reste. Les nouvelles qui suivent, très courtes, sont un archipel à explorer.
Première escale, Adieu : la visite quotidienne d’une femme mûre à son amant, qui a sombré au plus profond de la maladie d’Alzheimer, la plonge dans des états d’âme où se mêlent la sollicitude, le regret, la consternation.
Mais l’intrusion de la musique dans cette maison de retraite très spécialisée, sous l’apparence d’une pianiste au toucher sensible et au visage rayonnant, réveille au plus profond de l’amant démantibulé un souvenir fulgurant.
Sa mimique ne laisse aucun doute : il est encore capable d’éprouver de l’amour, mais pas pour l’amante d’hier.
Avec les sept nouvelles suivantes, l’auteur exerce ses muscles, ou plutôt ses neurones.
Les quinze dernières nouvelles sont des pierres précieuses, finement ciselées.
Prenons (presque au hasard) la dixième, La foule : un misanthrope vivant à Paris reçoit un appel d’un ami, qui passe à l’instant sous ses fenêtres dans un défilé de masse ; il veut monter le saluer. Le voilà aussitôt envahi par une joyeuse horde.
Parmi eux, une brunette s’intéresse vraiment à lui : hélas, il comprend vite qu’il n’est pour elle qu’un échantillon paradoxal pour son enquête sociologique sur la psychologie des foules.
Les autres bijoux de cet écrin sont tout aussi finement taillés à partir de pierres brutes de bonne eau, synthétisées dans le creuset balzacien de la société.