Groupe Alpha : Agir ensemble pour « la performance collective »
Le Groupe Alpha a choisi historiquement et stratégiquement de conseiller tous les parties prenantes œuvrant au dialogue social en France. Le Groupe Alpha a inscrit son action dans une vision originale et audacieuse de l’entreprise et du rapport entre tous ses acteurs, misant résolument sur la construction de nouveaux espaces de dialogue social et territorial. Ceux-ci s’avèrent encore plus nécessaires aujourd’hui pour sortir de la crise. Pierre Ferracci, Président, et Estelle Sauvat, Directrice Générale du Groupe Alpha, nous éclairent davantage.
La crise sanitaire a mis en évidence une nécessité stratégique, voire vitale, pour les entreprises de repenser et de faire évoluer leurs modèles d’affaires. Qu’en est-il ?
La crise sanitaire a souvent été le déclencheur de l’évolution des entreprises. Nous voyons d’ores et déjà ce changement à court terme. Cependant, il faut s’intéresser à cette transformation à long terme puisque le « filet de secours » mis en place par le gouvernement (chômage partiel, PGE, décalage ou exonération de charges) ne durera pas éternellement en obligeant les entreprises, notamment les plus faibles, à trouver d’autres issues de secours. Les entreprises les mieux organisées ont profité de ce contexte de crise pour revisiter leurs modèles stratégiques parce qu’à côté de la pandémie, il y a d’autres évolutions, la révolution numérique qui continue à avancer à grands pas ou celle, organisationnelle, du télétravail. Et là, nous touchons aussi à la protection des salariés car, au-delà du télétravail, se posent des questions essentielles sur lesquelles nous serons obligés de réfléchir. L’entreprise crée aussi du lien social et pas seulement de la performance économique.
Au-delà, il y a des habitudes de consommation et d’investissement qui vont sans doute changer et probablement de manière durable, comme l’illustrent, par exemple, le secteur du cinéma face à Netflix ou ceux des hôtels et des compagnies aériennes qui ont non seulement souffert du ralentissement économique mais également du changement, plus ou moins annoncé, des habitudes de consommation. Cela démontre à quel point le fait de revisiter un modèle stratégique s’avère compliqué aujourd’hui. Personne ne peut prédire le futur de cette transformation. Avec la récession économique, seules les prochaines années révéleront les modèles d’affaires les plus résilients et ceux qui ont su et pu se réinventer afin de s’adapter au nouveau modus operandi mondial.
Ce virage extrêmement difficile a mis en valeur le dialogue social entre les différentes parties prenantes (représentants du personnel et directions d’entreprises). La gravité de la situation les a obligées à fournir des efforts et à trouver des solutions non seulement pour protéger les salariés, mais aussi pour assurer la pérennité de l’entreprise. Avec une forme de regain, de part et d’autre, de l’échange, du dialogue, de la négociation. Au travers du dispositif des transitions collectives, nous observons aussi, avec intérêt, les intentions du plan de relance pour préserver l’emploi en assurant des passerelles entre organisations et branches professionnelles.
Même si nous avons quelques interrogations sur le modèle choisi par le gouvernement et sur la rapidité de sa mise en place, un tel système, qui incite les personnes à passer d’une entreprise à l’autre en choisissant la reconversion professionnelle, peut être une bonne voie, à condition de prévoir des temps longs pour « atterrir ». Cela va beaucoup dépendre de la capacité des entreprises à s’en emparer. Nous-mêmes, nous sommes promoteurs de modèles beaucoup plus incisifs visant à mettre un maximum de personnes en situation de formations longues et à s’assurer de pouvoir retrouver les compétences dont l’économie aura besoin pour sortir de cette crise, qui va durer… Sur le plan mondial, la bataille des compétences a débuté depuis plusieurs années et la France doit plus que jamais renforcer ses investissements en ce sens. C’est un vrai pari et cela doit être aussi le pari de l’État.
Quel rôle pouvez-vous jouer afin de mieux accompagner les entreprises et les collectivités pour réussir ce défi ?
Nous sommes présents à la fois auprès des entreprises et dans le débat public. Aujourd’hui, il y a une préoccupation élémentaire de la gestion des prêts garantis par l’État. Certaines entreprises se poseront la question de l’investissement et de la croissance externe alors que d’autres, moins chanceuses, réfléchiront à la transformation de ces dettes en fonds propres. Il y a de forts enjeux d’ordre financier liés à la mobilisation de ces moyens exceptionnels de l’État qu’il faudra tôt ou tard rembourser.
En parallèle, les enjeux environnementaux liés à la protection de la planète restent très présents malgré les préoccupations du contexte socio-économique. Le Groupe Alpha participe à cette mutation profonde qui intéresse les représentants du personnel, les syndicats, les dirigeants des entreprises ainsi que les actionnaires. Nous nous efforçons donc de les aider à trouver le bon aequilibrium.
Par ailleurs, nous accompagnons les parties prenantes dans la nouvelle réflexion sur les conditions de travail qui va au-delà de ce qui a été fait jusqu’à présent. Il y a des questions nouvelles posées par le développement du télétravail, qui relèvent du bien être individuel et des contraintes psychologiques liées à l’isolement. Cette crise est l’occasion de revisiter les questions de la santé et de la qualité de vie au travail.
