Algonomia autonomise les directions fiscales des multinationales
En 2017, Walid Eljaafari (X10) a cofondé Algonomia, qui propose une solution clés en main afin de permettre aux directions fiscales de gagner en autonomie dans la collecte et l’analyse de leurs données.
Quelle est l’activité d’Algonomia ?
Algonomia est la start-up leader de la numérisation des fonctions fiscales, financières et juridiques des multinationales. Grâce aux solutions SaaS que nous fournissons, nous permettons aux équipes des directions de recentrer leur travail sur le cœur de leur expertise et de reprendre le contrôle sur leurs process internes. Nous créons des algorithmes innovants, combinés à des interfaces ergonomiques construites spécialement pour les professionnels de la fiscalité.
Quel est le parcours des fondateurs ?
J’ai créé Algonomia avec deux associés pour contribuer à la transformation des métiers de la fiscalité. Après avoir étudié les mathématiques et le droit, mon expérience en cabinet d’avocats m’a fait réaliser à quel point les secteurs du droit et de la fiscalité bénéficieraient de nouvelles technologies s’appuyant sur l’algorithmie et la science des données. Mes associés et moi-même avons commencé par plusieurs années d’intrapreneuriat au sein de PwC France, puis nous avons décidé de lancer Algonomia, et ainsi de développer des offres de services en ligne destinées aux professionnels du droit et de la fiscalité.
Comment t’est venue l’idée ?
À l’origine, cela devait prendre la forme d’une thèse sur la question de la concurrence fiscale internationale. Ce projet a avorté pour cause de financement insuffisant, les enjeux n’étant pas encore d’actualité comme c’est le cas aujourd’hui. L’idée est donc née à la suite de ce projet, avec une motivation principalement intellectuelle et une approche mathématique. Je souhaitais mettre les mathématiques au service de l’économie. En créant Algonomia, j’ai voulu modéliser et transformer le droit fiscal en algorithme.
Qui sont les concurrents ?
Notre environnement concurrentiel est déséquilibré vers la comptabilité et le déclaratif. Il existe une variété d’outils pour gérer les problématiques de comptabilité nationale et les déclarations fiscales nationales. En revanche, on constate un vide applicatif béant pour ce qui est de la gestion des problématiques fiscales internationales. Nous nous positionnons exactement pour couvrir ce besoin en modélisation fiscale et gestion de la fiscalité au niveau « groupe ». Notre premier concurrent devrait être l’administration fiscale, car ce serait à elle de publier un code source qui rendrait les règles fiscales plus facilement applicables par les entreprises. Le droit serait en effet mieux servi s’il était exprimé sous la forme d’algorithmes.
Quelles ont été les étapes clés depuis la création ?
Depuis la création en 2017, nous avons établi un partenariat de distribution avec le cabinet d’avocats Deloitte en 2018 et fait l’acquisition de notre premier client historique, le Groupe Renault, puis Alstom en 2019, Schneider Electric et plusieurs autres grands groupes du CAC 40 qui ont choisi de nous faire confiance. Nous avons dû faire grandir l’équipe pour accompagner notre croissance et une autre étape clé a donc été le recrutement d’une dizaine de nouveaux collaborateurs qui nous ont rejoints et ont doublé la taille de l’équipe en une année.
Les directions fiscales sont-elles le parent pauvre de la transformation numérique des entreprises ?
Certaines directions fiscales peuvent être confrontées à des obstacles lors de la transformation numérique des entreprises, tels que la résistance au changement, le manque de compétences techniques, la complexité des systèmes existants et les préoccupations liées à la confidentialité et à la sécurité des données. Cependant, de nombreuses directions fiscales reconnaissent l’importance de la transformation numérique et s’engagent à investir, à former leurs collaborateurs et à collaborer avec les équipes IT. Avec la bonne approche et les investissements adéquats, les directions fiscales peuvent jouer un rôle essentiel dans la transformation numérique et devenir des acteurs essentiels de l’innovation au sein de l’entreprise. Nous avons mené une étude sur la maturité numérique des directions fiscales, en partenariat avec Fidal et l’Edhec, qui montre bien que leur transformation est en marche : https://alll.legal/resource-item/etude-maturite-digitale-directions-fiscales/
Pourtant, tout devrait commencer par un tableau de bord ?
