« ACC est plus que jamais à la croisée d’enjeux sociétaux, économiques et environnementaux de demain »
ACC construit aujourd’hui la filière européenne de batteries de voitures électriques qui permettra demain à la France et l’Europe de garantir sa souveraineté et son indépendance industrielle. Yann Vincent, directeur général, et Mathieu Hubert, secrétaire général d’ACC, nous en disent plus.
Présentez-nous ACC.
ACC est une jeune entreprise très ambitieuse ! Une entreprise qui a vu le jour en 2020, avec l’objectif de concevoir, fabriquer et vendre des cellules et des modules pour des batteries automobiles. ACC a été créée dans le cadre d’un projet soutenu par les autorités européennes, avec en première ligne l’Allemagne et la France. L’entreprise a ainsi pu bénéficier d’une subvention de plus d’un milliard d’euros.
Initialement, ACC a été constituée par deux actionnaires : Saft, une filiale à 100 % du groupe TotalEnergies qui dispose d’une expérience de plus de 100 ans dans l’univers des batteries au service du secteur aéronautique, spatial, mais aussi pour des applications militaires… ; et Stellantis, qui est le 4e constructeur automobile mondial. Depuis 6 mois, ils ont été rejoints par un troisième actionnaire, Mercedes, un très grand constructeur automobile et une marque premium connue pour ses standards et ses exigences.
Notre roadmap industrielle et technologique, exceptionnelle par son ampleur et sa vitesse d’exécution, structure l’activité des équipes au quotidien. Aujourd’hui, ACC emploie plus de 700 personnes et poursuit sa croissance. Nous disposons d’un centre de R&D à Bruges dans la banlieue bordelaise. Début 2022, nous avons lancé l’exploitation de notre usines pilote à Nersac, près d’Angoulême. Il s’agit d’un investissement de plus de 130 millions d’euros avec des équipements à l’échelle 1. Notre première Gigafactory située dans les Hauts-de-France sort de terre en ce moment même puisqu’un bloc de production va prochainement commencer la fabrication des premières batteries « made in France ». Deux autres Gigafactories sont prévues dans les prochains mois, en Allemagne et en Italie.
Quel rôle peut jouer ACC dans l’accélération de la transition énergétique ?
Notre activité a vocation à contribuer à l’atteinte des objectifs de la transition énergétique. En effet, l’Europe a de très fortes ambitions en termes de réduction des émissions de CO2. Dans le domaine automobile, cela se traduit par des règlementations de plus en plus contraignantes pour les constructeurs qui doivent proposer des véhicules avec des taux de CO2 dégressifs dans le temps. Pour ce faire, ces derniers se tournent de plus en plus vers l’électrification de leur gamme de voiture. Dans ce cadre, la batterie est un composant clé. L’enjeu pour les constructeurs est alors de pouvoir garantir une parfaite maîtrise technique de ce composant, mais aussi de pouvoir sécuriser un approvisionnement européen de ces batteries qui actuellement sont des produits quasiment exclusivement asiatiques. Fort de ces constats, on retrouve donc aussi au cœur de notre positionnement la volonté de contribuer à développer une offre de batterie européenne.
Pour ce faire, autour de quels axes vous concentrez-vous ?
Nous travaillons sur deux axes complémentaires :
- Une forte densité énergétique de nos batteries pour permettre une plus grande autonomie des véhicules ;
- Une chaîne de valeur avec la plus faible empreinte carbone possible, depuis l’amont, c’est-à-dire depuis la mine où sont extraits les matériaux que l’on va retrouver dans nos batteries, à l’usine où elles sont produites. Il est très important que l’amont de la chaîne de valeur (approvisionnement, production…) ne vienne pas détruire l’apport environnementale en termes de rejet de CO2 du véhicule électrique.
Aujourd’hui, nous entendons beaucoup parler de la question de la recharge et de la rapidité de la recharge. Comment abordez-vous cette dimension ?
C’est évidemment un sujet sur lequel nous travaillons activement, car la recharge rapide est un facteur de progression des ventes de véhicules électriques. Si nous maîtrisons ce sujet et sommes en capacité de proposer des batteries adaptées à la recharge rapide, il faut toutefois que les conducteurs puissent avoir facilement accès à une infrastructure adaptée. Au-delà de la mise à disposition d’un réseau de bornes de recharge, il est aussi important de garantir la résilience du réseau électrique dans la durée, y compris en période de fortes demandes.
Vous couvrez donc l’ensemble de la chaîne de valeur de la batterie. Qu’en est-il plus particulièrement de la fin de vie ?
