Accenta est une start-up qui accompagne la décarbonation du bâtiment

Accenta, la start-up qui accompagne la décarbonation du bâtiment

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°775 Mai 2022
Par Pierre TREMOLIERES

Poin­té du doigt pour ses émis­sions de CO2 et sa consom­ma­tion éner­gé­tique, le sec­teur du bâti­ment doit accé­lé­rer sa décar­bo­na­tion pour contri­buer à la tran­si­tion éner­gé­tique et Envi­ron­ne­men­tale et la neu­tra­li­té car­bone. Pour aider les acteurs du sec­teur à rele­ver ce défi, Accen­ta met à leur dis­po­si­tion des solu­tions, une exper­tise et un accom­pa­gne­ment pour décar­bo­ner la fonc­tion ther­mique res­pon­sable de 10 % des émis­sions annuelles mon­diales. Pierre Tré­mo­lières, fon­da­teur et PDG de la start-up, nous en dit plus.

Quelle a été la genèse d’Accenta ?

Entre­pre­neur dans l’âme, j’ai déve­lop­pé au cours de ma vie pro­fes­sion­nelle plu­sieurs entre­prises. En 2012, après avoir reven­du ma der­nière entre­prise qui opé­rait dans le monde du digi­tal et du e‑commerce, je me suis mis à la recherche d’une nou­velle oppor­tu­ni­té en m’intéressant à des mar­chés avec un fort poten­tiel de déve­lop­pe­ment et de dis­rup­tion. C’est fina­le­ment celui de la décar­bo­na­tion des bâti­ments qui a rete­nu mon atten­tion, car il est à la croi­sée de deux grandes trans­for­ma­tions : la décar­bo­na­tion du monde de l’énergie et la mon­tée en puis­sance de l’IA et du Machine Lear­ning au ser­vice de l’énergie répar­tie et de la pro­duc­tion d’énergie décen­tra­li­sée, notam­ment à l’échelle du bâtiment.

À par­tir de là, je me suis lan­cé dans un tra­vail de recherche pour iden­ti­fier les pistes, notam­ment les pistes pos­sibles, notam­ment tech­no­lo­giques. C’est fina­le­ment celle du sto­ckage ther­mique inter-sai­son­nier au ser­vice de la décar­bo­na­tion de la fonc­tion ther­mique, chauf­fage et cli­ma­ti­sa­tion, qui a rete­nu mon attention !

Concrètement, que proposez-vous et comment contribuez-vous à la réduction de l’empreinte écologique du bâtiment ? 

Accen­ta aborde les enjeux de la décar­bo­na­tion des parcs immo­bi­liers. C’est un sujet qui mobi­lise les pro­prié­taires de grands parcs qui ont des contraintes légales à ce niveau, mais éga­le­ment une res­pon­sa­bi­li­té socié­tale et envi­ron­ne­men­tale. Ces der­niers ont besoin de solu­tions à la hau­teur des ambi­tions por­tées par la tran­si­tion éner­gé­tique et envi­ron­ne­men­tale. Il est, aujourd’hui, évident qu’il ne suf­fit plus de dimi­nuer de quelques pour­cents les émis­sions de CO2 géné­rées par le bâti­ment. Il est néces­saire et urgent d’aller vers la neu­tra­li­té carbone.

Dans cette conti­nui­té et pour rele­ver ce défi, Accen­ta met à leur dis­po­si­tion une solu­tion concrète et clé en main qui couvre tous les aspects rela­tifs à la décar­bo­na­tion de la fonc­tion ther­mique qui est res­pon­sable de 10 % des émis­sions annuelles mon­diales. Notre valeur ajou­tée, à ce niveau, réside dans les résul­tats obte­nus : une décar­bo­na­tion de ces fonc­tions allant jusqu’à 95 %. D’ailleurs, nous avons la par­ti­cu­la­ri­té de garan­tir cette per­for­mance à nos clients.

Enfin, Accen­ta per­met aus­si à ses clients d’autofinancer com­plè­te­ment ou par­tiel­le­ment leur décar­bo­na­tion grâce aux éco­no­mies bud­gé­taires géné­rées. En outre, nous sommes appuyés dans cette démarche par des par­te­naires finan­ciers qui peuvent inves­tir à la place de nos clients pour finan­cer ces infra­struc­tures décar­bo­nées et bas­cu­ler ain­si vers un monde bas carbone.

Au cœur de cette démarche, on retrouve la technologie. Qu’en est-il et comment cela se traduit-il ?

Accen­ta a vu le jour au sein du cam­pus de l’École poly­tech­nique et de son incu­ba­teur. Notre start-up a éga­le­ment béné­fi­cié d’investissements réa­li­sés par le fonds d’investissement de l’École. C’est aus­si le fruit d’un pro­gramme de recherche de trois ans por­té par plu­sieurs labo­ra­toires dont le BRGM, le CES, le LMD…

Notre tech­no­lo­gie per­met de boos­ter très signi­fi­ca­ti­ve­ment les ren­de­ments ther­mo­dy­na­miques des pompes à cha­leur qui sont ain­si aug­men­tés de près de 250 % par rap­port à l’état de l’art actuel. Elle contri­bue aus­si à la réduc­tion de la consom­ma­tion éner­gé­tique et des émis­sions de CO2 du réseau.

