André Aurengo (X67), médecin et chercheur mondialement connu
Décédé le 6 mai 2024, André Aurengo a consacré sa vie à la médecine, en se spécialisant dans l’étude des effets des rayonnements ionisants et non ionisants sur la santé.
Né à Neuilly-sur-Seine le 4 avril 1949, André Aurengo, membre de l’Académie de médecine et de l’Académie des technologies, vient de nous quitter à 75 ans après une longue et cruelle maladie qui l’avait progressivement réduit au silence. À sa sortie de l’École polytechnique, il commença des études de médecine, le conduisant à devenir un des meilleurs spécialistes mondiaux de médecine nucléaire. Disciple du grand Maurice Tubiana, il a enseigné la médecine nucléaire à la Pitié-Salpêtrière. Enseignant remarquable, il a écrit le livre de référence sur la biophysique pour les médecins. Très aimé de ses étudiants, il savait réveiller l’attention de son auditoire par des facéties, comme de laisser dériver son discours jusqu’à l’obtention d’une stupéfaction générale.
Un citoyen exemplaire
Médecin dévoué, il a soigné des dizaines d’enfants ukrainiens pour les cancers de la tyroïde résultant de l’accident de Tchernobyl. Très attentif aux autres, il lui est arrivé de diagnostiquer la maladie et de soigner un serveur de restaurant au comportement inhabituel. André Aurengo a été président du Conseil supérieur d’hygiène publique de France (CSHPF). Il a été membre du conseil d’administration d’EDF (représentant l’État français). Il a participé à titre bénévole aux conseils scientifiques de Bouygues Telecom et de l’Association française des opérateurs mobiles (Afom).
De 2005 à 2007, il est président de la Société française de radioprotection (SFRP). Scientifique et citoyen intègre, il a toujours défendu ce que la science disait, sur les rayonnements ionisants, sur les rayonnements électromagnétiques, sans se préoccuper de ce que les médias voulaient entendre, et en ne reconnaissant aucune autre autorité que celle de la science. Mais comme médecin il était à l’écoute du ressenti des patients, même si la science n’apportait pas de réponse.
Un défenseur de la science
Avec son humour et son point de vue décalé, il disait jeune étudiant en médecine : « Un cerveau c’est très complexe. On m’aurait demandé d’en concevoir un, je ne m’y serais pas pris comme ça. » Ironie du sort, c’est une cruelle maladie neurodégénérative qui nous a privés ces dernières années de son intelligence aiguë des problèmes, et de son courage à dire clairement ce qui doit être dit, fût-ce à contre-courant. Il partageait les valeurs et l’engagement de l’Afis (Association française pour l’information scientifique) et a été membre de son comité de parrainage. Il donnait sans compter de son temps pour porter devant le public les acquis et les limites de la science.
Il a quitté ce monde qui lui ressemblait si peu, entouré des siens dans sa maison de Bretagne. Sa mort nous prive de sa parole toujours claire et juste, de son sourire bienveillant pour tous et de sa parole, critique implacable du mensonge. Mais sa mémoire restera chez ceux qui ont à cœur le bien du pays et la défense des valeurs des Lumières. Pour certains d’entre nous il était un ami, pour tous il peut être un modèle.