L’identité militaire, un atout fort de l’X
Il est bon de rappeler quelques éléments marquants de l’évolution récente l’X, notamment son ouverture à l’international et l’élargissement de son offre de formation.
Aujourd’hui, plus d’un quart des élèves du cycle polytechnicien sont étrangers. L’École accueille aussi près d’un millier d’étudiants civils dans les formations de master et les doctorats.
Cette tendance sera croissante avec la montée en puissance des nouvelles formations « graduate degree » et « bachelor » ouvertes respectivement en 2016 et 2017. En conséquence, les élèves officiers deviendront minoritaires d’ici cinq ans.
UN STATUT REVU EN 2015
L’École polytechnique a également changé de statut : depuis 2015, l’École est un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel bénéficiant des responsabilités et compétences élargies, constitué sous la forme d’un grand établissement au sens de l’article L.717–1 du code de l’éducation.
“ L’École est un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel ”
Elle est soumise aux dispositions de ce même code et des textes pris pour son application. Cette évolution est importante car elle acte le rapprochement avec le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche et l’affirmation de missions en faveur du développement économique.
Elle offre à l’École des opportunités (possibilité d’association avec d’autres écoles ou universités, fondations partenariales, services d’activité industrielle et commerciale…) qu’elle ne pouvait avoir en restant simple établissement public à caractère administratif.
La gouvernance de l’École a également évolué : son président est maintenant un président exécutif qui administre à temps complet l’École dans le cadre des orientations définies par le Conseil d’administration.
Il est assisté par le directeur général ainsi que par le directeur de l’enseignement et de la recherche pour les matières relevant de sa compétence.
TUTELLE DU MINISTRE DES ARMÉES
Pour autant, l’X reste sous commandement militaire d’un officier général qui en est le directeur général, responsable devant le ministre des Armées de l’observation des règlements militaires à l’intérieur de l’École et de la formation militaire des élèves du cycle ingénieur polytechnicien pour le temps où ils sont sous son commandement.
Dans leur grande majorité, les élèves ingénieurs sont très attachés aux traditions militaires de l’École et ont à cœur de les faire vivre.
© ÉCOLE POLYTECHNIQUE – J. BARANDE
Garant de la discipline au sein de l’établissement, il dispose des prérogatives conférées à l’autorité militaire de deuxième niveau prévue dans le code de la défense. L’organisation de ce commandement repose toujours sur un chef de corps, directeur de la formation humaine et militaire, qui a autorité sur les commandants de promotion, les commandants de compagnies et les chefs de section.
Cette organisation est indispensable à l’encadrement des élèves officiers polytechniciens (EOX) en cours de scolarité. Ces EOX signent dès leur incorporation un contrat les liant au statut militaire et restent soldés comme tels durant leurs 4 années de scolarité (3 pour ceux qui rejoignent les corps de l’État).
Fidèle à son histoire, notamment sa militarisation par Napoléon Ier en 1804, l’École reste donc bien une institution militaire sous tutelle du ministre des Armées. Première école d’officiers à défiler sur les Champs-Élysées le 14 juillet, elle est fière d’arborer le drapeau de l’École orné de sa devise « Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire » et portant son fait d’armes « Défense de Paris, 1814 », un grand uniforme à nul autre pareil ainsi qu’un hymne composé par un élève de la promotion 2012 (l’Ode à Vaneau).
Elle est même la première formation militaire en termes de volume d’incorporation avec plus de 400 élèves français intégrant ses rangs chaque année.
UNE EMPREINTE MILITAIRE FORTE
Au-delà de ce rappel, il est important de noter que l’École reste fortement empreinte de culture militaire. La formation du cycle ingénieur polytechnicien accorde une part importante à la formation militaire initiale (un mois à La Courtine) et 75 % des EOX font leur stage de première année dans les Armées, la Gendarmerie nationale ou des services relevant du ministère des Armées.
“ L’identité militaire est perçue comme très positive et rallie également les suffrages parmi les étudiants internationaux ”
Pour beaucoup d’élèves, ce stage est l’occasion d’exercer pour la première fois de vraies responsabilités. Du chef de section en régiment au chef d’agrès à la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris en passant par le chef de quart sur un bâtiment de la Marine nationale, l’élève polytechnicien appréhende le commandement et le travail en équipe et l’immersion dans une structure professionnelle.
Ultérieurement, l’instruction militaire et sportive est dispensée par l’encadrement militaire qui est au contact direct des élèves. Les X bénéficient ainsi de l’expérience de leurs cadres pour développer des qualités de leadership, de cohésion et de sens de l’intérêt général.