Sur un plan plus opé­ra­tion­nel, notre solu­tion va opti­mi­ser la demande en éner­gie des bâti­ments en capi­ta­li­sant sur deux technologies :

  • l’IA et le Machine Lear­ning qui nous per­mettent de mieux pilo­ter et maî­tri­ser la per­for­mance des ins­tal­la­tions afin de les rendre aus­si com­pé­ti­tives que les éner­gies fos­siles (gaz, fioul) ;
  • le sto­ckage ther­mique inter-sai­son­nier qui per­met de récu­pé­rer la cha­leur de l’été pour chauf­fer les bâti­ments en hiver, et inver­se­ment, de sto­cker le froid de l’hiver pour les rafraî­chir en été. Phy­si­que­ment, nous ins­tal­lons des sondes géo­ther­miques dans le sous-sol, en-des­sous des bâti­ments ou à proxi­mi­té. La terre sous nos pieds, dis­po­nible gra­tui­te­ment, devient donc notre bat­te­rie ther­mique et nous offre une solu­tion com­plè­te­ment décarbonée.

Pouvez-vous nous donner des exemples de projets que vous avez menés ?

Nous avons équi­pé le siège social d’Airbus à Tou­louse qui est com­po­sé de trois bâti­ments de 36 000 m2. Notre tech­no­lo­gie a per­mis de réduire dras­ti­que­ment les émis­sions de CO2 (95 % par rap­port à l’état de l’art) et la consom­ma­tion éner­gé­tique (80 %). C’est une très belle illus­tra­tion du poten­tiel de notre solution.

Der­niè­re­ment, nous avons contri­bué à la livrai­son du 1er entre­pôt neutre en car­bone au monde pour Pro­lo­gis et son client final, Mono­prix, situé à Mois­sy-Cra­mayel, qui enre­gistre une dimi­nu­tion de la consom­ma­tion éner­gé­tique de 60 % et une réduc­tion des émis­sions de CO2 de la fonc­tion ther­mique de 70 %. Au-delà, le bâti­ment a été construit avec du ciment bas car­bone et béné­fi­cie d’un sys­tème de com­pen­sa­tion pour atteindre la neu­tra­li­té carbone.

Enfin, on peut aus­si citer le contrat que nous avons signé avec la mai­rie de Rou­baix pour la ges­tion de 430 bâti­ments muni­ci­paux équi­pés de sys­tèmes de conduite conti­nue semi-auto­ma­ti­sée avec de l’IA et du Machine Lear­ning. L’objectif est de réduire la consom­ma­tion éner­gé­tique, mais éga­le­ment les émis­sions de CO2 de près de 25%.

Quels sont vos principaux enjeux et les sujets qui vous mobilisent ? 

Il s’agit main­te­nant d’accélérer et de mas­si­fier la tran­si­tion éner­gé­tique et envi­ron­ne­men­tale. Dans ce cadre, Accen­ta met à dis­po­si­tion du monde du bâti­ment une solu­tion clé en main (tech­nique et finan­cière) en mode EEaaS (Ener­gy Effi­cen­cy as a Service).

Nous sou­hai­tons pou­voir contri­buer au déploie­ment de la tran­si­tion de l’ensemble du parc immo­bi­lier en finan­çant avec nos par­te­naires finan­ciers des infra­struc­tures de chauf­fage et de cli­ma­ti­sa­tion bas carbone.

Aujourd’hui, quelles sont vos ambitions ? Comment voyez-vous votre start-up évoluer sur le moyen et long termes ? 

Notre start-up a vu le jour en 2016. Après trois ans de R&D, nous avons connu un très fort démar­rage com­mer­cial avec un car­net de com­mandes actuel­le­ment plein.

L’équipe a aus­si gran­di et nous sommes aujourd’hui 75 personnes.

Notre déve­lop­pe­ment en France est très ambi­tieux (300 % de crois­sance). Nous pour­sui­vons ce déve­lop­pe­ment sur le ter­ri­toire natio­nal, mais ciblons aus­si l’Europe et le reste du monde. D’ailleurs, nous avons ouvert des joint-ven­tures en Chine et en Inde. En effet, il ne faut pas pen­ser que le bas car­bone est une pré­oc­cu­pa­tion euro­péenne ou occi­den­tale. Ces pays sont aus­si for­te­ment concer­nés par cet enjeu. Avec ces pre­mières implan­ta­tions, nous tes­tons actuel­le­ment ces mar­chés à très fort poten­tiel. Nous y ren­con­trons d’ores et déjà de très beaux suc­cès qui laissent pré­sa­ger un déve­lop­pe­ment fruc­tueux de notre acti­vi­té à l’international.

Aujourd’hui, Accen­ta, qui est la seule entre­prise qui garan­tit une décar­bo­na­tion de 95 % de la fonc­tion ther­mique des bâti­ments, pré­pare la chauf­fe­rie et la cli­ma­ti­sa­tion zéro car­bone de demain qui nous per­met­tra d’atteindre la néces­saire neu­tra­li­té car­bone complète.

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