La Seine Musicale, Île Seguin, Boulogne-Billancourt.

Alba Infra Partners : une nouvelle approche pour l’infrastructure lower/mid-market

Dossier : Vie des entreprises, FintechMagazine N°798 Octobre 2024
Par Stephane GRANDGUILLAUME (X90)

Les infra­struc­tures sont un pilier de la réus­site des tran­si­tions actuelles. Spin-off de 3i, Alba Infra Part­ners se posi­tionne comme un inves­tis­seur spé­cia­li­sé dans les infra­struc­tures lower/­mid-cap afin de sou­te­nir ces tran­si­tions et sai­sir les nom­breuses oppor­tu­ni­tés que ce seg­ment de mar­ché peut offrir. Sté­phane Grand­guillaume (X90), CEO et fon­da­teur d’Alba Infra Part­ners, revient sur la créa­tion du ges­tion­naire de fonds, son posi­tion­ne­ment et ses ambi­tions. Rencontre.

Alba Infra Partners a vu le jour il y a quelques mois. Quel est le contexte autour de la création de cette équipe d’investissement spécialisée dans les projets d’infrastructures ?

Alba Infra Part­ners est née d’un spin-out de 3i, le ges­tion­naire de fonds bri­tan­nique coté au FTSE100. Après une dizaine d’années pas­sées au sein de 3i comme asso­cié, j’ai quit­té la socié­té en bonne entente avec douze col­lègues aujourd’hui deve­nus action­naires d’Alba. Dans ce cadre, nous avons pu par­tir avec deux fonds d’infrastructure long terme sous ges­tion et l’aval de nos investisseurs.

Le spin-out qui a don­né nais­sance à Alba Infra Part­ners concerne l’équipe spé­cia­li­sée dans les infra­struc­tures de taille petite/moyenne (ticket infé­rieur à cent mil­lions d’euros). En effet, 3i pos­sé­dait deux branches d’infrastructure : l’une sur des socié­tés de grande taille avec des tickets entre 200 et 500 mil­lions d’euros, et celle que nous avons reprise. Avec mon équipe, nous sommes convain­cus qu’un ges­tion­naire indé­pen­dant est plus agile pour sai­sir les nom­breuses oppor­tu­ni­tés qu’offre le mar­ché du lower-mid cap.

Alba sera basée à Londres et à Paris ?

Comme on dit dans ma pro­mo : « Zent – Ou » en fran­çais : « Les deux mon géné­ral ! » Plus par­ti­cu­liè­re­ment, les nou­velles acti­vi­tés d’Alba seront gérées par la socié­té de ges­tion fran­çaise, régle­men­tée par l’AMF. C’est une ten­dance du mar­ché, dont le bary­centre se déplace gra­duel­le­ment vers Paris, avec des acteurs de pre­mier plan comme Antin, Ardian, Infra­via ou Meri­diam, qui sont des lea­ders paneu­ro­péen dans leurs domaines res­pec­tifs et emploient de nom­breux X. Pour réus­sir en infra­struc­ture, il faut des qua­li­tés d’investisseur, une bonne com­pré­hen­sion des enjeux tech­niques et une cer­taine appé­tence pour la négo­cia­tion et les enjeux socié­taux – fina­le­ment nous sommes tous res­tés fidèles à la patrie, aux sciences et à la gloire !

Plus sérieu­se­ment, la France dis­pose d’un excellent vivier d’ingénieurs pour sou­te­nir ce sec­teur et c’est ain­si que Paris est en train de prendre le lea­der­ship euro­péen de l’infra.

Quelles sont les grandes lignes de votre stratégie d’investissement ?

Alba Infra Part­ners s’appuie sur son exper­tise, son réseau et un asset mana­ger pro­prié­taire pour les aspects tech­niques. Nous inves­tis­sons aus­si bien dans des pro­jets nou­veaux (green­field) qu’existants (brown­field), ain­si que dans des déve­lop­peurs de pro­jets. Nos sec­teurs de pré­di­lec­tion incluent les éner­gies renou­ve­lables, la tran­si­tion éner­gé­tique, l’environnement, la mobi­li­té verte et les infra­struc­tures sociales.

Notre seg­ment de mar­ché offre de nom­breuses oppor­tu­ni­tés d’investissement attrac­tives. La crois­sance de ce sec­teur est lar­ge­ment expli­quée par des ten­dances socio-éco­no­miques majeures (infra­struc­tures vieillis­santes, dyna­mique démo­gra­phique, tran­si­tion éner­gé­tique, mobi­li­té verte…). Elle est éga­le­ment sou­te­nue par la raré­fac­tion des fonds publics et la réduc­tion de l’effet de levier sur les pro­jets suite à l’augmentation des taux d’intérêts.

Dans ce cadre, notre stra­té­gie d’investissement est d’accompagner ce seg­ment de mar­ché lower-mid cap, de faire croître et struc­tu­rer nos actifs pour les rendre attrac­tifs pour des acteurs large cap, ces même acteurs qui étaient nos com­pé­ti­teurs pen­dant dix ans chez 3i.

