Roland SÉNÉOR (58), un physicien qui a marqué l’histoire de l’École
À l’École, Roland Sénéor s’est vite distingué pendant la campagne de Kès et a été désigné GénéK par ses acolytes de la Khomiss. Cette période de « missaire » a été particulièrement riche dans la mesure où le général Jacques de Guillebon (30) qui commandait l’X avait été lui-même missaire. Aussi à plusieurs reprises, ils se retrouvaient tous deux dans le plus grand secret, autour de 2 heures du matin, dans les caves et les sous-sols les plus isolés de l’École pour bavarder, faire des projets en dégustant des cocktails agréables !
L’un d’entre eux était bien sûr aux aguets et lorsque la venue de l’adjudant de service était signalée, le général (habillé et déguisé comme eux) prenait la fuite discrètement pour regagner son appartement !
Mais au cours de ces deux années à l’École, Roland a fréquenté assidûment les laboratoires de recherche en physique. Il a poursuivi dans ce domaine et obtenu le titre de docteur ès sciences.
DE LA RECHERCHE À L’ENSEIGNEMENT
Il a ensuite tout naturellement rejoint l’École polytechnique. Maurice Bernard (48) qui l’a bien connu témoigne : « Roland Sénéor était enseignant au département de physique de 1979 à 1994 où il a enseigné un spectre de sujets extrêmement vaste, allant de la théorie des champs jusqu’à la physique des matériaux.
“ Très attaché aux destins personnels des élèves, il s’est occupé d’eux au-delà de l’enseignement de cours ”
Très attaché aux destins personnels des élèves, il s’est occupé d’eux au-delà de l’enseignement de cours. En particulier, il a participé à l’enseignement d’heures de tutorat pour les élèves en difficulté, ceci jusqu’à ses tout derniers jours. »
Roland Sénéor était chercheur au Centre de physique théorique (CPHT) de l’École polytechnique où il fut le fondateur de l’équipe travaillant sur la théorie constructive des champs, équipe qui sut se mettre rapidement à la pointe de la recherche dans ce domaine sur le plan mondial.
UN RÉFORMATEUR SOUCIEUX D’OUVRIR L’X SUR LE MONDE
La mémoire de Roland Sénéor restera gravée dans l’histoire de l’École polytechnique : il était le fondateur de son troisième cycle, puis de l’École doctorale. Il a créé aussi le concours EV2 pour les élèves étrangers et il fut le premier directeur des relations extérieures de l’École polytechnique.
Jusqu’à sa mort, il occupait la fonction importante de directeur du réseau haut débit du plateau de Saclay. Avec ses collaborateurs, Laurent Baulieu et Jean Iliopoulos, il a notamment rédigé une synthèse exceptionnelle sur la théorie des particules élémentaires, From Classical to Quantum Fields, qui s’adresse évidemment à des initiés de la physique moderne !
Les témoignages que nous avons pu recueillir de la part de ses élèves étrangers, ou de ceux à qui il a fait passer le concours, notamment à Santiago du Chili sont également unanimes à louer sa simplicité, sa discrétion et surtout l’attention qu’il portait à ses élèves qu’il écoutait très attentivement.
C’est donc à la fois d’un ami, d’un collègue et bien sûr d’un bon camarade que nous déplorons la disparition ; on gardera en mémoire la figure d’un personnage hors du commun et de son œuvre immense.