Allier sciences et patrimoine
Au lycée, je faisais partie de ces bons élèves capables de comprendre des matières scientifiques, mais j’étais aussi très motivée par d’autres champs, comme les arts, la musique ou les sciences naturelles.
J’ai suivi la voie « royale » de la prépa M’, plutôt pour reculer l’échéance du choix que par passion des maths ou de la physique.
De la chimie à l’histoire de l’art
Mes meilleurs souvenirs de prépa correspondent à l’ambiance de camaraderie. Quelques documentaires à la télévision sur des restaurations de peintures m’ont fait rêver. Sans véritablement me figurer à quoi correspondaient ces métiers, j’y voyais une direction attirante.
Ma première déception à l’X a été de constater qu’il fallait encore beaucoup travailler les matières fondamentales si l’on voulait se distinguer.
Là, je n’étais plus d’accord. J’aspirais à davantage d’applications. C’est probablement pour cette raison que je me suis tournée vers les enseignements de chimie. Quant aux cours d’histoire de l’art et de peinture d’Hervé Loilier, c’était une vraie bouffée d’oxygène.
Sciences des matériaux et manuscrits anciens
Très vite, la voie du doctorat s’est imposée. J’ai choisi le domaine des sciences des matériaux car il pouvait offrir une ouverture vers l’analyse d’objets d’art. J’ai parallèlement effectué une licence d’histoire de l’art pour voir autre chose.
À l’issue de ma thèse, pour des raisons familiales, j’ai rejoint l’université de La Rochelle, nouvellement créée, sur un poste de maître de conférences, et j’ai été affectée à un laboratoire de recherche sur les phénomènes de corrosion (aujourd’hui Laboratoire des sciences de l’ingénieur pour l’environnement, LaSIE).
J’y ai entamé des recherches sur les phénomènes d’altération des manuscrits anciens par les encres ferrogalliques.
Il n’était pas question de corrosion métallique mais de dégradation de papiers provoquée par des encres très corrosives à base de fer. Je suis revenue à Paris en 2005 au Muséum national d’histoire naturelle, dans le Centre de recherche sur la conservation et ai récemment été reçue professeur du Muséum.
Comprendre les matériaux fossiles
Au cours de mes études, j’avais initialement imaginé travailler à l’analyse scientifique d’œuvres d’art. Assez vite, je me suis rendu compte que les problèmes d’identification, d’authentification ou de datation ne représentaient qu’une partie des problèmes soulevés en conservation du patrimoine.
“ Comprendre les mécanismes d’altération des collections paléontologiques pour mieux y remédier ”
Mon travail actuel vise à comprendre les mécanismes d’altération des spécimens des collections paléontologiques pour mieux y remédier.
Cela nécessite une bonne connaissance des matériaux fossiles et de leur comportement en fonction de différents facteurs (air, humidité, pollutions, lumière, etc.).
Choisir un sens
Si je devais transmettre un message, ce serait de ne pas choisir une voie « parce qu’on y gagne bien sa vie », ou « parce qu’il y a des débouchés », mais tout simplement parce qu’elle a un sens.
En illustration : Fossile altéré par des efflorescences blanches de sulfates de fer II (rozénite et szomolnokite). Spécimen MNHN.F.6888, Hymenophyllites semialatus, Ruet de Tavernay (Saône-et-Loire, France).
A lire : Véronique Rouchon, une vie pour le patrimoine, par Pierre Laszlo dans La Jaune et la Rouge n° 710, Décembre 2015.
Liste des publications de Véronique Rouchon