À toi qui n’es pas encore né(e)
Tu découvres cette lettre le jour de mon centième anniversaire. Entre l’été 1999 où je l’ai écrite et l’instant où tu la lis, plus d’un quart de siècle s’est écoulé. Tout ce que je sais de toi est que tu es l’un de mes arrière-petits-enfants.
Es-tu une fille, un garçon ? As-tu quinze ans, ou plus ? Je l’ignore. Mais cela ne change rien au désir que j’ai de parcourir à travers le temps, à trois générations de distance, le chemin qui me conduit à toi.
Toi, pour qui je ne suis même pas un souvenir, à peine un prénom parfois évoqué, pardonne-moi de sauter à pieds joints par dessus ces vingt-cinq années et de m’inviter pour quelques instants dans ta vie.
J’ai parcouru la plus grande partie du XXe siècle ; tu vas parcourir le XXIe siècle. À toi de jouer, à moi d’essayer de t’éclairer. Permets-moi ce monologue qui me réinsère dans le flot des vivants.