Leonard BERNSTEIN, 1918–2018
Pour le centenaire de sa naissance, un récapitulatif de ses plus beaux enregistrements
Nous fêtons cette année le centenaire de la naissance de Leonard Bernstein. C’est l’occasion de revenir sur la carrière d’un des artistes les plus marquants du XXe siècle et de commenter quelques images de l’héritage qu’il nous a laissé.
Leonard Bernstein était un musicien complet. Comme compositeur, il est à la fois l’auteur de musicals célèbres de Broadway (West Side Story, etc.) et d’œuvres de musiques « sérieuses » (symphonies, ballets…) que l’on conseille au plus haut point. Ses œuvres sont souvent engagées, vecteurs de sens et de messages, politiques ou religieux.
Mais Leonard Bernstein était aussi un grand pédagogue (ayant fait découvrir la musique classique à des millions de jeunes téléspectateurs américains), pianiste de niveau international, et surtout un des plus grands chefs d’orchestre du XXe siècle, dirigeant avec succès et authenticité trois siècles de musique depuis Haydn jusqu’aux contemporains américains.
Pour découvrir et apprécier le Bernstein auteur de musicals, trois DVD à conseiller sans réserve. Tout d’abord, naturellement West Side Story, dans le film réalisé en 1961, cinq ans après la création de la comédie musicale, par Robert Wise avec Natalie Wood. Tout y est.
Mais plus original nous conseillons aussi le making-of de l’enregistrement en disque que Bernstein réalisa de sa comédie musicale en 1984 avec l’idée surprenante d’y faire chanter des stars d’opéra (DVD Deutsche Grammophon 466609).
On voit donc dans ce DVD de répétition Lenny tenter de faire swinger deux des plus grands artistes de l’époque, Kiri Te Kanawa et José Carreras, avec un mélange savoureux d’autorité et de cool attitude.
Et pour terminer, nous recommandons fortement Candide, une comédie musicale encore plus ironique que le conte de Voltaire vis-à-vis de la philosophie optimiste de Leibniz (caricaturée par Voltaire en un « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles »). Bernstein y mélange les styles et les musiques pour en faire une œuvre complète, facile d’accès mais résolument moderne.
Le DVD (Deutsche Grammophon) présente une version de concert, dirigée et commentée par Bernstein lui-même à Londres, à acquérir sans hésiter.
Toujours pour découvrir Bernstein compositeur, nous choisissons de vous conseiller le DVD (Deutsche Grammophon) où il dirige sa Symphonie n° 2 « Age of Anxiety » (avec le jeune Krystian Zimerman au piano, qui depuis a fait une carrière formidable), et sa Sérénade (en fait un concerto pour violon) d’après Platon (avec le jeune Gidon Kremer au violon, qui lui aussi est devenu une star).
Deux œuvres magnifiques, très caractéristiques des compositions importantes de Bernstein, mahlériennes, faciles d’accès, toujours porteuses d’un poids littéraire ou d’un poids religieux ; ses deux autres symphonies ont pour thème le kaddish (la prière juive pour les morts) et les lamentations de Jérémie…
Pour le Bernstein chef d’orchestre, on trouve en DVD les enregistrements passionnants par Bernstein des grandes symphonies de Beethoven, Brahms, Schumann, Mahler, Sibelius (et Bruckner, Franck, Haydn, etc.), et des chefs‑d’œuvre américains (Gershwin, Ives, Copland, Bernstein lui-même on l’a dit). Tous à recommander.
Nous choisissons de distinguer le DVD de Bernstein dans Mozart (17e Concerto, 39e Symphonie) qui est une rareté. En effet, Leonard Bernstein était aussi un grand pianiste, que l’on connaît dans son élément dans Gershwin ou comme accompagnateur au piano dans Mahler. Mais là, dirigeant l’orchestre de Vienne depuis son Bösendorfer, il donne une vraie leçon de style mozartien, montrant une grande concentration.
Dans le final de la 39e Symphonie, un des mouvements les plus festifs de Mozart, on retrouve un Bernstein dansant et entraînant.
Et comment ne pas citer également l’événement de Noël 1989, lorsque Bernstein courut sur les ruines du mur de Berlin diriger la Neuvième de Beethoven avec un orchestre venant des deux Allemagnes (Munich et Dresde) et des quatre puissances occupantes (orchestres de Leningrad, New York, Paris et Londres).
Le mot Joie avait été remplacé par le mot Liberté, et la symphonie se termine donc par l’Ode « à la Liberté », d’après Schiller. Une interprétation exceptionnellement prenante, de près d’une heure et demi, à la hauteur de l’événement.
Il nous faut parler pour finir des talents de Bernstein pédagogue. Bernstein a tenu deux séries d’émissions pédagogiques pour la télévision américaine, dans les programmes éducatifs Omnibus dans les années 50 et Young People’s Concerts dans les années 60.
Ces émissions, en noir et blanc, sont passionnantes. Trouvables sur Youtube, je recommande ici à titre d’exemple les épisodes qui m’ont le plus marqué : « What is a recitative ? », « Humor in Music », « What is Jazz ? ». Un artiste complet, vraiment.