Alain Rossmann (X76) Profession : visionnaire communicatif
Alain Rossmann est un aventurier de l’entrepreneuriat. Parti très tôt aux États-Unis, il fut de l’odyssée du Macintosh, puis dans la foulée créa nombre de start-up et est détenteur de nombreux brevets. Une telle créativité est un exemple pour la communauté des X !
Alain Rossmann naquit en 1956 et passa son enfance à Saint-Cloud, où il effectua sa scolarité secondaire au lycée de Saint-Cloud. Il entra en prépa M’ à Louis-le-Grand en 1974 ; puis intégra l’X en 5⁄2, en 1976, dans le milieu du classement. Il y travaille fort et accède à la sortie de l’École des ponts et chaussées. 1976 est l’année du transfert de l’X à Palaiseau : Alain Rossmann fait partie de cette promotion inaugurale, coupée d’avec le Quartier latin, ses cinémas, librairies et disquaires. Ce fut dur. Jean-Marie Messier est l’un de ses camarades de promotion. Mais il y a des contreparties, Laurent Schwartz comme enseignant de mathématiques en particulier. Alain Rossmann en conservera durablement un goût prononcé pour les maths.
De Palaiseau à Palo Alto
Après l’École des ponts (1981), son appétence pour le risque et l’aventure se manifeste. Il quitte la France – en fait définitivement – et s’inscrit à Stanford, pour un MBA qu’il obtiendra deux ans plus tard. L’attrait de Palo Alto fut bien supérieur à celui de Palaiseau ! S’ouvre alors un chapitre prestigieux de son parcours : de 1983 à 1986, il fait partie, en tant qu’head evangelist, de l’équipe réunie par Steve Jobs pour concevoir et mettre au point le Macintosh, un produit révolutionnaire, car mettant l’informatique dans les mains de tout un chacun.
Le succès du Macintosh
Mon initiation au Macintosh, en tant qu’ordinateur personnel, date de sa sortie début 1984. J’avais été voir ma mère à Grenoble. Cette excellente pianiste amateur (1913−1999) s’était entendue avec notre ami Jean-Marie Laborde, normalien, mathématicien et informaticien (le concepteur de Cabri), pour aller écouter ensemble chez lui l’enregistrement par Glenn Gould de sa seconde version – la première date de 1951 – des Variations Goldberg. À cette occasion, Jean-Marie nous fit un éloge enthousiaste du Mac, avec toutes ses avancées techniques et d’aisance de maniement. Je m’empressai d’en commander quelques exemplaires pour mon laboratoire à l’université de Liège, déjà équipé d’une douzaine de mini-ordinateurs d’Apple.
“Durant sa carrière, il prendra 44 brevets et fondera neuf start-up.”
L’héritage d’Apple
On se le rappelle, Steve Jobs, évincé par John Sculley, quitte Apple en septembre 1985. C’est déterminant pour Alain Rossmann : lui aussi quitte Apple pour fonder Radius, une start-up produisant des périphériques – dont un écran pleine page – pour Macintosh. Il y restera trois ans. Avoir côtoyé professionnellement Steve Jobs, pendant la belle aventure de la mise au point du Macintosh, l’influença durablement. De plus, chez Apple, il y rencontra Joanna Hoffman, autre personnage clé dans la splendide équipée du Macintosh. Joanna était physicienne et archéologue – pour son mémoire de fin d’études au MIT (1978), elle étudia l’Urartu, ce royaume constitué vers le IXe siècle av. J.-C. sur le haut plateau arménien – avant que Jef Raskin (1943−2005) ne l’engage comme cinquième membre de l’équipe Macintosh en septembre 1980. Les deux s’épousèrent. Ils eurent deux enfants.
Créateur de start-up et de produits révolutionnaires
Son goût du risque et son besoin d’innover le conduisirent alors à créer une autre start-up de la Silicon Valley, C‑Cube Microsystems, pour un nouveau défi : la compression d’images et de vidéos en temps réel, technologie essentielle pour stocker, consommer et transmettre les médias numériques. Dès lors, son cheminement est tracé : se donner des défis industriels et commerciaux majeurs, pour les vaincre en beauté. Au total, durant sa carrière, il prendra 44 brevets et fondera neuf start-up : trois devinrent des sociétés cotées en Bourse, trois furent rachetées et deux échouèrent. Il en est à sa dixième. Son parcours, d’innovation technique, industrielle et commerciale, n’est pas sans rappeler celui de Thomas Edison (1847−1931) ou, plus près de nous, celui de R. Buckminster Fuller (1895−1983).
Pour en savoir plus :
- Éric Archambeau, « Alain Rossmann, l’expérience précieuse de l’échec », 01 Net, 29 mars 2001. https://www.01net.com/actualites/lexperience-precieuse-de-lechec-142295.html.
- Ruth Styles, « What happened to Steve Jobs right-hand woman ? How Joanna Hoffman – played by Oscar winner Kate Winslet – ended up as a mom-of-two living in a $7million Silicon Valley home », sur dailymail.co.uk, 24 février 2016.
- https://www.maddyness.com/2022/03/21/3‑pistes-doper-innovation-technologique-francaise/