Étymologie :
À propos de la santé participative
Le citoyen acteur de sa santé, c’est le futur de la médecine. Non pas une automédication anarchique, mais au contraire une médecine de pointe, où le patient, connecté aux spécialistes, réfléchit et participe à la mise au point de sa médication… Et d’ailleurs, de la médication à la méditation, il n’y a qu’un pas, que l’étymologie permet de franchir aisément.
Médecine et méditation
Le point de départ est la racine indo-européenne *med-, dont le sens général est « penser, réfléchir », qui se décline dans des sens particuliers comme « mesurer, peser, juger », ou « soigner ».
À ce dernier sens particulier de la racine *med-, se rattache le verbe latin mederi « soigner, guérir », d’où dérivent medicus « qui soigne, médecin », medicatio « médication », medicare « soigner, préparer une médication », medicamen « médicament », medicina(lis) « médecine, médicinal », et avec un préfixe, remediare « guérir, remédier », remedium « remède », remediabilis « remédiable ».
Tout un champ lexical est passé ainsi, presque tel quel, du latin au français. Toujours en latin, du verbe mederi dérive aussi le verbe meditari, qui est une forme dite fréquentative, c’est-à-dire dont le sens est renforcé. Dans ce cas le renforcement consiste à remonter au sens le plus général de la racine *med-, et donc meditari signifie « penser, réfléchir, méditer, préparer », d’où praemeditari « préméditer » et (prae)meditatio « (pré)méditation ». Ici encore, on trouve en français un champ lexical hérité quasiment mot à mot du latin.
Et donc oui, d’un point de vue étymologique, exercer la médecine fait partie d’une démarche plus vaste et plus générale qui consiste à penser, à réfléchir. Entre médication et méditation, il n’y a pas seulement une paronymie, mais une sorte de relation hiérarchique : pas de médication sans méditation.
« Pas de médication sans méditation. »
De quoi réjouir les adeptes de la méditation thérapeutique, où l’on fait obligation de méditation à la fois au médecin et au malade.
C’est aussi à une connexité entre les mots de la médecine et de la pensée, qu’aboutit l’étonnant enchaînement étymologique qui suit.
Pendre, peser, penser… panser
Le verbe latin pendere signifie « pendre, suspendre », d’où aussi « peser » car on suspendait, au fléau des balances anciennes, à la fois l’objet à peser et les poids. Ce verbe pendere a pour fréquentatif pensare, qui reprend le sens « peser, soupeser », et qui s’étend à « penser, évaluer, juger » car pour juger, il faut peser le pour et le contre…
De pendere, pensare viennent donc en français pendre, peser, penser, mais la vraie surprise, c’est quand on s’aperçoit que penser a pris aussi un sens médical. En effet, si l’on pense en bien à quelqu’un, on lui veut du bien et on le soigne, d’où les expressions penser de « s’occuper de » et même penser « soigner », attestées au XIVe siècle.
Mais à cette époque on écrivait tantôt penser et tantôt panser, et c’est seulement à partir du XVIIe siècle que ces deux orthographes se sont spécialisées dans les sens actuels de penser et panser.
Et voilà comment, par une deuxième voie, l’étymologie réunit encore des termes de la pensée et de la médecine.
Épilogue
La médecine moderne, loin de l’empirisme du passé, s’appuie sur la réflexion, comme le montre l’étymologie, et sur les connaissances scientifiques les plus récentes.
On espère que la médecine participative et informatisée ira encore plus loin contre les maladies, contre les bactéries et virus pathogènes, à condition toutefois d’éviter, cette fois, les bugs et virus informatiques.
Mise à jour de novembre 2020 :
Vous remarquerez le côté prophétique de la dernière phrase, qui pourrait être aujourd’hui :
On espère que la médecine participative et informatisée ira encore plus loin contre les maladies, contre les bactéries, virus et autres coronavirus pathogènes, à condition toutefois d’éviter, cette fois, les bugs et virus informatiques, surtout du logiciel TousAntiCovid.