Aider les jeunes au cours des stages civils
Les élèves fraîchement intégrés à l’École polytechnique partent en stage de formation humaine dans les armées ou dans des organismes civils. Voici quelques exemples de stages au cours desquels les élèves se sont frottés avec des jeunes issus de milieux souvent défavorisés.
» Accepter de ne pas pouvoir tout résoudre »
Guillaume Lachaussée et Hicham Amrani, X 2007, ont effectué leur stage civil de première année au collège du Moulin-Joly, à Colombes, dans des classes de la sixième à la troisième.
» Mes activités étaient variées, raconte Guillaume. Je faisais du soutien scolaire dans toutes les matières lors des séances d’études proposées au collège. Cela permettait aux élèves d’avoir de l’aide pour leurs devoirs et de poser des questions auxquelles ils ne trouvent pas forcément la réponse chez eux. Je participais à l’école ouverte, le mercredi après-midi. Le fait que les élèves choisissent de venir est une forte explication de l’amélioration parfois spectaculaire de leurs résultats. Par ailleurs, des activités ponctuelles étaient organisées avec l’équipe pédagogique, comme des séances de travaux pratiques, des dédoublements de classe, des exercices sur ordinateur, etc. J’intervenais alors en renfort du professeur sur une séance particulière.
» Le gros écueil en début de stage est l’attachement fort à certains élèves en situation difficile. Il faut pourtant accepter de ne pas pouvoir tout résoudre. »
Tremplin
Fondée en 2000 à l’X par quelques étudiants, cette Association a pour vocation d’aider des lycéens de milieux modestes à réussir des études longues. Sa principale intervention consiste à proposer des séances de maths et physique de niveau classes prépas à des lycéens de première S et de terminale S en lycées sensibles, pour les stimuler et les motiver vers des études sélectives. Tremplin s’occupe d’environ 200 à 250 jeunes, qu’elle essaye de suivre ensuite après le bac.
L’Association souhaite créer un réseau des élèves pour les suivre après leur passage.
Une vision neuve
La nouveauté joue un grand rôle dans l’intérêt des élèves. Le seul fait d’avoir une nouvelle présence dans la classe, avec une vision neuve des choses, les intrigue et les incite à s’impliquer davantage. » J’ai parfois un sentiment de gâchis, car ils ont une énergie folle, souvent difficile à canaliser, qui mène certains à l’échec scolaire alors qu’ils sont très capables. Ils ne s’en rendent souvent pas compte aussi jeunes. S’il n’y a pas de solution miracle, notre présence représente quelque chose pour les élèves ; leur reconnaissance n’est pas toujours exprimée, mais un simple merci signifie beaucoup. C’est ce que j’ai apprécié le plus dans cette expérience : être utile, rendre service. »
» Leur faire reprendre confiance en eux »
Steve Guillou et Nabil Aquedim, X 2007, ont passé leur stage civil de première année au sein de l’Association » Tremplin « .
Un souhait d’études scientifiques
» Nous étions répartis dans cinq lycées de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne pour des séances d’une heure trente à deux heures d’approfondissement scientifique avec les élèves.
Il faut éviter de se laisser déborder par les difficultés des élèves et savoir conserver une certaine distance
Les sujets partent du programme scolaire pour s’étendre au programme des classes préparatoires. Les élèves sont tous volontaires et veulent déjà faire des études scientifiques, sans bien savoir où, ni comment. Deux séances d’essai ont eu lieu en début d’année puis nous nous sommes retrouvés avec une soixantaine d’élèves chacun, répartis en groupes de taille très variable. Nous avons fait avec eux beaucoup de maths et un peu de physique. Mais pas seulement. Nous avons aussi beaucoup évoqué leur orientation afin d’affiner leurs souhaits et de les sensibiliser à toutes les filières scientifiques. »
S’entraîner aux concours
» Nous avons aussi préparé 25 élèves pour le concours des écoles à prépa intégrée, lors d’un stage pendant les vacances scolaires. Il leur a permis de connaître ce type de concours et de s’entraîner au bac par la même occasion.
Pour les encourager à se présenter à ces concours, Tremplin s’est engagée à payer la totalité du premier concours et 90 % à partir du second.
» En plus de ces activités avec les lycéens, nous nous sommes retrouvés, entre 3 et 6 étudiants de l’X et de l’ENS, les samedis après-midi à l’Agro, pour un suivi des anciens élèves de l’Association qui font aujourd’hui des études supérieures scientifiques. Nous aidions ainsi 15 à 20 anciens élèves à comprendre leurs cours et à faire leurs devoirs. »
Tout le monde n’a pas un accès égal aux études supérieures, et ce n’est pas seulement une histoire de niveau scolaire. Beaucoup d’élèves sont peu et mal informés ou sont inhibés ; ils n’osent pas parce qu’aucun de leurs copains ne fait ça. Tremplin leur fait reprendre confiance en eux et se lancer. Les ambitions changent au cours de l’année. Tremplin les conseille dans leurs choix, selon leurs aptitudes et leur personnalité.
Tremplin propose aussi une dizaine d’élèves pour la bourse Suez (3 000 euros par an pendant trois ans contre… un stage rémunéré chez Suez) et un dispositif de parrainage permet aux jeunes de l’Association qui viennent de passer leur bac, d’être suivis par de jeunes ingénieurs. »
L’action sociale de la Kès
En parallèle, et souvent en collaboration avec d’autres binets, l’ASK – Action sociale de la Kès – regroupe des activités sociales, et propose une ouverture sur les autres et sur le monde.
L’ASK est un binet qui dépend de la Kès (bureau des élèves) de l’École. Son origine provient du rôle joué par la Kès dès la fin du xixe siècle, qui était de soulager les misères dans le quartier pauvre de la Montagne Sainte-Geneviève. Aujourd’hui, l’ASK regroupe les différentes activités à caractère social de l’École, activités régulières ou ponctuelles. Ces dernières sont nombreuses, ce qui permet d’avoir toujours des volontaires, même si l’on ne retrouve pas les mêmes élèves d’une fois sur l’autre. De nouvelles activités permettront de » recruter » davantage parmi les élèves, mais aussi parmi les masters et les doctorants.
Soutien scolaire aux plus démunis
Beaucoup de jeunes sont mal informés ou inhibés face aux études supérieures
Les activités régulières tournent en grande partie autour du soutien scolaire, effectué par deux associations partenaires, pour les élèves de collège et de lycée de ZEP. » Pour aider les plus démunis, précise Marie Strauss, présidente de l’ASK, nous travaillons avec le centre de la Chorba, où des X distribuent de la soupe et du café, ou bien effectuent des maraudes. Par ailleurs, l’ASLIVE (Association de sport et loisirs pour les inadaptés de Versailles et des environs) emmène des handicapés mentaux, un week-end par mois et deux semaines l’été, dans une maison de campagne, tandis qu’un partenariat avec ALIS (Association du locked-in syndrom) est en création, afin de rendre visite aux personnes atteintes de ce handicap et leur changer les idées. »
Collectes et promesse de dons
Oui, nous sommes à l’initiative de collectes d’argent ponctuelles dans les bars d’étage pour la banque alimentaire, de collectes de vêtements pour Emmaüs, de récoltes de promesses de dons de plaquettes lors de la semaine du défi plaquettes, et nous subventionnons, en partenariat avec l’Amicale des anciens élèves de l’X, les stages humanitaires effectués au titre de stage de contact humain par les élèves polytechniciens entre leur deuxième et leur troisième année. Nous servons également de relais d’information sur les activités pratiquées par les autres écoles.