Anton Bruckner : Symphonie N° 4 « Romantique »
Les symphonies d’Anton Bruckner ont été composées entre 1863 et 1896. Tous les musiciens de cette époque, en Allemagne comme en France, n’ont pas été influencés par Wagner. Mais Bruckner, lui, contrairement à Brahms par exemple, a pris clairement le parti du Wagnérisme.
Ce compositeur autrichien laisse à sa mort uniquement une dizaine de symphonies (seules neuf sont officiellement numérotées, comme chezBeethoven , Schubert, Dvorak, Mahler). Ses symphonies, toutes sur la même structure en quatre mouvements (héritée de Haydn, Mozart et Beethoven), développent une orchestration wagnérienne assez impressionnante.
Des œuvres monumentales, puissantes, structurées. La Quatrième Symphonie, dite « Romantique », composée en 1874, est une des plus belles et des plus accessibles. L’Autrichien Anton Bruckner, organiste et catholique engagé, n’est pas un compositeur romantique.
Quand on compare sa vie, sa carrière, elles n’ont n’a rien à voir avec ce qu’ont vécu Schumann, Chopin, Liszt et même Wagner. Mais pour cette symphonie, Bruckner s’est astreint à décrire un programme qui a tous les marqueurs du romantisme ; jugez plutôt comment Bruckner explique l’appel de cor initial : « Ville médiévale, à l’aube. Depuis les tours de la ville retentissent les appels… »
Accentus se lance dans la publication en DVD et Blu-Ray, toutes enregistrées en juin 2010 sous la direction de Daniel Barenboïm, des « symphonies de la maturité » de Bruckner. Cela nous privera donc des trois premières symphonies, pourtant plus anciennes de quelques années seulement, ouvertement wagnériennes (la troisième est même dédiée à Richard Wagner), mais aussi des deux symphonies de jeunesse, numérotées 0 (parfois jouée et enregistrée) et 00 (très rarement jouée, et pourtant intéressante).
Barenboïm dirige la Staatskapelle Berlin, l’orchestre de l’Opéra le plus important de la ville. Orchestre et opéra sont dirigés depuis vingt ans par Barenboïm, après entre autres Spontini, Richard Strauss , Clemens Krauss, Erich Kleiber, Herbert von Karajan.
C’est l’un des orchestres les plus anciens du monde (XVIe siècle). Quelle chance a la ville de Berlin d’avoir tant d’orchestres de ce niveau international : citons au moins l’Orchestre philharmonique de Berlin, naturellement, dirigé par Sir Simon Rattle, le Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, anciennement Orchestre de la RIAS (Rundfunk im Amerikanischen Sektor, la radio du secteur américain de Berlin- Ouest !) et cette Staatskapelle de Berlin.
On y reconnaît d’ailleurs des musiciens qui ont joué précédemment au Philharmonique (tuba, contrebasse…). Les cuivres (cors, trompettes, trombones et tuba) sont phénoménaux, y compris dans la douceur, comme, par exemple, l’appel du cor initial des premiers et derniers mouvements.
Le son enregistré dans la salle de la Philharmonie, salle utilisée souvent par l’orchestre lorsqu’il n’est pas dans la fosse de l’Opéra, est superbe.
Barenboïm a disposé son orchestre de façon originale, les cordes graves, violoncelles et contrebasses, étant placées derrière les premiers violons à gauche, les cuivres et les bois au centre, laissant seuls les seconds violons et les altos sur la droite.
Barenboïm dirige par cœur (une prouesse compte tenu de la richesse d’une telle partition) avec une grande économie de geste (parfois même une extrême économie) ce qui traduit un très long temps de préparation et de répétition. La tension est toujours soutenue, culminant probablement dans un finale d’une puissance incroyable.
Parfaitement filmée (préférez le Blu-Ray, on y voit comme au concert !) et enregistrée, cette production donne envie de voir vite les publications suivantes (La Sixième Symphonie est également parue, Accentus 102176).