La conjuration de Göttingen
Voici un roman policier qui se veut un roman d’espionnage. Écrit par un polytechnicien, chacun s’attend à ce que l’intrigue se déroule dans un milieu scientifique.
L’action principale se déroule aux États-Unis en 1953, mais l’auteur fait allusion à des événements survenus en Allemagne entre les années 1895 et 1945.
Tout commence par le meurtre d’un bibliothécaire de l’université dans le cimetière de Princeton. Cet acte sanglant déclenche une enquête et aboutit à la recherche d’une lettre mystérieuse à laquelle sont mêlés de célèbres physiciens de la première moitié du XXe siècle, depuis Robert Oppenheimer à Albert Einstein.
Le contexte américain de l’époque est dominé par le maccarthysme, le rôle ambigu joué par J. Edgar Hoover et l’exécution annoncée des époux Rosenberg pour espionnage en faveur de l’URSS.
L’auteur laisse planer le doute sur le secret scientifique contenu dans cette lettre. S’agit-il de la tentative de fabrication d’une bombe atomique par l’Allemagne nazie ? De la réussite de l’URSS pour confectionner la sienne ? Ou d’un événement survenu au début du siècle ?
Inutile de résumer ici cet excellent thriller que j’ai lu avec passion. L’auteur mène l’intrigue tambour battant, passant d’un personnage à un autre. Le héros, un modeste inspecteur de la ville de Princeton, surmonte au péril de sa vie des situations dramatiques.
Jérôme Legras décrit avec soin le « méchant », un ancien nazi réfugié aux États-Unis après la guerre. Il sait semer des indices presque indécelables pour amener des bouleversements qui font rebondir l’action, ce qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la fin.
En arrière-plan se trouve la polémique concernant la découverte de la relativité restreinte, resurgie à l’occasion du centenaire de la publication de l’article fondateur d’Einstein.
Jérôme Legras prend position, mais il n’oblige pas le lecteur à être d’accord avec lui. La réponse à cette question ne relève pas d’un thriller. Lecture hautement recommandée.