Accompagner les travaux universitaires des étudiants étrangers
Aux portes de l’université Paris-VIII – Saint-Denis, le CISED, logé dans un pavillon, espace ouvert et accueillant, apporte aux étudiants étrangers le soutien dont ils ont besoin dans leur cursus universitaire.
Nous avons rendez-vous avec le directeur du CISED, Christian Mellon, jésuite. Il partage son temps entre le Centre de recherche et d’action sociales (Ceras) et ce lieu où sont accueillis des étudiants de l’université de Saint-Denis (Paris VIII), étrangers pour la plupart.
“ Ce sont souvent des enseignants de l’université proche qui conseillent aux étudiants de prendre contact avec le CISED ”
Ces jeunes trouvent au CISED une aide et un accueil appréciés, un lieu de convivialité, et surtout de nombreux services qui facilitent leurs études en France. Il s’agit d’un « coup de pouce » pour les études qu’ils entreprennent.
D’initiative catholique, le CISED est ouvert à tous les étudiants de Paris-VIII, quelles que soient leurs croyances philosophiques ou religieuses.
On y veille à ce qu’il n’y ait aucun prosélytisme et que règne un climat de tolérance et de confiance réciproque.
Le CISED propose des cours de français intensifs, individuels ou collectifs.
UN SOUTIEN PRÉCIEUX POUR LA MAÎTRISE DU FRANÇAIS
Depuis février 2000, cette association, dynamique, est fréquentée chaque année par des centaines d’étudiants (290 en 2016- 2017) qui viennent se rencontrer et se faire aider par une soixantaine de bénévoles.
Son président est actuellement Alain Goy (66). Ce sont souvent des enseignants de l’université proche qui conseillent aux étudiants de prendre contact avec le CISED : c’est le cas en particulier du centre de français langue étrangère (FLE), qui fait confiance aux bénévoles du CISED pour améliorer une maîtrise insuffisante de la langue française grâce à des cours intensifs, collectifs ou individuels.
UNE AIDE À LA RÉDACTION DES TRAVAUX UNIVERSITAIRES
L’activité la plus importante du CISED, c’est l’accompagnement des étudiants dans la rédaction de leurs travaux universitaires. Les bénévoles consacrent de longues heures à relire avec eux leurs prestations écrites, à discuter du plan de leurs mémoires ou de leurs thèses, à leur proposer les mots les plus appropriés dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle.
Le CISED s’interdit toute interférence avec l’apport des enseignants-chercheurs de l’université ; ses bénévoles sont d’ailleurs rarement compétents dans le domaine que travaille leur étudiant ; leur aide consiste essentiellement dans la mise en forme. Des contacts avec les enseignants sont possibles si l’étudiant se heurte à des problèmes particuliers.
Le goûter de 16 heures est un rendez-vous de convivialité très fréquenté.
L’UNIVERSITÉ PARIS-VIII EN QUELQUES CHIFFRES
L’université Paris-VIII – Saint-Denis, anciennement université de Vincennes, a été créée le 1er janvier 1969. C’est en 1980 qu’elle est installée à Saint-Denis. En réponse aux revendications de Mai 68, le général de Gaulle avait choisi de doter la faculté d’une très large autonomie pédagogique et financière.
Parmi les 12 UFR de l’université, on trouve l’UFR Langues et Cultures étrangères avec dix départements pour dix langues différentes, l’UFR Arts, Philosophie, Esthétique avec un département cinéma et l’UFR Sciences de l’éducation avec le centre français langue étrangère (FLE).
L’université accueille 27 000 étudiants dont de nombreux étrangers (27 % environ) ainsi que des Français d’origine étrangère (50 % environ).
… ET TOUT UN PANEL D’AIDES DIVERSES
L’aide du CISED prend aussi d’autres formes : même si les situations administratives sont souvent réglées avant l’arrivée en France, certains étudiants ont besoin d’être aidés pour rédiger des lettres administratives, des CV, des lettres de motivation… Pour la résolution des problèmes de logement, un bénévole du CISED peut aiguiller l’étudiant vers les services responsables.
D’autres, confrontés à des difficultés psychologiques, peuvent les évoquer avec deux psychologues professionnelles qui offrent bénévolement de nombreuses « vacations » au cours de la semaine. Le maniement des outils informatiques fait aussi partie des apports du CISED, afin que chacun puisse les utiliser en autonomie.
Tous ces services sont gratuits pour les étudiants membres de l’association (la cotisation annuelle est de 30 à 50 €, selon le niveau d’études).
UNE RUCHE INTERNATIONALE
Le lieu ressemble un peu à une « ruche », avec de nombreuses petites salles où on rencontre des apprentis lecteurs, des bénévoles entourés de quelques jeunes, des utilisateurs d’Internet… La convivialité est renforcée par des temps de détente, par exemple un mégagoûter à 16 heures, très fréquenté.
“ Une soixantaine de bénévoles à la rencontre de jeunes venant de 60 pays du monde ”
Le CISED occupe une petite villa à 60 mètres de l’entrée de l’université : le lieu est idéalement placé ! En 2015, la surface a été considérablement accrue, grâce à un legs reçu d’un enseignant de l’université, qui a permis de doubler la surface d’origine ; l’architecte a su remarquablement accentuer la convivialité du lieu autour de l’accueil et des repas partagés.
Nous rencontrons ainsi une jeune Japonaise, Madoka M., qui est en formation dans le département « cinéma » de l’université. Ce département prestigieux attire de nombreux étudiants étrangers qui acquièrent une bonne connaissance du cinéma français.
UN BUDGET MODÉRÉ GÉRÉ PAR LES JÉSUITES
Le fonctionnement du CISED repose entièrement sur une soixantaine de bénévoles, qui y consacrent quelques heures par semaine, voire une journée entière. Ils viennent de toute la région parisienne et sont en général retraités (jeunes ou moins jeunes) ; quelques actifs ont choisi cette forme de bénévolat qui leur fait partager la vie de jeunes venant de 60 pays du monde.
TÉMOIGNAGE
Une Algérienne, enseignante de philosophie, Zhor H., fait une thèse sur Husserl à l’université d’Alger, avant de reprendre son poste au lycée de Tiaret. Pour elle, le défi est important : elle travaille sur un philosophe germanophone, traduit en français, mais sa thèse, rédigée en arabe, recourt à des concepts qui n’ont jamais été traduits dans cette langue.
Son stage de longue durée à Saint-Denis (dix-huit mois) est appuyé par le CISED, qu’elle présente comme un « lieu d’amour »… « d’amitié », dit plus modestement le directeur !
Une seule salariée assure l’accueil, 20 heures par semaine : une Marocaine, également étudiante à l’université de Saint- Denis. La maison comporte aussi un studio, que le CISED loue à un étudiant, en ce moment un réfugié politique du Bangladesh.
Le budget du Centre n’est pas très élevé (75 000 €), ce qui s’explique par la participation importante des bénévoles et par le fait que la maison appartient aux jésuites, qui la mettent gracieusement à la disposition du CISED.
Il n’y a pas de subvention publique. Les cotisations des étudiants ne représentent que 15 % du budget. Celui-ci est couvert annuellement par les 4 structures fondatrices du CISED : le diocèse de Saint- Denis, les jésuites, les religieuses auxiliatrices et la Communauté de vie chrétienne (CVX).
Peu à peu, des Centres analogues se mettent en place en France, auprès d’autres universités (Lyon, Marseille, Grenoble), mais également au Maghreb (Alger, Constantine, Casablanca).