École française de la finance
Cet ouvrage regroupe les articles d’une trentaine d’auteurs (universitaires, responsables d’entreprises du secteur financier, hauts fonctionnaires, etc.)– dont cinq de nos camarades – se posant la question de l’existence d’une véritable « École française de la finance ».
Or depuis 1815 la France, n’étant plus une puissance dominante, n’est pas en mesure d’exercer, dans un tel domaine, un quelconque ascendant sur le reste du monde, mais tout au plus d’apporter une éventuelle contribution originale et constructive à des théories venues d’ailleurs.
L’analyse de la situation française est effectuée à l’aune de quatre grandes questions, deux relatives aux concepts et deux à l’observation du fonctionnement réel du secteur financier français. Existe-t-il en France un courant de pensée original, une tradition de responsabilité et d’éthique, des pratiques distinctives, un modèle spécifique d’organisation ?
Sur les deux premiers thèmes, les auteurs mettent en avant l’importance des mathématiques pour les économistes français, et le rôle particulier qu’y jouent les ingénieurs. Une conséquence est qu’à la différence des économistes anglo-saxons les Français et plus généralement les Européens continentaux s’intéressent aux théories économiques non-browniennes issues des travaux de notre camarade Mendelbrot, inventeur des fractales.
On retrouve la même opposition sur le plan juridique entre les tenants d’une common law essentiellement basée sur la jurisprudence et ceux d’un système romano-germanique plus codifié. Enfin sur le plan éthique, les Anglo-Saxons sont plutôt partisans de l’autorégulation, alors que les Français estiment qu’elle doit être complétée par une solide réglementation.
Le traitement des deux autres thèmes consiste en une revue des pratiques françaises dans un certain nombre de domaines : système de retraites, financement des ménages, du logement, de l’investissement, des équipements collectifs, politiques publiques, organisation du système bancaire, rôle des secteurs public et mutualiste, comptabilité.
Comme l’indique Michel Pébereau dans son introduction, il est clair que cet ouvrage n’est qu’une première approche qui devra être approfondie « pour mieux cerner les spécificités » françaises et « comparer nos conceptions et nos pratiques à celles des principaux pays proches du nôtre, notamment ceux de la zone euro ».