André Aurengo (X67) médecin et chercheur mondialement connu

André Aurengo (X67), médecin et chercheur mondialement connu

Dossier : TrajectoiresMagazine N°798 Octobre 2024
Par Yves BRÉCHET (X81)
Par Jacques HENRY (X67)

Décé­dé le 6 mai 2024, André Auren­go a consa­cré sa vie à la méde­cine, en se spé­cia­li­sant dans l’étude des effets des rayon­ne­ments ioni­sants et non ioni­sants sur la santé.

Né à Neuilly-sur-Seine le 4 avril 1949, André Auren­go, membre de l’Académie de méde­cine et de l’Académie des tech­no­lo­gies, vient de nous quit­ter à 75 ans après une longue et cruelle mala­die qui l’avait progres­sivement réduit au silence. À sa sor­tie de l’École poly­tech­nique, il com­men­ça des études de méde­cine, le condui­sant à deve­nir un des meilleurs spé­cia­listes mon­diaux de méde­cine nucléaire. Dis­ciple du grand Mau­rice Tubia­na, il a ensei­gné la méde­cine nucléaire à la Pitié-Sal­pê­trière. Ensei­gnant remar­quable, il a écrit le livre de réfé­rence sur la bio­phy­sique pour les méde­cins. Très aimé de ses étu­diants, il savait réveiller l’attention de son audi­toire par des facé­ties, comme de lais­ser déri­ver son dis­cours jusqu’à l’obtention d’une stu­pé­fac­tion générale. 

Un citoyen exemplaire

Méde­cin dévoué, il a soi­gné des dizaines d’enfants ukrai­niens pour les can­cers de la tyroïde résul­tant de l’accident de Tcher­no­byl. Très atten­tif aux autres, il lui est arri­vé de diag­nos­ti­quer la mala­die et de soi­gner un ser­veur de res­tau­rant au com­por­te­ment inha­bi­tuel. André Auren­go a été pré­sident du Conseil supé­rieur d’hygiène publique de France (CSHPF). Il a été membre du conseil d’administration d’EDF (repré­sen­tant l’État fran­çais). Il a par­ti­ci­pé à titre béné­vole aux conseils scien­ti­fiques de Bouygues Tele­com et de l’Association fran­çaise des opé­ra­teurs mobiles (Afom).

De 2005 à 2007, il est pré­sident de la Socié­té fran­çaise de radio­pro­tec­tion (SFRP). Scien­ti­fique et citoyen intègre, il a tou­jours défen­du ce que la science disait, sur les rayon­ne­ments ioni­sants, sur les rayon­ne­ments élec­tro­ma­gné­tiques, sans se pré­oc­cu­per de ce que les médias vou­laient entendre, et en ne recon­nais­sant aucune autre auto­ri­té que celle de la science. Mais comme méde­cin il était à l’écoute du res­sen­ti des patients, même si la science n’apportait pas de réponse.

Un défenseur de la science

Avec son humour et son point de vue déca­lé, il disait jeune étu­diant en méde­cine : « Un cer­veau c’est très com­plexe. On m’aurait deman­dé d’en conce­voir un, je ne m’y serais pas pris comme ça. » Iro­nie du sort, c’est une cruelle mala­die neu­ro­dé­gé­né­ra­tive qui nous a pri­vés ces der­nières années de son intel­ligence aiguë des pro­blèmes, et de son cou­rage à dire clai­re­ment ce qui doit être dit, fût-ce à contre-cou­rant. Il par­ta­geait les valeurs et l’engagement de l’Afis (Asso­cia­tion fran­çaise pour l’information scien­ti­fique) et a été membre de son comi­té de par­rai­nage. Il don­nait sans comp­ter de son temps pour por­ter devant le public les acquis et les limites de la science.

Il a quit­té ce monde qui lui res­sem­blait si peu, entou­ré des siens dans sa mai­son de Bre­tagne. Sa mort nous prive de sa parole tou­jours claire et juste, de son sou­rire bien­veillant pour tous et de sa parole, cri­tique impla­cable du men­songe. Mais sa mémoire res­te­ra chez ceux qui ont à cœur le bien du pays et la défense des valeurs des Lumières. Pour cer­tains d’entre nous il était un ami, pour tous il peut être un modèle. 

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