Alba Infra Partners : une nouvelle approche pour l’infrastructure lower/mid-market
Les infrastructures sont un pilier de la réussite des transitions actuelles. Spin-off de 3i, Alba Infra Partners se positionne comme un investisseur spécialisé dans les infrastructures lower/mid-cap afin de soutenir ces transitions et saisir les nombreuses opportunités que ce segment de marché peut offrir. Stéphane Grandguillaume (X90), CEO et fondateur d’Alba Infra Partners, revient sur la création du gestionnaire de fonds, son positionnement et ses ambitions. Rencontre.
Alba Infra Partners a vu le jour il y a quelques mois. Quel est le contexte autour de la création de cette équipe d’investissement spécialisée dans les projets d’infrastructures ?
Alba Infra Partners est née d’un spin-out de 3i, le gestionnaire de fonds britannique coté au FTSE100. Après une dizaine d’années passées au sein de 3i comme associé, j’ai quitté la société en bonne entente avec douze collègues aujourd’hui devenus actionnaires d’Alba. Dans ce cadre, nous avons pu partir avec deux fonds d’infrastructure long terme sous gestion et l’aval de nos investisseurs.
Le spin-out qui a donné naissance à Alba Infra Partners concerne l’équipe spécialisée dans les infrastructures de taille petite/moyenne (ticket inférieur à cent millions d’euros). En effet, 3i possédait deux branches d’infrastructure : l’une sur des sociétés de grande taille avec des tickets entre 200 et 500 millions d’euros, et celle que nous avons reprise. Avec mon équipe, nous sommes convaincus qu’un gestionnaire indépendant est plus agile pour saisir les nombreuses opportunités qu’offre le marché du lower-mid cap.
Alba sera basée à Londres et à Paris ?
Comme on dit dans ma promo : « Zent – Ou » en français : « Les deux mon général ! » Plus particulièrement, les nouvelles activités d’Alba seront gérées par la société de gestion française, réglementée par l’AMF. C’est une tendance du marché, dont le barycentre se déplace graduellement vers Paris, avec des acteurs de premier plan comme Antin, Ardian, Infravia ou Meridiam, qui sont des leaders paneuropéen dans leurs domaines respectifs et emploient de nombreux X. Pour réussir en infrastructure, il faut des qualités d’investisseur, une bonne compréhension des enjeux techniques et une certaine appétence pour la négociation et les enjeux sociétaux – finalement nous sommes tous restés fidèles à la patrie, aux sciences et à la gloire !
Plus sérieusement, la France dispose d’un excellent vivier d’ingénieurs pour soutenir ce secteur et c’est ainsi que Paris est en train de prendre le leadership européen de l’infra.
Quelles sont les grandes lignes de votre stratégie d’investissement ?
Alba Infra Partners s’appuie sur son expertise, son réseau et un asset manager propriétaire pour les aspects techniques. Nous investissons aussi bien dans des projets nouveaux (greenfield) qu’existants (brownfield), ainsi que dans des développeurs de projets. Nos secteurs de prédilection incluent les énergies renouvelables, la transition énergétique, l’environnement, la mobilité verte et les infrastructures sociales.
Notre segment de marché offre de nombreuses opportunités d’investissement attractives. La croissance de ce secteur est largement expliquée par des tendances socio-économiques majeures (infrastructures vieillissantes, dynamique démographique, transition énergétique, mobilité verte…). Elle est également soutenue par la raréfaction des fonds publics et la réduction de l’effet de levier sur les projets suite à l’augmentation des taux d’intérêts.
Dans ce cadre, notre stratégie d’investissement est d’accompagner ce segment de marché lower-mid cap, de faire croître et structurer nos actifs pour les rendre attractifs pour des acteurs large cap, ces même acteurs qui étaient nos compétiteurs pendant dix ans chez 3i.