L’audace, l’engagement personnel et collectif, la responsabilisation mais aussi l’ouverture font partie des valeurs que l’École est fière de transmettre à ses élèves en cohérence avec un projet pédagogique qui demeure unique au monde.
La sensibilisation aux problématiques de défense fait l’objet d’un véritable parcours défense valorisé dans le cursus des élèves polytechniciens : formation d’officier de réserve, interventions de hauts responsables militaires, liens étroits avec la Direction générale de l’armement et l’industrie de défense, cours axé Défense dans le cadre du séminaire Humanités et sciences sociales (prévu à compter de la rentrée 2017).
Les X se voient confier l’organisation de conférences, qui rencontrent un fort intérêt notamment lorsqu’elles portent sur la cyberdéfense, le renseignement ou la préservation de la souveraineté. Elles leur permettent de disposer d’une excellente vision sur les intérêts de la Nation.
DES ÉLÈVES ATTACHÉS AU STATUT MILITAIRE
Dans leur grande majorité, les élèves ingénieurs sont très attachés aux traditions militaires de l’École et ont à cœur de les faire vivre.
Les étudiants internationaux sont près de 140 par an à intégrer le cycle ingénieur polytechnicien, ils sont encadrés par la direction de la formation humaine et militaire et accompagnés par les élèves français. © ÉCOLE POLYTECHNIQUE – J. BARANDE
Chaque année, des élèves de deuxième et troisième année s’investissent dans l’incorporation de la nouvelle promotion et assurent la permanence de l’esprit de corps.
Par la suite, les prises d’armes (présentation et passation au drapeau), la cérémonie bimensuelle de levée des couleurs ou la préparation du défilé contribuent à forger cette cohésion autour des valeurs militaires. Récemment la promotion 2016 a rendu un vibrant hommage à leur camarade Caroline Aigle (94), première femme pilote de chasse.
Aujourd’hui, l’identité militaire est perçue comme très positive et rallie également les suffrages parmi les étudiants internationaux, qui sont près de 140 par an à intégrer le cycle ingénieur polytechnicien.
Encadrés par la direction de la formation humaine et militaire et accompagnés par les élèves français, ils contribuent à la diversité des promotions et témoignent de l’ouverture de l’École sur le monde.
Un nombre croissant d’entre eux souhaitent participer à la formation militaire initiale voire aux stages militaires.
UN ÉTABLISSEMENT AU CŒUR DES ENJEUX DE LA DÉFENSE
L’importance du lien entre l’École et la Défense a été réaffirmée dans le cadre du rapport Attali et son développement fait l’objet de tout un pan du contrat d’objectifs et de performance pour les années 2017–2021.
Il est prévu de renforcer la sensibilisation aux enjeux de défense et de constituer un « pôle d’études de guerre » à l’École. La présentation des apports spécifiques de l’économie de défense (en matière d’innovation, d’emploi, d’export) sera ajoutée au cursus de formation.
Des accords de partenariat avec d’autres entités militaires seront également signés comme cela a été récemment le cas avec la direction du renseignement militaire.
Toutes ces actions démontrent, si besoin en était, que la dimension militaire de l’X reste importante. Les qualités issues de l’institution militaire forment assurément le socle des valeurs de l’École et de la communauté polytechnicienne. Dans ce contexte, les liens avec les anciens demeurent essentiels car ils participent à la mémoire collective et à l’entretien d’un patrimoine unique.
LES DÉFIS DE L’ÉLARGISSEMENT
Et les autres étudiants de l’École ? L’École doit relever le défi de l’élargissement de son offre de formation sans diluer le caractère identitaire du cycle ingénieur qui a forgé depuis deux siècles sa renommée et son prestige.
“ Les qualités issues de l’institution militaire forment le socle des valeurs de l’École ”
Au contraire, l’École s’emploie à garantir les fondamentaux qui font l’excellence de la formation – et notamment la formation humaine et militaire qui est un marqueur identitaire fort de l’École – tout en s’adaptant pour préserver sa compétitivité dans le marché très concurrentiel de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Les autres populations estudiantines (étudiants du « bachelor », du « graduate degree », de master, doctorants, formation continue) ont toute leur place à l’École polytechnique et prendront part à l’héritage de l’institution.
Dès lors, il importe de construire et d’entretenir un référentiel commun de valeurs portant l’identité de l’X. Outre l’excellence scientifique, il est indispensable de valoriser la longue tradition humaniste et de service de la patrie.
C’est l’un des objectifs que se fixe la direction générale pour les prochaines années.