Kudakude

Aller ensemble au théâtre avec Kudakude

Dossier : ExpressionsMagazine N°755 Mai 2020
Par Jacques DENANTES (49)

Kuda­kude est une asso­cia­tion née du désir de poly­tech­ni­ciens pas­sion­nés de faire décou­vrir le spec­tacle vivant à tous types de publics. Le théâtre fai­sant naître en cha­cun des émo­tions et réflexions uni­ver­selles, Kuda­kude fait de l’expérience par­ta­gée par les spec­ta­teurs un vec­teur de ren­contres et d’échanges entre ceux qui ne se croisent que très peu au jour le jour.

Florent Facq, le fon­da­teur de Kuda­kude, est un cama­rade de la pro­mo­tion 2011. À l’École où il pré­si­dait le bureau des Arts, il était déjà pos­sé­dé par la pas­sion du théâtre dans lequel il voyait notam­ment un moyen de créer du lien entre des spec­ta­teurs de caté­go­ries sociales et de cultures dif­fé­rentes. Sor­ti dans le corps des Ponts, des Eaux et des Forêts, il a occu­pé dif­fé­rents postes jusqu’en février 2019 où il a été déta­ché par le minis­tère de la Tran­si­tion éco­lo­gique et soli­daire à la SAS pass Culture qui gère le pro­gramme d’attribution d’un cré­dit de 500 € à chaque jeune de 18 ans, en lui don­nant, pen­dant 24 mois, l’accès à une appli­ca­tion visant à ren­for­cer et diver­si­fier ses pra­tiques cultu­relles : spec­tacles vivants, visites, pra­tiques artis­tiques, concerts, ser­vices numériques…

L’intuition fondactrice de Kudakude

La culture est pour lui un vec­teur d’inclusion sociale. En février 2017, avec cinq cama­rades de pro­mo, il a créé Kuda­kude. Allant fré­quem­ment au théâtre, il était frap­pé de l’homogénéité des publics qui, dans une large majo­ri­té, appar­tiennent aux caté­go­ries socio­pro­fes­sion­nelles dites supé­rieures. Sans doute y a‑t-il pour les autres l’obstacle du prix, mais aus­si et sur­tout le sen­ti­ment que « ce n’est pas pour eux ». Pour­tant le spec­tacle vivant traite de valeurs uni­ver­selles : en repré­sen­tant des his­toires d’amour, de séduc­tion, de lutte de pou­voir, d’incidents de la vie com­mune…, il nous fait rire ou pleu­rer ensemble, aus­si diverses que soient nos appar­te­nances, nos ori­gines eth­niques ou nos croyances. C’est pour faire de l’expérience de spec­ta­teur une vraie amorce de ren­contres et de par­tages que Kuda­kude a été créée. L’association pro­pose à des gens qui ne se ren­contrent pas dans la vie cou­rante, d’assister ensemble à un même spec­tacle, et de par­ti­ci­per, avant et après le spec­tacle, à des échanges entre eux et avec les équipes artistiques.

Partager le goût du théâtre

Depuis trois ans, Kuda­kude emmène chaque semaine vingt per­sonnes au théâtre : dix sont des jeunes de quar­tiers sen­sibles, des migrants, des étu­diants en situa­tion de pré­ca­ri­té ou des per­sonnes sans domi­cile fixe recru­tés par l’intermédiaire d’associations par­te­naires qui leur four­nissent un accom­pa­gne­ment social. Les dix autres sont des étu­diants, des actifs ou des retrai­tés, des spec­ta­teurs confir­més ou com­plè­te­ment novices, qui veulent béné­fi­cier de la sélec­tion qu’effectue Kuda­kude dans l’offre théâ­trale fran­ci­lienne et aus­si des échanges orga­ni­sés avant et après chaque repré­sen­ta­tion. Chaque année, d’octobre à mai, ce sont ain­si 40 repré­sen­ta­tions de théâtre, de danse ou de cirque qui sont à l’affiche. Les spec­tacles ont été préa­la­ble­ment sélec­tion­nés par Kuda­kude en lien avec les équipes des théâtres qui sont for­te­ment impli­quées dans la pré­pa­ra­tion des sor­ties afin de four­nir le meilleur accom­pa­gne­ment pos­sible. Le spec­tacle est pro­po­sé à des tarifs très bas pour les membres des asso­cia­tions par­te­naires, le coût des places étant sup­por­té par les spec­ta­teurs qui ont un reve­nu, actifs ou retraités.

