Les 50 ans du corps de l’armement
La réussite de la fusion des corps, malgré la réduction des effectifs, a montré tout l’intérêt pour la haute fonction publique d’avoir dans ses rangs des ingénieurs. C’est dans la vocation de l’École polytechnique, et dans l’intérêt général d’avoir un État qui intègre pleinement les dimensions scientifiques et l’innovation technologique.
À la fin des années 50, la très grande majorité des élèves polytechniciens sortaient dans un corps militaire à l’issue de leurs études, comme cela avait été le cas depuis la création de l’École en 1794.
Dans la décennie qui a suivi, le nombre d’élèves qui rejoignaient un corps d’officier des armées a très fortement chuté et le principal recrutement, à la sortie de l’École polytechnique dans des corps à statut militaire, est devenu celui des corps d’ingénieurs. Depuis 1968, on peut même réduire au corps des ingénieurs de l’armement, corps dont nous marquons le cinquantenaire dans ce numéro de La Jaune et la Rouge.
Ce corps est issu de la fusion des anciens corps d’ingénieurs militaires de sortie de l’X. En effet, l’Armement a été précurseur dans cette démarche de fusion, qui ensuite, dans d’autres ministères, a conduit à des regroupements au corps des Mines et au corps des Ponts, des Eaux et des Forêts.
Les besoins et les choix de l’État ont fait que le nombre de places offertes dans les corps a beaucoup diminué, mais je me réjouis de ce que l’Armement soit resté stable ces dernières années avec 18 admissions chaque année.
Même si, au total, les corps de l’État n’ont plus le volume antérieur, il demeure très important que, chaque année, des ingénieurs rejoignent la haute fonction publique. C’est dans la vocation de l’École polytechnique, que soutient l’AX, et dans l’intérêt général pour avoir un État efficace, stratège et régulateur, en intégrant pleinement les dimensions scientifiques et d’innovation technologique.
L’armement français est, aujourd’hui, en bonne position, avec des matériels performants et compétitifs, malgré des budgets beaucoup plus contraints que ceux des forces américaines. L’excellente réussite des exportations en témoigne.
Pour les systèmes de défense, les ingénieurs de l’armement ont montré tout leur savoir-faire, qu’ils soient dans l’industrie ou à la DGA dont les succès montrent tout l’intérêt d’avoir un corps d’ingénieurs de haut niveau.
Réunir une base de lancement de fusées, une centrale atomique, un village avec son hôpital, le tout sous l’eau, et en toute discrétion acoustique, voilà un exemple de réalisation extraordinaire à laquelle très peu de pays peuvent prétendre et où les ingénieurs de l’armement ont joué un rôle prépondérant.
Dans les autres domaines, pour la dissuasion nucléaire, les systèmes terrestres, aéronautiques, spatiaux, de renseignement, et aujourd’hui de cyberdéfense, les ingénieurs de l’armement peuvent aussi se féliciter de très beaux accomplissements.
Lors du petit-déjeuner polytechnicien du 5 février, la ministre des Armées, Florence Parly, nous a dit toute l’importance d’un renforcement de la Défense, et les décisions d’augmentations du budget qui résultent de cette conviction.
Nul doute que les polytechniciens, ingénieurs de l’armement, sauront prendre toute leur part dans cet effort de la Nation.
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des origines du corps de l’armement (éditorial de B. Angles)
Les 6 089 élèves sortis de 1946 à 1967 et admissibles dans les services publics se répartissent ainsi :
Les 9 503 élèves sortis de même de 1900 à 1945 se répartissent ainsi , le tout selon les frontières des corps de l’époque :
La grande majorité n’est donc pas sortie dans les corps militaires après 1900, et l’assertion contraire n’a été vraie que pendant une partie du XIXe siècle. Du reste le ministère de la Guerre ne fixait aucune limite au recrutement de l’Artillerie et du Génie, et les successeurs de ces militaires ont ensuite grossi le nombre des démissionnaires.
Après la guerre de 1914, le recrutement a été arrêté pendant plusieurs années, signe d’une crise morale dans un milieu qui a eu beaucoup moins de pertes que les Saint-Cyriens.
Il a repris ensuite, mais les officiers X ne faisaient plus qu’un passage dans l’armée. Après 1945, il s’est tari définitivement.
Je signale encore que le corps de l’Artillerie était chargé de l’arme et du service jusqu’en 1935, et que les officiers pouvaient faire toute leur carrière dans l’arme ou dans le service. La coexistence durait depuis la création en 1755 du corps des officiers de l’artillerie par fusion de corps existants, dont l’un était chargé des arsenaux, des places et de la direction du tir au combat. Le service est devenu DEFA puis DGA. Et il y a eu aussi des fusions de corps civils.
Bernard LUTUN, X74.
Sortie des élèves,1794–1853, d’après le répertoire de Marielle
Marielle, alors archiviste de l’Ecole, fournit les renseignements suivants, qui complètent ceux que j’ai tirés des listes des jurys de sortie pour l’époque 1900–1967..
De 1794 à 1853, 7 688 élèves sont sortis de l’école, dont 6 131 dans seize services publics, 1 221 démissionnaires et 336 autres sorties (dont 145 décédés pendant leurs études). 438 élèves ont été admis dans les services publics après leur sortie ; ils ont été pris parmi les retirés ou les « autres sorties ». La répartition des 6 131 + 438 = 6 569 fonctionnaires entre les services est la suivante :
9 Services ou corps militaires : artillerie de la Marine, 149 ; artillerie de terre, 2 504 ; corps d’état-major, 204 ; génie militaire, 1 338 ; infanterie, cavalerie, maison du Roi, 205 ; ingénieurs géographes, 107 ; Marine, 213 ; génie maritime, 196 ; ingénieurs hydrographes, 27. Total : 4 943 (75%).
7 services ou corps civils : ponts et chaussées, 1 206 ; mines, 226 ; poudres et salpêtres, 36 ; tabacs, 38 ; lignes télégraphiques, 95 ; instruction publique, 21 ; agriculture et commerce, 4. Total : 1 626 (25%).
Bernard LUTUN, X74.
Direction des Fabrications de l’Armement
Bonjour,
Le Corps de l’Armement est lui-même le résultat de nombreuses évolutions au cours de la période 1918 à 1940. Période qui a vu :
Ces ingénieurs militaires des fabrications d’armement https://tenue31.fr/service-fabrications-darmement/
ainsi que les ingénieurs des poudres https://tenue31.fr/service-poudres/
formèrent ensuite deux des six corps d’ingénieurs militaires fusionnés en 1961 lors de la création de la Délégation Ministérielle pour l’Armement, puis Corps des Ingénieurs de l’Armement en 1968.
Il serait dommage que la défaite de 1940 oblitère l’énorme travail de transformation militaro-industrielle initiée dès 1933⁄1935 (sans doute trop tard).
N’aurait-il pas fallu célébrer aussi les 65 ans de la Direction des Fabrications de l’Armement ?
Bien cordialement
Laurent Hélaine