Antidote
Le port de la hache est-il de rigueur lorsque l’on visite le jardin d’une amie ? Pourquoi votre épouse vient-elle d’acheter deux kilos de fleurs séchées ? Qu’est-ce qu’un toumou ?
En 1994, lorsque nous rêvions tous d’intégrer une grande école, Sophie Lamarche rêvait qu’elle était une suite convergente. En 2002, Sophie Lamarche-Demange nous livre un surprenant recueil de nouvelles qui prouve, si besoin était, que sa place est bien parmi nous et non dans l’univers homonyme des suites, fussent-elles convergentes.
Notre camarade, issue de la promotion 94, possède le talent rare des Marcel Aymé, Dino Buzzati et Italo Calvino : elle raconte des histoires, inoubliables. Oh ! les situations décrites dans chacune de ces dix nouvelles n’ont a priori rien de bien neuf. Ayut est l’un de ces éternels pourfendeurs de dragons ; Suzanne cache son amant dans son placard. Cependant, avec légèreté et ironie, Sophie perturbe ces suites qui semblaient monotones et nous piège dans des univers tour à tour chaotiques (Dame Suzeraine et le Chanteur, en quatre tableaux), déroutants (Le Chemin des Jonquilles), oppressants (Notre Nouvelle Vie) ou lumineux (Géo).
Antidote, de Sophie Lamarche-Demange, nous offre dix petites nouvelles et de nombreuses heures de rêveries, peuplées de statues jalouses et de cartons trop bien alignés.