Jean-Sébastien BACH : 6 Concertos Brandebourgeois
En même temps qu’il créait le phénoménal Orchestre du Festival de Lucerne, composé des meilleurs pupitres des orchestres philharmoniques et de nombreux solistes, Claudio Abbado a créé l’Orchestra Mozart, au milieu des années 2000, pour interpréter les musiques du XVIIIe siècle avec un petit effectif.
Les premiers concerts et premiers disques à succès l’ont été autour de Mozart, jusqu’à ces représentations en 2007 des Concertos brandebourgeois de Bach (composés près de soixante-dix ans avant les dernières œuvres de Mozart).
Comme à Lucerne, Abbado a choisi attentivement les interprètes parmi les musiciens qu’il apprécie, panachant des artistes que l’on voit beaucoup à Lucerne (le contrebassiste Alois Posch, le premier violon Raphael Christ, le trompettiste Reinhold Friedrich, le flûtiste Jacques Zoon…) et des grands solistes du monde baroque (Giuliano Carmignola, violon solo, Michala Petri à la flûte à bec, le grand Ottavio Dantone au clavecin…).
Le disque est sorti en 2007 à une période où sont parus également les enregistrements de symphonies et de concertos de Mozart (déjà avec Carmignola en soliste).
Mais le DVD et l’image permettent de bien mieux identifier ce qui rend exceptionnelles ces interprétations et ce qui en fait un événement. Les amateurs du disque compact publié en 2007 doivent se procurer ce film, les amateurs de Bach également.
Les Concertos brandebourgeois, publiés en 1721, sont les seules véritables œuvres de Bach dans le style des concerti grossi, concertos pour nombreux solistes, que Haendel et Vivaldi, ses exacts contemporains, ont bien plus largement représentés.
Dans le très beau théâtre à l’italienne de la ville de Reggio d’Émilie, Abbado fait changer ses musiciens de configuration et de placement pour chaque concerto, adaptant l’effectif d’une petite dizaine à près de vingt musiciens selon les œuvres. Abbado dirige par cœur de façon très économe, étant même difficilement visible pour le Concerto n° 5, caché par le superbe et élégant, coloré et enluminé, clavecin de Dantone. Abbado est même absent pour le Concerto n° 6, où il laisse seuls les huit musiciens.
La réalisation nous montre bien tous les instrumentistes, tous impeccables.
Les musiciens, qui jouent tous debout comme à l’époque, sauf les violoncellistes, le claveciniste et le contrebassiste, sont visiblement heureux de jouer cette musique dans ces conditions, chambriste mais avec un grand impact, authentique mais sans dogmatisme.
La joie se sent à l’extrême pour le célèbre finale du second concerto, qu’ils bissent d’ailleurs après les applaudissements et que la scène a été recouverte de fleurs par les spectateurs, Michala Petri échangeant sa flûte à bec contre un piccolo pour éviter la monotonie.