À date, vous gérez d’ores et déjà deux fonds…
Nous gérons deux fonds représentant environ 1 milliard d’euros d’actifs sous gestion et un portefeuille qui s’étend sur huit pays européens. Mon équipe a investi dans plus de 75 actifs et à ce jour, nous n’avons pas enregistré de pertes, avec des performances au-dessus du marché sur tous nos secteurs. Ces résultats s’expliquent notamment par notre vigilance rigoureuse et notre organisation qui nous permet de maîtriser tout le cycle de vie de nos actifs.
Ces dernières années, nous avons plutôt vu une concentration du marché de l’infrastructure. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Le secteur des infrastructures a effectivement connu une consolidation marquée ces dernières années, avec des transactions majeures telles que l’acquisition de DIF Capital Partners par CVC, celle de John Laing par KKR, ou encore celle de GIP par Blackrock. En parallèle, l’AUM (Assets Under Management) du secteur a considérablement augmenté, passant de 50 milliards de dollars avant la crise financière de 2008 à 1 400 milliards aujourd’hui, entraînant une augmentation significative de l’encours moyen sous gestion de chaque fonds.
Dans ce contexte, pourquoi un spin-out ? En quoi votre approche du marché de l’investissement en infrastructure est-elle différenciante ?
Cette course à l’AUM crée un vide sur le segment des infrastructures de taille moyenne, le segment que nous ciblons avec Alba Infra Partners. Or les barrières à l’entrée sont fortes pour créer un nouveau gestionnaire de fonds, comme le démontre le faible nombre de nouveaux entrants sur les dix dernières années. Pour réussir à monter un fonds pan-européen, il est crucial d’avoir une équipe de professionnels spécialisés, un réseau de partenaires industriels, une plateforme de gestion et de bénéficier du soutien des investisseurs institutionnels. Cela fait beaucoup de conditions et nous avons la grande chance de les réunir chez Alba, sur un marché très porteur, et qui est moins compétitif que le marché large cap. Je suis franc-comtois, donc un peu têtu, et j’ai maturé ce projet de spin-out pendant deux ans au sein de 3i avec mes associés John et Antoine.
Votre activité est aussi à la croisée des transitions énergétique, écologique et climatique. Quels sont vos enjeux ? Quelle place occupe l’ESG et le développement dans ce cadre ?
La transition énergétique est l’une des mégas tendances du marché des infrastructures de taille moyenne. Sur les cinq prochaines années, 20 milliards d’euros de capitaux seront investis annuellement dans des projets européens. Ces enjeux sont au cœur du projet et des expertises d’Alba Infra Partners. J’ai passé 8 ans au board de Valorem, devenu un des plus gros développeurs et producteurs indépendants d’énergie verte du marché français. Nous sommes aussi actionnaires de NEoT Green Mobility (NGM) depuis 2021, l’une des deux principales plateformes pan-européenne (elle est française) à proposer des solutions de leasing pour de la mobilité verte. Pour vous donner un exemple concret, grâce à NGM, ce sont déjà 21 000 tonnes de CO2 équivalent qui ont été évitées à ce jour. Nous intégrons bien évidemment les critères ESG à toutes les étapes de notre cycle d’investissement.
D’ailleurs, notre approche ESG ne se résume pas à la transition énergétique. Nous investissons également dans les infrastructures sociales, notamment en France avec des projets comme l’Hôpital Saint-Nazaire, l’université Paris-Diderot ou de nombreux collèges. L’infrastructure, ce sont aussi des projets innovants comme Le Centre National des Sports de la Défense (CNSD) ou encore l’INSEP, qui à eux deux représentent plus de la moitié de nos 139 médailles aux Jeux Olympiques et Paralympiques ! C’est aussi La Seine Musicale, qui contribue au rayonnement de la culture française.
Comment vous projetez-vous sur ce marché ?
Nous sommes très heureux sur ce marché du lower mid-cap qui va continuer de bénéficier d’une forte demande, tirée notamment par les transitions énergétiques et le besoin en infrastructures sociales. Notre projet, c’est de continuer à faire grandir nos projets et nos sociétés en portefeuille pour que d’autres fonds large-cap viennent ensuite continuer à les soutenir et en faire les champions paneuropéens de demain.