Yannik BONNET (52), la passion de l’humain
Yannik avait une personnalité forte, qui le poussait à s’exprimer aussi bien par l’écrit, avec neuf livres publiés entre 1989 et 2013, et de nombreux articles dans diverses revues, que par un discours nourri de culture classique, assorti d’un sens inné de la formule qui frappe.
C’est ainsi que, récemment ordonné, chargé de célébrer la messe du 15 août au Puy-en-Velay, devant un auditoire a priori peu enclin à écouter le sermon d’un prêtre, il avait su capter l’attention de tous en évoquant, d’emblée, le souvenir de l’annonce par sa femme de la venue de leur septième enfant.
Être heureux au travail
Faut-il mettre sur cette force de conviction son élection au conseil municipal de Lyon, sur la liste de Raymond Barre ?
Il y apportait son expérience de l’entreprise, qui inspirait ses trois premiers ouvrages, et en particulier Être heureux au travail, publié en novembre 1992, et dont le journal Le Monde avait donné un commentaire se terminant ainsi : « Il croit (aidé par son catholicisme affiché en fin de parcours) aux richesses de la personne et aux possibilités de son développement en toutes circonstances, aux vertus du temps, des rapports avec l’autre, à la joie de transmettre, à la préservation de l’équilibre grâce à la famille, à la force apportée par le syndicalisme. Un peu rose ? Sans doute, mais sa foi est communicative. »
« L’Égalité n’existe pas ! »
Le Centre français du patronat chrétien (devenu aujourd’hui Entrepreneurs et Dirigeants chrétiens) lui avait naturellement confié, dans les années 90, la responsabilité de la parution de sa revue, Professions et Entreprises.
Un des articles qu’il avait rédigés lui-même, en 1996, sous le titre « L’Égalité n’existe pas ! », se terminait ainsi : « Nous passons notre temps, soit à nous tromper de combat en nous indignant stupidement devant des inégalités contre lesquelles nous ne pouvons rien, soit à fermer les yeux devant des injustices auxquelles nous pourrions apporter des remèdes, en prétextant que c’est le rôle de l’État, des patrons ou des organismes sociaux.
L’égalité n’existe pas, l’équité est insuffisante, notre justice est imparfaite, notre amour n’est pas illimité. Mais notre petit amour, quoique fini, s’il est patient, obstiné, persévérant, peut faire des miracles. Et le premier miracle pour celui qui se sent défavorisé, c’est de se voir regardé avec amour. »
Le sens de la famille
Sa culture classique, son sens de l’humain et son obsession que la famille reste au rang des valeurs à maintenir à tout prix le poussaient à s’exprimer, parfois avec virulence, sur l’évolution, à ses yeux préoccupante, de la qualité de l’enseignement en France.
Qu’on se rappelle à cet égard son article, dans La Jaune et la Rouge, en mai 2008, qui plaidait pour que soient rétablis le certificat d’études et l’examen d’entrée en sixième.
Un peu dépassée, ou toujours d’actualité, la leçon que Yannik Bonnet a ainsi cherché à donner, tout au long de sa vie ? Le lecteur jugera.
2 Commentaires
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Retrouvé Yannick
Forte promotion en faveur d’une école catholique hors contrat..
Bon accueil d’une équipe MCC (Cadres chrétiens) lors de son ministère à l’évêché du Puy en Velay
Une rencontre …providentielle
J’ai fait la connaissance du père Bonnet en novembre 1998 dans des circonstances très spéciales.
Partant avec mon épouse sur le chemin de Saint-Jacques, je me suis retrouvé dans la bonne ville du Puy à la recherche d’un prêtre pour bénir notre départ. On nous envoie dans la paroisse proche de la cathédrale.
Nous prenons notre place dans la file d’attente pour le confessionnal, avec quelques dames d’âge vénérable.
Mon tour arrive, j’entre dans le confessionnal et il me prévient : « vous savez, je n’ai pas beaucoup d’expérience de la confession, alors il faudra être indulgent avec moi. »
Première surprise !
Je reprends mes esprits et j’expose ma situation : » je suis ingénieur et dans mon travail etc,… »
Il me répond : « Moi aussi, dans mon travail, j’ai vécu une situation semblable et je l’ai résolue de telle manière. »
Seconde surprise !
Je continue : « Je suis marié et père de famille et j’ai tel problème, etc. »
Il me répond : « Moi aussi, avec mon épouse, avec mes enfants, il m’est arrivé ceci et cela. »
Troisième surprise !
Voyant mon air éberlué, il me demande :« Vous avez fait quelle école ? »
Je lui réponds : « Polytechnique »
Et il me rétorque « Moi aussi ! »
Ce fut le coup de grâce.
Voyant l’effet que ses déclarations avaient eu sur moi, il a eu la bonté de m’expliquer sa situation. En effet, après une vie professionnelle et familiale bien remplie, devenu veuf, il avait opté pour le sacerdoce, avec l’accord de ses enfants.
Il venait tout juste d’être ordonné (en juin 1998) et j’étais l’une de ses premières victimes.
Je dois dire qu’il était très content de son petit effet !
Je l’ai revu à plusieurs reprises par la suite, lors de conférences qu’il donnait sur l’éducation des enfants et la nécessaire collaboration entre la famille, l’école et l’entreprise, et au cours de sessions familiales et divers autres événements.
Son parcours unique et sa personnalité directe et rugueuse en faisaient un excellent conseil pour les époux et pères tels que moi.