À date, vous gérez d’ores et déjà deux fonds…

Nous gérons deux fonds repré­sen­tant envi­ron 1 mil­liard d’euros d’actifs sous ges­tion et un por­te­feuille qui s’étend sur huit pays euro­péens. Mon équipe a inves­ti dans plus de 75 actifs et à ce jour, nous n’avons pas enre­gis­tré de pertes, avec des per­for­mances au-des­sus du mar­ché sur tous nos sec­teurs. Ces résul­tats s’expliquent notam­ment par notre vigi­lance rigou­reuse et notre orga­ni­sa­tion qui nous per­met de maî­tri­ser tout le cycle de vie de nos actifs.

Ces dernières années, nous avons plutôt vu une concentration du marché de l’infrastructure. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

Le sec­teur des infra­struc­tures a effec­ti­ve­ment connu une conso­li­da­tion mar­quée ces der­nières années, avec des tran­sac­tions majeures telles que l’acquisition de DIF Capi­tal Part­ners par CVC, celle de John Laing par KKR, ou encore celle de GIP par Bla­ckrock. En paral­lèle, l’AUM (Assets Under Mana­ge­ment) du sec­teur a consi­dé­ra­ble­ment aug­men­té, pas­sant de 50 mil­liards de dol­lars avant la crise finan­cière de 2008 à 1 400 mil­liards aujourd’hui, entraî­nant une aug­men­ta­tion signi­fi­ca­tive de l’encours moyen sous ges­tion de chaque fonds.

Dans ce contexte, pourquoi un spin-out ? En quoi votre approche du marché de l’investissement en infrastructure est-elle différenciante ?

Cette course à l’AUM crée un vide sur le seg­ment des infra­struc­tures de taille moyenne, le seg­ment que nous ciblons avec Alba Infra Part­ners. Or les bar­rières à l’entrée sont fortes pour créer un nou­veau ges­tion­naire de fonds, comme le démontre le faible nombre de nou­veaux entrants sur les dix der­nières années. Pour réus­sir à mon­ter un fonds pan-euro­péen, il est cru­cial d’avoir une équipe de pro­fes­sion­nels spé­cia­li­sés, un réseau de par­te­naires indus­triels, une pla­te­forme de ges­tion et de béné­fi­cier du sou­tien des inves­tis­seurs ins­ti­tu­tion­nels. Cela fait beau­coup de condi­tions et nous avons la grande chance de les réunir chez Alba, sur un mar­ché très por­teur, et qui est moins com­pé­ti­tif que le mar­ché large cap. Je suis franc-com­tois, donc un peu têtu, et j’ai matu­ré ce pro­jet de spin-out pen­dant deux ans au sein de 3i avec mes asso­ciés John et Antoine.

Votre activité est aussi à la croisée des transitions énergétique, écologique et climatique. Quels sont vos enjeux ? Quelle place occupe l’ESG et le développement dans ce cadre ?

La tran­si­tion éner­gé­tique est l’une des mégas ten­dances du mar­ché des infra­struc­tures de taille moyenne. Sur les cinq pro­chaines années, 20 mil­liards d’euros de capi­taux seront inves­tis annuel­le­ment dans des pro­jets euro­péens. Ces enjeux sont au cœur du pro­jet et des exper­tises d’Alba Infra Part­ners. J’ai pas­sé 8 ans au board de Valo­rem, deve­nu un des plus gros déve­lop­peurs et pro­duc­teurs indé­pen­dants d’énergie verte du mar­ché fran­çais. Nous sommes aus­si action­naires de NEoT Green Mobi­li­ty (NGM) depuis 2021, l’une des deux prin­ci­pales pla­te­formes pan-euro­péenne (elle est fran­çaise) à pro­po­ser des solu­tions de lea­sing pour de la mobi­li­té verte. Pour vous don­ner un exemple concret, grâce à NGM, ce sont déjà 21 000 tonnes de CO2 équi­valent qui ont été évi­tées à ce jour. Nous inté­grons bien évi­dem­ment les cri­tères ESG à toutes les étapes de notre cycle d’investissement.

D’ailleurs, notre approche ESG ne se résume pas à la tran­si­tion éner­gé­tique. Nous inves­tis­sons éga­le­ment dans les infra­struc­tures sociales, notam­ment en France avec des pro­jets comme l’Hôpital Saint-Nazaire, l’université Paris-Dide­rot ou de nom­breux col­lèges. L’infrastructure, ce sont aus­si des pro­jets inno­vants comme Le Centre Natio­nal des Sports de la Défense (CNSD) ou encore l’INSEP, qui à eux deux repré­sentent plus de la moi­tié de nos 139 médailles aux Jeux Olym­piques et Para­lym­piques ! C’est aus­si La Seine Musi­cale, qui contri­bue au rayon­ne­ment de la culture française.

Comment vous projetez-vous sur ce marché ?

Nous sommes très heu­reux sur ce mar­ché du lower mid-cap qui va conti­nuer de béné­fi­cier d’une forte demande, tirée notam­ment par les tran­si­tions éner­gé­tiques et le besoin en infra­struc­tures sociales. Notre pro­jet, c’est de conti­nuer à faire gran­dir nos pro­jets et nos socié­tés en por­te­feuille pour que d’autres fonds large-cap viennent ensuite conti­nuer à les sou­te­nir et en faire les cham­pions paneu­ro­péens de demain.

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