D’un point de vue opérationnel, la fin de vie d’une batterie est de la responsabilité du constructeur automobile. Toutefois, c’est aussi un sujet majeur pour ACC d’abord d’un point de vue éthique : nous ne voulons tout simplement pas que nos batteries finissent dans des décharges ! Au-delà, la fin de vie des batteries représente aussi un enjeu en termes d’approvisionnement en matières premières, de recyclage et de réutilisation.
En effet, une fois recyclés, ces matériaux pourront être utilisés comme une alternative aux matériaux extraits des mines. Notre rôle est donc de prendre en compte cette dimension afin de proposer un design de nos solutions qui va favoriser et faciliter la recyclabilité.
Concrètement, la durée de vie d’une batterie est d’au moins 10 ans. C’est donc une problématique qui se posera réellement dans une décennie, mais il est tout de même important de l’anticiper au regard de la croissance attendu du marché du véhicule électrique.
Qu’en est-il du coût de la batterie ?
La réduction du prix des véhicules électrifiés reste au cœur des préoccupations et le frein majeur à lever afin de pouvoir massifier les ventes. Le coût de la batterie est dépendant de la technologie, de la définition et de la spécification du produit, d’une part, mais aussi du coût des matières premières et de l’énergie, d’autre part. À notre niveau, notre défi est donc d’optimiser la définition technique de la batterie ainsi que nos processus de fabrication pour tirer ce coût vers le bas.
Quels sont les principaux enjeux auxquels vous êtes confrontés sur le marché actuellement ?
Le marché des batteries à l’heure actuelle est essentiellement asiatique. Les plus gros constructeurs sont chinois et coréens. Pour l’Europe, il y a indéniablement un enjeu de vitesse alors que le marché du véhicules électriques est en train de se développer. En parallèle, parce qu’il s’agit d’une industrie naissante en Europe, se pose bien évidemment la question des compétences.
ACC a la chance de compter parmi ses actionnaires, Saft, qui a un savoir-faire avéré en la matière. Toutefois, en Europe, personne n’a jamais construit de Gigafactory pour la production en série de batterie pour des véhicules électriques. Les compétences, la formation et les expertises vont être un facteur clé de la réussite de développement et de la pérennisation de cette industrie en Europe.
Enfin, pour contrebalancer la production et l’offre asiatique, il faut pouvoir proposer des coûts compétitifs dans un contexte marqué par l’inflation des prix de l’énergie et des matières premières. Aujourd’hui, les acteurs asiatiques ont sécurisé leur approvisionnement en lithium, en nickel et en graphite…, qui sont des composants clé pour la production de batterie. Il faut que les acteurs européens soient également en mesure de sécuriser leur propre accès à ces matériaux
Et sur cette dimension talent et compétences, quelles sont les opportunités de carrière qu’un acteur comme ACC peut offrir ?
Nous recherchons des ingénieurs qui ont des compétences et des expertises très poussées dans le domaine des procédés de fabrication et qui ont une véritable appétence pour l’innovation et les technologies de pointe. Parmi nos collaborateurs, nous avons 4 diplômés de l’École Polytechnique qui occupent des fonctions stratégiques et à très forte responsabilité au sein de l’entreprise.
Portée par le marché en plein développement de la voiture électrique et soutenue par des actionnaires de référence, ACC propose de très belles perspectives de carrière, mais aussi un projet passionnant et hors norme où tout est encore à construire en Europe ! Il s’agit d’un projet littéralement extraordinaire qui permet d’apporter des réponses concrètes à la question de la souveraineté industrielle de l’Europe. Un sujet dont l’importance stratégique ne fait plus aucun doute… Mais aussi un projet qui contribue à la transition énergétique en permettant le développement d’une mobilité neutre en carbone.
Comment imaginez-vous ce secteur évoluer ? comment vous vous projetez vous-même sur sur cette filière, sur le moyen et long terme ?
Si cette industrie est en forte croissance, comme nous l’avons déjà mentionné, tout reste à faire. Nous sommes, en effet, en train de créer une industrie « quasiment ex-nihilo » en Europe. Aujourd’hui, en Europe, on recense deux projets emblématiques de Gigafactory : le nôtre et celui de Northvolt en Suède.
Encore une fois, il faut aller vite et mobiliser toutes les forces vives pour développer cette filière qui est stratégique pour la France et l’Europe. ACC est plus que jamais à la croisée d’enjeux sociétaux, économiques et environnementaux. Pour les relever, nous recrutons et poursuivons nos investissements qui sont actuellement estimés à 7 milliards d’euros sur la durée du projet.