Mode d’emploi d’une soirée

Kuda­kude dif­fuse régu­liè­re­ment une news­let­ter qui pré­sente les spec­tacles, donne les dates des repré­sen­ta­tions et invite les asso­cia­tions par­te­naires et les spec­ta­teurs abon­nés à rete­nir des places. Pour chaque repré­sen­ta­tion, le ren­dez-vous est fixé au théâtre trente minutes avant la repré­sen­ta­tion. Le théâtre prête une salle et un membre de l’équipe assure l’animation de la réunion dont le but est de faire connais­sance en par­lant du théâtre et de la pièce. Après la repré­sen­ta­tion, une nou­velle réunion d’une heure per­met d’échanger sur la pièce, d’abord entre ceux qui viennent de la voir, puis avec des acteurs.


La portée universelle du théâtre

C’est ain­si que, suite au spec­tacle Amours de Guillaume Bar­bot au théâtre de la Cité Inter­na­tio­nale, une lycéenne chez qui le spec­tacle a réveillé de nom­breux doutes au sujet du grand Amour a pu deman­der ses moti­va­tions au met­teur en scène. Un couple pré­sent dans le groupe, et tota­li­sant plus de cin­quante ans de mariage et d’amour, s’est tout de suite empa­ré du sujet pour faire part de sa propre expé­rience de vie. C’est plus d’une heure de débats qui a sui­vi, mêlant moments du spec­tacle, émo­tions qu’il avait sus­ci­tées mais éga­le­ment expé­riences de chacun.


De nombreux théâtres partenaires

Kuda­kude est en rela­tion avec une ving­taine de théâtres : La Col­line, L’Odéon, les trois salles du Théâtre de la Ville, Le Mon­fort, le Théâtre Gérard-Phi­lippe à Saint-Denis, la Mai­son de la culture du 93 à Bobi­gny, le Théâtre natio­nal de Chaillot, le Théâtre de l’Épée de Bois à la Car­tou­che­rie… Un membre de l’équipe Kuda­kude va voir les spec­tacles et, pour ceux qui sont rete­nus, il prend contact avec le théâtre pour orga­ni­ser une séance.

Un réseau diversifié de publics

Les publics asso­cia­tifs sont recru­tés grâce à huit asso­cia­tions dont la fonc­tion est d’accompagner dans leurs études ou leur inser­tion sociale des jeunes, décro­cheurs, lycéens ou étu­diants par­mi les­quels elles choi­sissent ceux qu’elles ins­crivent dans chaque spectacle.

Kuda­kude entre­tient par ailleurs un réseau d’abonnés via son site inter­net, sa news­let­ter et ses réseaux sociaux, qu’elle informe de l’ensemble de sa pro­gram­ma­tion et des moda­li­tés de réser­va­tion. Ce réseau est com­po­sé de gens de tous les âges, habi­tués ou non du théâtre, inté­res­sés par les ren­contres avec les autres spec­ta­teurs et le tra­vail de sélec­tion et d’organisation pro­po­sé par Kudakude.

Une équipe diverse

L’association est com­po­sée de quinze béné­voles. On y trouve six X cama­rades de pro­mo­tion de Florent Facq, des anciens de Sciences Po, des étu­diants et aus­si des retrai­tés pas­sion­nés de théâtre. Une assem­blée les réunit tous les deux mois pour échan­ger sur la tra­jec­toire et les par­te­na­riats de l’association et pour dési­gner les binômes qui orga­ni­se­ront cha­cune des sor­ties pré­vues dans la programmation.

Le financement

Pour chaque spec­tacle, le prix des places est cou­vert par ce que paient les spec­ta­teurs abon­nés, actifs ou retrai­tés. Pour les frais de démar­rage et les frais géné­raux, l’association a reçu une sub­ven­tion de la Ville de Paris et une dota­tion de la Fon­da­tion Berger-Levrault.


En ce temps de confi­ne­ment-décon­fi­ne­ment, Kuda­kude vous invite à consul­ter son site (www.kudakude.org) dans lequel il pro­pose chaque semaine une sélec­tion des meilleures pièces à décou­vrir en vidéo. 

Vous y trou­ve­rez aus­si la pos­si­bi­li­té de vous ins­crire à sa news­let­ter qui, lorsque ce temps sera ter­mi­né, vous infor­me­ra sur les spec­tacles choi­sis par Kudakude. 


Retrou­vez tous les articles de la rubrique Agir en société

Poster un commentaire