Dans ce contexte, comment avez-vous adapté votre accompagnement pour contribuer à « la performance collective » qui est au cœur de votre approche et de votre vision ?
Nous avons d’abord abordé ce volet de performance collective en questionnant les parties prenantes sur ce qu’elles attendent en termes d’atterrissage à la sortie de la crise. Cela suppose que nous partageons un postulat, la recherche d’un cercle vertueux selon lequel les richesses créées par les efforts fournis par les salariés pendant la crise seront redistribuées de manière équitable à la fin, dès retour à meilleure fortune. C’est cette philosophie que nous souhaitons instiller à travers l’approche de la « performance collective ». À nos yeux, c’est sur ce terrain que nous pouvons construire des négociations équilibrées, en vue de parvenir à de nouveaux accords sociaux pour l’avenir. Cela suppose naturellement de se donner des gages et de tenir les promesses pour sortir de la crise.
Cela nous oblige, au même titre que les acteurs qui nous sollicitent, à faire preuve d’une agilité extrême. Aujourd’hui, il est impossible de tout planifier, notamment en raison de transformations technologiques et d’évolutions de la concurrence que personne ne peut prédire. Il faut donc pouvoir réagir très vite et se doter d’une capacité d’innovation, y compris organisationnelle. L’agilité, c’est certes être en capacité de savoir ce qui va se jouer dans deux ans, cinq ans, et, bien sûr, il y a des secteurs qui s’y prêtent davantage que d’autres, mais c’est surtout s’adapter avec le moins d’impacts négatifs possibles, sur le plan économique comme sur le plan social. Si nous n’anticipons pas, il y aura des dérapages sérieux que nous ne pourrons pas gérer. Nous voyons bien que, dans la gestion de la crise sanitaire, le manque d’anticipation, qu’il soit de quelques semaines ou de quelques années, nous coûte très cher. Le fait de ne pas investir suffisamment, pour nous sortir de l’impasse sanitaire dans laquelle nous sommes, va se traduire par un coût économique et social beaucoup plus important que ce que nous pouvons encore imaginer aujourd’hui. N’occultons pas le fait que lorsque nous parlons d’agilité ou de mobilité, cela peut susciter des craintes chez les salariés et chez les représentants du personnel. Parallèlement, lorsque nous parlons de sécurité et de qualité de vie au travail, cela peut faire peur aux dirigeants. Or, c’est bien sur ces enjeux déterminants, cruciaux pour la relance, qu’il faut trouver un équilibre. Nous voyons bien que la performance sociale découle de la performance économique et que l’inverse est tout aussi vrai.
Les accords sociaux doivent tenir compte de ces questions. Et, s’il y a des efforts demandés aux salariés sur l’évolution de leur pouvoir d’achat, il faut que les équipes dirigeantes ou les actionnaires donnent aussi des signes. Nous sommes partisans et artisans de la recherche de ces équilibres-là et nous faisons en sorte d’ailleurs de l’instaurer au sein du Groupe Alpha avant même de l’évoquer auprès de nos clients. Cela nous rend conscients davantage de la complexité de la démarche. Ainsi, afin de bâtir des socles sociaux et économiques solides, faut-il prendre en considération les facteurs externes déterminants évoqués plus haut. Il ne suffit pas de disserter sur la raison d’être d’une entreprise, il faut qu’elle se traduise en actions claires dans son fonctionnement. Cela est d’autant plus important que nous sommes aujourd’hui face à une concurrence mondiale accrue. Il y a aujourd’hui, face à une pandémie mondiale, une réelle exigence de renouveler notre modèle social, mais cela ne doit pas se faire n’importe comment, dans un excès ou dans l’autre, comme ce que nous pouvons constater pour le télétravail. Il faut, tant au niveau micro-économique qu’à l’échelle du pays et de l’Europe, repenser nos modèles en intégrant les dimensions économiques, sociales et environnementales et en étant particulièrement soucieux des rythmes à respecter et des contradictions à surmonter. L’indispensable protection de la planète doit aller de pair avec la solidité de notre modèle économique et la réduction des inégalités sociales. Le Groupe Alpha s’y emploie avec détermination.
En bref
Nous sommes aujourd’hui 900 consultants dans le Groupe, dont les expertises sont diversifiées. Dotées d’experts-comptables, de spécialistes financiers, de consultants très spécialisés sur le terrain des ressources humaines ou de la santé au travail, les compétences du Groupe s’étendent à la fois sur le terrain du conseil, de l’audit et de l’accompagnement des managers ou des salariés dans des contextes de transformation ou de réorganisation d’entreprises. Ces nombreuses compétences nous amènent à être particulièrement mobilisés dans le contexte de crise que traverse notre pays. Dans nos missions, nous articulons autant des sujets relatifs à la préservation de l’emploi, à l’amélioration des conditions de travail, au développement des compétences qu’à la reconversion professionnelle des salariés touchés par la crise. Nous accompagnons activement de nombreuses entreprises en France pour sortir de la crise dans les meilleures conditions possibles. Nous sommes regroupés en deux branches d’activité : Secafi (CSE et CHSCT) et Sémaphores (entreprises et secteur public).