ALTEO : l’innovation au service du développement durable
Installée à Gardanne, dans les Bouches-du- Rhône, l’usine de fabrication d’alumine fut la première à utiliser le procédé de l’ingénieur Bayer dans le monde.
Après avoir appartenu successivement à Pechiney, Alcan puis Rio Tinto, elle est désormais sous la coupe du groupe Alteo depuis le 1er août 2012. « Elle est un modèle d’innovation pour toutes ses consœurs en Asie, Afrique et en Amérique », note Eric Duchenne.
« De nombreux investissements y ont été réalisés ces dernières années pour améliorer le système de production (équipements de broyage et de stockage, mise en place du lean management). »
600 000 TONNES D’ALUMINE
Produisant plus de 600 000 tonnes d’alumine, Alteo met à disposition de sa clientèle un large portefeuille de produits. « Nous nous sommes diversifiés dans les alumines de spécialité à haute valeur ajoutée », confie le directeur.
EN DIX ANS, L’INDUSTRIE MONDIALE A RECYCLÉ 2 % DE SES DÉCHETS, NOTRE USINE PRÈS DE 10 %. NOTRE AMBITION EST D’ATTEINDRE LES 30 À 40 % DE VALORISATION ET DANS QUELQUES ANNÉES LES 100 %.
« Nous retrouvons nos produits dans des pots catalytiques, dans des verres spéciaux, dans des isolants de bougies, dans des écrans de téléphone, dans la pâte de dentifrice, dans des batteries de lithium.
À partir d’un million de tonnes de bauxite exportée des carrières guinéennes, notre groupe fabrique plus de 500 produits différents pour plus de 400 clients, sur près de 600 sites dans le monde. »
Toujours au service de sa clientèle, Altéo fait de la haute couture, du sur-mesure. « Pour répondre aux besoins de nos clients, nous accompagnons leurs efforts R&D et nous allons jusqu’à leur proposer différents types d’hydrates (trioxyde d’aluminium), d’alumines calcinées (standard et basse teneur en soude), broyées et super broyées », ajoute le directeur, Éric Duchenne.
Depuis maintenant quelques années, Altéo exporte 90 % de ses produits. « La part des ventes hors Europe a augmenté de 150 % en 5 ans. Pour soutenir ce développement dans les zones à plus forte croissance, Alteo a mis en place trois grands hubs régionaux et 14 bureaux commerciaux en Europe, en Amérique du Nord et en Asie.
Pour réduire les délais de livraison, Alteo a créé des stocks de proximité dans les principaux pays de ses clients. »
ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Composés d’oxyde de fer (d’ou leur couleur rouge), d’oxyde de titane, d’oxyde d’aluminium, de silice ainsi qu’une faible proportion de métaux (chrome et vanadium principalement), les résidus de bauxite deviennent une ressource environnementale et économique. Ils peuvent être utilisés comme couverture de décharge de déchets ménagers, comme matériaux de construction ou comme produit décontaminant.
Les filières les plus prometteuses seront analysées pour être mises en œuvre par Alteo. Alteo estime son gisement de résidus de bauxite disponible à terre à 400 000 tonnes en moyenne chaque année. Avec l’aide de partenaires industriels, de chercheurs, de son service de recherche et développement, il compte aller bien plus loin. D’ici quelques années, le groupe espère valoriser 100 % de ses résidus de bauxite.
MAIS QUOI FAIRE DES RÉSIDUS !
Depuis quelques années, Alteo s’engage pour réduire l’impact de ses activités sur l’environnement. Depuis 2015, le groupe ne rejette plus ses résidus de bauxite en mer. « Environ 30 ans d’études poussées ont été nécessaires pour s’assurer de l’innocuité du rejet.
Grâce à de nombreux investissements, nous avons complètement intégré dans nos procédés de fabrication la gestion des boues. Nous continuons d’ailleurs à innover dans ce domaine ! »
À défaut d’être rejetés en mer, les résidus de bauxite sont stockés sur le site de Gardanne. « La R&D Alteo, comme d’autres laboratoires dans le monde, a exploré de nombreuses pistes pour leur valorisation », précise Eric Duchenne.
« Nous nous sommes d’abord tournés vers des solutions fortement consommatrices en matériaux. Nos résidus sont utilisés comme couverture de décharge de déchets ménagers ou comme soubassements routiers. »
Toutefois, les débouchés restent encore limités. « Pour des questions de coût de transport, nous ne pouvons pas livrer nos résidus à plus de cinquante kilomètres à la ronde. » En concurrence avec de nombreuses entreprises, Alteo, des universitaires, des start-up ont cherché d’autres pistes dans la dépollution, dans les matériaux de construction, dans les tuiles, dans les pots de fleurs, dans la déphosphatation…
« Soutenus par l’Europe, nous collaborons avec l’école des Mines, avec l’école centrale de Lyon, l’université de Nice. Nous avons désormais besoin de partenaires industriels pour mettre sur le marché de nouveaux produits. Il est important de trouver, croiser nos idées et de vérifier la faisabilité de nos recherches. »
D’ici là, Eric Duchenne espère une évolution dans la réglementation des déchets. « La législation enferme les producteurs des déchets dans une impasse. Elle ne permet pas leur vente, leur transport. Difficile donc de faire du business dans ces conditions !
Pourtant, le législateur avait la volonté d’encourager l’économie circulaire. Mais cette législation reste encore une simple déclaration d’intérêt général ! Or si l’on ne facilite pas les initiatives privées, la planète risque d’être une décharge à ciel ouvert. »
RÉDUCTION D’ÉMISSION D’AZOTE DANS LE CIEL
L’usine de Gardanne a entièrement supprimé les émissions de SO2 (dioxyde de soufre) dans l’atmosphère grâce à un changement de combustible. Elle a réduit de 25 % les émissions de CO2 (gaz carbonique) en 10 ans grâce à des optimisations énergétiques.
Émis par la combustion des fours, les NOx (oxyde d’azote) ont été réduits de 50 % sur le site. « Nous continuerons à travailler pour respecter le seuil des rejets azotés », confie Éric Duchenne. À noter que l’usine de Gardanne veut baisser sa consommation énergétique d’1 % par an.
100 % DE VALORISATION DE NOS DÉCHETS
CHIFFRES CLÉS
600 000 tonnes d’alumine
200 millions d’euros
650 clients
1000 points de livraison
500 salariés
Malgré tout, Alteo ne perd pas espoir, le groupe continue à croire à sa politique de développement durable. « En dix ans, l’industrie mondiale a recyclé 2 % de ses déchets, notre usine près de 10 % », explique Éric Duchenne. « Notre ambition est d’atteindre les 30 à 40 % et dans quelques années les 100 % de valorisation.
Nous misons sur plusieurs solutions et non sur une solution miracle ! Plusieurs options sont d’ailleurs déjà envisagées : soit un site de traitement dédié aux résidus de bauxite, soit un établissement acceptant d’autres résidus minéraux. »
À moins que le groupe Alteo ne fasse le choix de gérer directement une filière de production.