Airbus Safran Launchers rend l’espace accessible
Quelle est la genèse d’Airbus Safran Launchers ?
La décision d’unir les capacités du groupe Airbus et de Safran, en matière de lanceurs spatiaux, a été prise au milieu de l’année 2014 au moment de la préparation de la conférence ministérielle de l’agence spatiale européenne et du lancement du projet Ariane 6.
Elle avait pour but de créer une entreprise d’envergure mondiale capable de rester compétitive dans un marché spatial en pleine évolution. La joint-venture, débutée en janvier 2015 avec les programmes Ariane 5 et Ariane 6, a été finalisée le 30 juin 2016.
Elle est détenue à 50 % par Airbus DS et 50 % par Safran.
© Airbus safran launchers Holfing 2016.
Qu’apporte cette finalisation dans le temps ?
En rassemblant tous les actifs des deux groupes, il devient possible de développer le lanceur européen de nouvelle génération (Ariane 6) d’ici 2020, en optimisant les coûts de production de 40 à 50 % par rapport à Ariane 5.
Pourquoi faire rapidement Ariane 6 ?
La compétition est de plus en plus féroce, notamment face à SpaceX.
Airbus Safran Launchers est la meilleure réponse de l’Europe face à la nouvelle donne spatiale et des prix extrêmement compétitifs des nouveaux concurrents.
Quelles seront les différentes activités, filiales et compétences que ce groupe va proposer ?
L’essentiel de notre activité s’articule autour des lanceurs qu’ils soient civils ou militaires. Il s’agit de l’exploitation d’Ariane 5 (le lanceur de référence dans l’Europe et le monde avec 74 tirs réussis à la suite) et bien sûr d’Ariane 6, ainsi que de la force océanique française de dissuasion (conception et production en série des propulseurs, développement du missile M51 et de ses évolutions et production M51 et services).
Avez-vous d’autres activités ?
Le groupe Airbus Safran Launchers et ses filiales fournissent des équipements aux 20 principaux fabricants de satellites dans le monde.
Nous avons sinon d’autres activités liées à notre expertise spatiale allant de la fabrication de composants chimiques aux infrastructures les plus complexes.
Vos partenaires du groupe pourront-ils toujours intervenir dans leurs métiers respectifs ?
En qualité de maître d’oeuvre, nous ne faisons jamais de spécifications détaillées vis-à-vis de nos partenaires.
Au contraire, nous sommes dans le co-ingeneering. Chacun peut faire des propositions pour apporter, dans son propre domaine de compétences, le meilleur produit au meilleur coût.
Cette notion « d’entreprise étendue » est aujourd’hui développée dans le domaine de l’aéronautique et désormais appliquée au domaine spatial. Elle permet aux entreprises partenaires de jouer pleinement leur rôle dès l’origine des projets.
Quelles seront les différentes étapes pour arriver à un nouveau lanceur en 2020 ?
Notre logique de développement n’est plus celle des lanceurs précédents. Nous ne nous concentrons plus sur le premier lancement ! Nous concevons notre lanceur dans la perspective de sa production en série.
© Airbus safran launchers Holfing 2016.
LES PIEDS SUR TERRE ET LA TÊTE DANS LES ÉTOILES !
“ Nous avons besoin d’ingénieurs dans notre filière », explique David Quancard. « Le spatial est un monde de passionnés, mais pas de professeurs nimbus ! Les hommes et les femmes qui travaillent avec nous ont la tête dans les étoiles et les pieds sur terre ! Ils doivent rester professionnels pour réaliser des projets qui tiennent compte des contraintes économiques, industrielles et commerciales. ”
LES ÉTAPES CLÉS D’ARIANE 6
Dans le calendrier d’Ariane 6, les grandes étapes ont été les suivantes : la signature avec l’agence spatiale européenne du contrat de développement le 12 août 2015, la finalisation du design et la mise en place de l’organisation industrielle en décembre 2015, puis la confirmation de la maturité technique du lanceur en juin 2016, et enfin l’accord pour la continuation du programme, à l’unanimité des membres de l’agence spatiale européenne, le 13 septembre 2016.
Quelles sont les prochaines dates dans l’élaboration du lanceur ?
2017 sera le début de l’approvisionnement long terme pour la fabrication et 2018 sera le début de la production des éléments d’Ariane 6.
Pour remplacer Ariane 5, nous prévoyons un premier vol en 2020 pour atteindre onze lancements par an dès 2023.
Quelle sera leur valeur ajoutée par rapport aux modèles actuels ?
À fiabilité égale, Ariane 6 est flexible, modulaire et plus compétitive qu’Ariane 5. Elle existera en deux versions, dont la première avec deux boosters et la seconde avec quatre boosters.
Son nouveau moteur « réallumable » nous permettra de répondre à toutes les missions, voire de lancer plusieurs satellites à la fois, quelle que soit l’orbite.
En quoi votre méthode de fabrication change-t-elle ?
Nous utilisons les nouvelles méthodes de production, notamment l’impression 3D qui permet de fabriquer rapidement des pièces de formes complexes.
Cette démarche est nouvelle pour nous et va nous permettre de réduire là encore les coûts.
Quelle sera la part de la digitalisation dans vos process ?
Notre groupe mise beaucoup sur la digitalisation notamment avec l’utilisation de maquettes numériques partagées avec nos partenaires dès la conception de nos produits.
Nous mettons en place des outils connectés ainsi que la réalité augmentée qui permet de simuler et d’accélérer toutes les opérations de production.
CHIFFRES CLÉS
2, 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires estimé
8 000 salariés
11 filiales et participations
13 sites principaux en France et en Allemagne
ÇA S’EST DIT DANS LA PRESSE
« Ariane 6 n’est pas le lanceur du prochain siècle, mais c’est le bon pour nos lacements en 2020. Il restera encore à innover, à étudier et surtout à mener des recherches sur de nouveaux moteurs, » explique Jan Woerner, directeur général de l’agence spatiale européenne dans Les Echos, en avril 2016.
Quelles sont les pièces que vous fabriquerez en 3D ?
Nos ingénieurs conçoivent des pièces ne dépassant pas 40 centimètres sur 40, ce qui correspond à la taille actuelle des machines. Celles-ci seront installées sur les moteurs d’Ariane 6 et réalisées en une seule fois.
Ce seront des échangeurs, des canalisations, des plaques d’injection…
Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années ?
Notre objectif principal sera de réduire le plus possible les coûts pour une meilleure productivité.
Par principe, l’aventure spatiale n’est jamais terminée. Nous travaillons déjà sur les moteurs des prochaines générations de lanceur.