Sous le soleil de SADDAM
Comme le souligne la quatrième de couverture le livre d’Erik Egnell est largement autobiographique. L’action se déroule donc en Irak entre 1978 et 1980, tandis qu’Erik Egnell, pardon Hubert Lange dans le roman, était chef du poste commercial de l’ambassade de France.
Ces années-là sont particulièrement agitées dans ce pays : 1978 marque les dix ans du coup d’État du parti Baas dont s’empare petit à petit Saddam Hussein qui devient président de l’Irak le 16 juillet 1979 et fait assassiner 22 membres de ce Parti le lendemain.
Simultanément les revenus du pétrole autorisent des dépenses extraordinaires, des grands chantiers qui intéressent les entreprises françaises et les intermédiaires de toutes sortes.
1979 c’est aussi l’année où le shah d’Iran est renversé au profit de la révolution islamique qui amène l’imam Khomeiny au pouvoir, imam qui fut réfugié en Irak de 1964 à 1978 puis chassé d’Irak pour activisme prochiite exacerbé.
Le contexte historique de ce roman est à lui tout seul une source forte d’intérêt d’autant plus que le narrateur en a été un témoin bien renseigné.
Mais on rentre aussi dans les intrigues commerciales des diverses entreprises, tentées de prendre le plus grand nombre de marchés possibles et surtout les plus gros ; les administrations sont les autorités contractantes du côté irakien et chaque pays mobilise son ambassade et ses conseillers. On assiste donc à ces compétitions au plus près des parties prenantes.
Hubert Lange doit déployer tous ses talents notamment pour que les entreprises françaises remportent le contrat d’Al-Mudawwara. Mais dans les affrontements, le cœur même des contrats ne compte pas moins que les contacts que ces affaires suscitent : les collaborateurs qu’on apprend à connaître, les relations d’affaires dont on tente de comprendre les motivations, les apporteurs d’affaires qui s’agitent.
L’auteur nous régale dans ses descriptions des hommes (mais aussi des femmes) et des atmosphères dans lesquelles ils baignent. Le style est ciselé, précis et minutieux.
Le livre se laisse lire facilement et nous fait voyager dans un autre monde, dans un autre temps, ce qui, par moments, m’a fait penser au Désert des Tartares de Buzzati, dans ces contrées où il faut se précipiter sans hâte, tout en restant sur ses gardes.
Le fameux contrat dont il est question dès le début du roman va-t-il se concrétiser ?