Les compétences numériques sont la clé pour réussir la transformation numérique
Face aux défis croissants qui se posent dans le domaine numérique, l’Europe a besoin de développer rapidement les compétences numériques à tous les niveaux, de l’école primaire jusqu’à la formation professionnelle continue. Pour que la transformation numérique de l’Europe se déroule dans l’intérêt des citoyens et des entreprises, la Commission européenne a proposé en juin 2018 le premier programme pour une Europe numérique et envisage d’investir 9,2 milliards d’euros pour la période 2021–2027.
La Commission peut contribuer à faire connaître la programmation
par des initiatives ponctuelles telles que la EU Code Week ou Semaine du Code.
En Europe, la stratégie pour un marché unique numérique a fait des progrès considérables au cours des douze derniers mois. La suppression des frais d’itinérance et la portabilité des contenus en ligne font désormais partie de la vie quotidienne des Européens. Des règles plus strictes sur la protection des données à caractère personnel ont été mises en place. La Journée du numérique organisée par la Commission européenne en avril a permis de renforcer la coopération en Europe sur des sujets hautement technologiques et à fort potentiel. Elle a vu la signature par 25 pays européens dont la France d’une déclaration de coopération dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Avec le terme « spécialiste des technologies de l’information et de la communication (TIC) », il faut comprendre les travailleurs qui ont la capacité de développer, d’exploiter et de maintenir des systèmes TIC, et pour qui les TIC constituent la partie principale de leur travail, notamment les ingénieurs.
Pour l’Europe, rester à la pointe de l’innovation
Pour maintenir les pays de l’Union européenne à la pointe de l’innovation dans toutes les dimensions de l’économie et de la société, il faut investir dans des projets majeurs tels que l’intelligence artificielle, le calcul haute performance (HPC), la cybersécurité. Ces technologies sont amenées à imprégner tous les secteurs d’activité dans un avenir proche, ce qui met en évidence le nombre insuffisant de personnes qualifiées pour développer, déployer et utiliser ces technologies, en particulier des ingénieurs.
Des besoins en TIC omniprésents
Au cours des dix dernières années, 2 millions d’emplois de spécialistes des TIC ont été créés en Europe, et de nouveaux emplois ont également émergé dans les entreprises de services du numérique qui se développent autour de ces emplois spécialisés. D’ailleurs, on constate que 55 % des spécialistes des TIC travaillent déjà en dehors du secteur TIC, et que la plupart de ces nouveaux emplois sont également créés en dehors de ce secteur, dans des domaines qui font une utilisation intensive des TIC telles que l’industrie automobile ou la santé. Mais la demande ne suit pas l’offre. Nous constatons dans la majorité des pays européens un manque de spécialistes des TIC. Actuellement, le nombre d’offres d’emploi pour des spécialistes des TIC non pourvues s’élève à 350 000 dans toute l’Europe ce qui pourrait agir rapidement comme un frein à la transformation numérique et à la compétitivité des entreprises.
L’urgence de la formation des Européens
Ces compétences numériques manquent déjà dans de nombreux secteurs car 90 % des emplois, du plus complexe au plus simple, nécessitent certaines compétences numériques. L’Indice relatif à l’économie et à la société numériques (DESI), publié chaque année par la Commission européenne, montre que 35 % de la population active n’a pas les compétences numériques élémentaires requises dans la plupart des emplois. Force est de constater que les écarts de compétences ainsi que leur inadéquation à la demande sur le marché du travail ne diminuent pas, au contraire 40 % des entreprises disent avoir des difficultés à recruter des personnes ayant les compétences requises.