Certes, la mise en place d’un tableau de bord financier est un élément important dans la transformation numérique des directions fiscales. Cependant, cet aspect peut parfois faire l’objet d’une emphase excessive, reléguant d’autres aspects essentiels au second plan. Chez Algonomia, notre véritable problème est de créer des applications dédiées à la simulation qui prennent en compte les subtilités de la matière fiscale. La gestion fiscale est une discipline complexe qui nécessite une compréhension approfondie des réglementations et des spécificités de chaque entreprise. Les tableaux de bord traditionnels peuvent offrir une vue d’ensemble, mais ils peuvent manquer de flexibilité pour prendre en compte ces complexités. Nous pensons qu’ils sont désormais une base établie de la transformation numérique. Notre approche consiste donc à développer des applications spécifiques qui permettent de simuler différents scénarios et de jouer avec les leviers de contrôle. Via des algorithmes sophistiqués et des modèles avancés, nous pouvons prendre en compte les variables fiscales complexes et les particularités de chaque entreprise.
PME ou grands comptes, qui sont les plus intéressants à transformer ?
Nos solutions répondent à des cas d’usage en fiscalité internationale, dont les régulations s’appliquent en particulier aux groupes de plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires. La transformation numérique des grands comptes offre plusieurs avantages potentiels en raison de leur échelle, de leur complexité et de leurs ressources disponibles. Les grands comptes peuvent optimiser leurs opérations, améliorer la collaboration entre les différentes business units, bénéficier d’efficacité opérationnelle accrue et avoir un impact significatif grâce à des initiatives de transformation numérique à grande échelle. Avec des ressources financières, technologiques et humaines plus importantes, les grandes entreprises ont la capacité de mettre en place des équipes dédiées et d’allouer des budgets conséquents pour une transformation réussie.
Les start-up s’enorgueillissent souvent de leur technicité (IA, cloud, etc.) ; ne faudrait-il pas avoir une approche plus axée sur les vrais besoins des utilisateurs ?
La technologie ne doit pas être une fin en soi, mais un moyen de répondre aux besoins des utilisateurs. Une approche centrée sur les besoins des utilisateurs implique de comprendre en profondeur les problèmes, les défis et les désirs des utilisateurs finaux. Cela demande une écoute active, des recherches approfondies, des tests utilisateurs et des itérations pour développer des solutions qui apportent une réelle valeur et répondent aux attentes des utilisateurs. Il est donc essentiel pour les start-up de trouver un équilibre entre leur technologie et les besoins des utilisateurs.
“La technologie ne doit pas être une fin en soi, mais un moyen de répondre aux besoins des utilisateurs.”
Nous avons conscience de l’importance de cette approche centrée sur l’utilisateur. Nous misons sur la multidisciplinarité de notre équipe, qui comprend des experts métier mais aussi en développement, en UX (expérience utilisateur) et en design. Nous pouvons ainsi développer des produits et des services qui non seulement utilisent de puissants algorithmes, mais sont conçus de manière intuitive, agréable à utiliser et répondant aux besoins réels.
Algonomia est labellisée French Tech ; ça veut dire quoi en 2023, French Tech ?
La labellisation French Tech témoigne de la valorisation croissante du secteur technologique français. Nous bénéficions ainsi de la reconnaissance du gouvernement français pour notre rôle dans l’innovation et la transformation numérique. Cette valorisation contribue à renforcer l’image et la réputation du secteur tech français, attirant ainsi l’attention des investisseurs nationaux et internationaux. Dans l’ensemble, cela témoigne de la vitalité de l’écosystème tech français et de la reconnaissance de l’innovation et de la technicité des start-up françaises dans un contexte global compétitif.