Une Coalition contre le manque de compétences numériques
Fin 2016, la Commission européenne a lancé la Coalition pour les compétences numériques et les emplois, qui rassemble les États membres, des entreprises, des partenaires sociaux, des organisations à but non lucratif et des prestataires de services éducatifs. La Coalition aborde les besoins selon quatre grands groupes cibles : les compétences pour permettre à tous les citoyens d’être actifs dans la société numérique ; les compétences pour la main‑d’œuvre, permettre le perfectionnement des travailleurs et demandeurs d’emploi ; compétences pour les spécialistes des TIC ; et enfin les compétences dans l’éducation.
Une action conjointe avec les entreprises
Les organisations et entreprises qui agissent pour développer les compétences numériques, une fois qu’elles deviennent membres de la Coalition, sont encouragées à s’engager à offrir des actions pour promouvoir les compétences numériques (formations, stages), des actions de sensibilisation au numérique ou à la cybersécurité, le développement de cours en ligne, etc. En avril 2018, la Coalition comptait 100 organisations et entreprises engagées à offrir ce type d’activités, dont les activités peuvent être consultées en ligne. En agrégeant toutes ces actions, nous estimons que les activités de la Coalition ont déjà atteint plusieurs millions de citoyens avec près de 4 millions de formations aux compétences numériques offertes en ligne ou en présentiel ; plus d’un million de certifications, et plus de 4 500 événements d’information et de sensibilisation qui ont touché plus d’un million de citoyens à travers l’Europe.
Des coalitions nationales
La Coalition a également pour objectif de créer des coalitions nationales dans chaque pays européen pour répondre aux besoins en fonction de la situation dans chaque pays et au plus près des acteurs concernés. La Coalition française French digital skills and jobs coalition a été mise en place fin 2017 par le MEDEF avec pour objectif d’identifier et promouvoir les initiatives et bonnes pratiques existantes sur le territoire français et de fédérer les acteurs locaux et nationaux qui peuvent initier et mener à bien des actions en faveur du développement des compétences numériques en France.
Le codage pour tous dès l’école primaire
La modernisation des systèmes éducatifs est cruciale pour permettre de mieux préparer les jeunes à l’évolution du marché du travail dans une société numérique, mais cela reste une compétence de la responsabilité des États membres. Néanmoins, la Commission peut contribuer à faire connaître la programmation y compris dans les écoles par des initiatives ponctuelles telles que la EU Code Week ou Semaine du Code. Cet événement annuel aura lieu cette année du 6 au 21 octobre. Il s’agit d’un mouvement populaire et animé par des bénévoles qui a pour but de faire connaître la programmation aux jeunes comme aux adultes, mais c’est également l’occasion de démystifier la programmation pour que, progressivement, elle puisse faire partie des compétences de base nécessaires à chacun.
Le but est d’organiser des ateliers pour découvrir le code et la programmation qui s’adressent à la fois aux écoliers et aux enseignants.
Un ou plusieurs ambassadeurs de la Semaine du Code coordonnent l’initiative dans leur pays, mais chaque école peut organiser
son propre événement et l’ajouter à la carte disponible sur le site de l’événement.
La Commission européenne encourage la participation du plus grand nombre d’écoles à cette initiative et vise une participation de 50 % des écoles en Europe à la Code Week d’ici 2020.
http://codeweek.eu
Cap sur la formation qualifiée
En attendant que les compétences numériques fassent partie du cursus scolaire et compte tenu de l’urgence, la Commission a lancé un projet pilote, le Digital Opportunity Traineeships, qui vise à permettre à un plus grand nombre de jeunes d’acquérir des compétences numériques avancées et aider les entreprises à pourvoir des postes vacants avec des candidats qualifiés. Il s’adresse aux étudiants et aux diplômés récents provenant de toutes les facultés et leur donne l’opportunité d’élargir l’éventail de leurs compétences en effectuant un stage de formation en entreprise. Cette initiative met l’accent sur les compétences numériques avancées très demandées sur le marché du travail telles que la cybersécurité, le big data analysis ou encore l’intelligence artificielle. Le projet pilote peut offrir jusqu’à 6 000 stages à l’étranger pour la période allant de 2018 à 2020. L’objectif est à la fois de sensibiliser les participants à l’importance des compétences numériques et d’attirer davantage d’étudiants vers ces filières pour pallier le manque de spécialistes et d’ingénieurs en TIC. Cette initiative pilote est financée par le programme européen de recherche et d’innovation Horizon 2020 et mise en œuvre par le programme Erasmus +, qui envoie les jeunes effectuer un stage dans une entreprise d’un pays d’Europe différent du leur pour leur permettre d’acquérir une expérience de travail précieuse. Ces stages sont accessibles aux étudiants de toutes les disciplines désireux de développer leurs compétences numériques.
Mobiliser les entreprises pour sensibiliser les étudiants aux compétences numériques
La Commission européenne souhaite mobiliser les entreprises qui sont nombreuses à avoir du mal à trouver des personnes ayant les compétences numériques recherchées mais qui n’ont pas nécessairement les ressources ou le temps pour organiser des programmes de stages par leurs propres moyens. Elles peuvent se lancer dans cette expérience pilote et offrir des places de stages à publier sur les plateformes européennes en ligne Drop’pin@EURES ou ErasmusIntern ou à diffuser par le biais de contacts directs avec le service des carrières ou des relations internationales des universités de leur région. Les étudiants et les jeunes diplômés peuvent postuler à des stages selon les procédures établies par leur université pour les stages Erasmus +. Une fois en stage, les candidats retenus pourront développer leurs compétences numériques dans le développement d’applications et de logiciels, la cybersécurité, l’analyse de données, l’intelligence artificielle ou encore le marketing digital. Les étudiants recevront une allocation moyenne de 500 euros par mois par l’intermédiaire de l’initiative pilote, le montant exact dépendant du pays d’origine et du pays d’accueil.
(source : Indice relatif à l’économie et à la société numériques DESI).
21,4 diplômés dans les matières scientifiques pour 1 000 habitants âgés de 20 à 29 ans.
Moyenne européenne de 19,1 pour 1 000.
57 % des individus âgés de 16 à 74 ans possèdent au moins des compétences numériques élémentaires.
https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/scoreboard/france
Un capital français à faire fructifier
Pour suivre l’état d’avancement de l’Europe numérique, la Commission publie chaque année l’Indice relatif à l’économie et à la société numériques (DESI) qui montre les progrès réalisés par chaque État membre en matière de transformation numérique. Dans l’édition 2018, la France se classe 18e parmi les 28 États membres de l’UE. Mais dans la dimension capital humain, elle se place en 11e position. La France compte notamment une forte proportion de diplômés de l’enseignement supérieur – y compris les ingénieurs – en sciences, mathématiques, informatique, ingénierie, production et construction (STEM) pour 1 000 habitants âgés de 20 à 29 ans. Elle a également obtenu de bons résultats en matière de compétences numériques élémentaires. Malgré cela, les entreprises françaises rencontrent des difficultés pour recruter des spécialistes des TIC. En effet 42 % des entreprises de plus de 10 salariés en dehors du secteur financier ayant essayé de recruter des spécialistes en TIC ont signalé des difficultés à pourvoir les postes vacants en 2017. Mais, les entreprises françaises s’en sortent un peu mieux que la moyenne européenne qui fait état de 48 % des entreprises ayant rencontré ces difficultés.
Vers une Europe numérique
La Commission européenne a proposé en juin dernier de créer le tout premier programme pour une Europe numérique et d’investir 9,2 milliards d’euros afin d’aligner le prochain budget à long terme de l’UE, pour la période 2021–2027, sur les défis croissants qui se posent dans le domaine numérique. Cette proposition inclut un montant de 700 millions d’euros destiné à l’acquisition des compétences numériques avancées nécessaires pour accéder aux technologies numériques les plus récentes et les utiliser.
Ressources
https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/desi
https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/digital-skills-jobs-coalition
http://www.french-digital-coalition.fr/